03/06/2021

Christian Proust, Oser s'impliquer pour transformer la démocratie. Des collectifs citoyens passent à l'acte

Christian Proust, Oser s'impliquer pour transformer la démocratie. Des collectifs citoyens passent à l'acte, Rue de l'Échiquier, 3 juin 2021, 300 pages, 25 euros. EAN : 9782374252704

 
 
Présentation de l'éditeur. « Du projet à la réalité : comment des listes citoyennes et participatives se sont engagées dans la vie locale et renouvellent les pratiques politiques.

Dans son Guide pour Oser s’impliquer dans la vie politique locale (Rue de l’échiquier, 2018 et 2019), Christian Proust avait su relever un défi : donner aux Français les clés pour se lancer eux-mêmes en politique et favoriser ainsi l’émergence de listes participatives aux élections locales, en particulier lors des municipales 2020. Face aux pratiques souvent déprimantes du monde politique, quoi de mieux pour lutter contre la lassitude des citoyens que leur donner envie de passer à l’action ?

Ce « tome 2 » met en lumière « ceux qui ont osé », leur démarche depuis la réunion d’un noyau de quelques volontaires jusqu’à leur élection… ou leur non-élection. Ayant recueilli leurs témoignages, Christian Proust raconte l’histoire de 14 listes citoyennes et participatives : leur cheminement pour s’entendre sur les valeurs, pour bâtir leur projet, développer la notoriété d’un collectif, identifier la liste de candidats, désigner la tête de liste, organiser la campagne, créer des alliances d’entre-deux tours… ou pas. Dans une deuxième partie, l’auteur relate de façon détaillée le parcours de cinq de ces listes, qui ont gagné les élections, dans cinq communes de tailles différentes. En fin d’ouvrage, des fiches pratiques présentent des outils issus de l’éducation populaire pour agir et décider ensemble ». 

13/01/2021

Damien Marie et Fabrice Meddour, Après l’Enfer. T. 2, « Le Bayou d’Oz », Grand Angle, 13 janvier 2021, 64 pages, 14,91 €. ISBN : 978-2-81896-856-7

 

Présentation de l’ouvrage. « Pour Alice et Dorothy, l’âpre réalité du Sud vaincu est un conte noir à mille lieues d’Oz et du pays des merveilles…

La guerre de Sécession terminée, trois confédérés démobilisés reviennent sur leurs terres exsangues. De leur rencontre avec Alice et Dorothy va naître l’espoir de se reconstruire autour d’un même but : retrouver le trésor du Sud spolié par ces mystérieux douze soudards à la traîne des troupes de Sherman et menés par la Reine et le Chapelier. Le petit groupe s’enfonce dans le bayou d’Oz où la frontière entre la vie et la mort se délite... ».

   

 

« Le Jardin d’Alice » avait été publié en juin 2019 (voir la recension sur ce même site). Un an et demi après, voici le second volet d’Après l’Enfer. Cette suite s’inscrit dans le même contexte : il n’y a aucun rupture chronologique. Les deux héroïnes, Dorothy et Alice, vivent les mois qui suivent la fin de la guerre de Sécession dans la douleur, après avoir tout perdu. Dans le même temps, trois anciens soldats confédérés reviennent dans le Sud : au poids de la défaite s’ajoute celui de la dévastation de leur région. Les cinq protagonistes finissent par se rejoindre. Ils partagent ainsi une destinée commune, au moins pendant un temps, et tentent de survivre sinon de commencer à se reconstruire en trouvant quelques repères. Aux trois soldats perdus répond le couple des deux filles : Alice, la plus jeune, s’est réfugiée en elle-même, protégée par sa grande sœur de circonstance.
Le prénom ne doit rien au hasard : les auteurs ont repris celui du personnage central d’Alice au pays des Merveilles (Alice’s Adventures in Wonderland, juillet 1865). La coïncidence ne s’arrête pas là. L’ouvrage paraît en effet trois mois après la fin de la guerre de Sécession, avec la reddition du général Lee au terme de la bataille d’Appomattox (9 avril 1865). Mais la suite de l’ouvrage est intitulé De l’autre côté du miroir (Through the Looking-Glass, and What Alice Found There, 1871), analogie avec l’état dans lequel se trouve Alice dans la présente bande dessinée.
Les auteurs ont ajouté une référence explicite dans le second tome [1] : celui du magicien d’Oz (The Wonderful Wizard of Oz, 1900), écrit par Lyman Frank Baum. Mais la situation que vit les cinq personnages, et les deux filles en particulier, sont évidemment à l’opposé de ces deux ouvrages. Au fantastique répondent les traumatismes et la peur. Car le groupe est poursuivi par une douzaine de Nordistes : tous convoitent le trésor de la Confédération. Ils s’enfoncent dans le bayou, ce qui ajoute encore à l’atmosphère pesante de l’intrigue. Un autre élément intervient : celui de la culture vaudou. Et on ne sait plus si l’on est encore dans le réel ou dans un autre univers, « de l’autre côté du miroir ».

Le récit très tendu prend le lecteur de la première à la dernière page, avec un dessin et des couleurs qui rendent particulièrement bien compte de cette atmosphère très particulière. Le jeu subtil entre des mondes parallèles lui fait perdre ses propres repères. Au fil des pages, on peut ressentir un certain mal-être, infime partie de celui qui pèsent sur les personnages.


Notes

[1] La bande dessinée se conclut par un dossier documentaire qui permet d’aller au-delà des vignettes, en explicitant justement les choix et les intentions des auteurs.

11/11/2020

Raphaëlle Branche, Papa, qu'as-tu fait en Algérie ? Enquête sur un silence familial, éd. La Découverte, 3 sept. 2020, 512 p. 25 €. ISBN : 9782707198785

Présentation de l'éditeur. « De 1954 à 1962, plus d’un million et demi de jeunes Français sont partis faire leur service militaire en Algérie. Mais ils ont été plongés dans une guerre qui ne disait pas son nom. Depuis lors, les anciens d’Algérie sont réputés n’avoir pas parlé de leur expérience au sein de leur famille. Le silence continuerait à hanter ces hommes et leurs proches. En historienne, Raphaëlle Branche a voulu mettre cette vision à l’épreuve des décennies écoulées depuis le conflit.

Fondé sur une vaste collecte de témoignages et sur des sources inédites, ce livre remonte d’abord à la guerre elle-même : ces jeunes ont-ils pu dire à leur famille ce qu’ils vivaient en Algérie ? Ce qui s’est noué alors, montre Raphaëlle Branche, conditionne largement ce qui sera transmis plus tard. Son enquête suit ensuite les métamorphoses des silences et des récits jusqu’à nos jours. Elle pointe l’importance des bouleversements qu’a connus la société française et leurs effets sur ce qui pouvait être dit, entendu et demandé dans les familles à propos de la guerre d’Algérie. Elle éclaire en particulier pourquoi, six décennies après la fin du conflit, beaucoup d’enfants ont toujours la conviction qu’existe chez leur père une zone sensible à ne pas toucher.

Grâce à cette enquête, c’est plus largement la place de la guerre d’Algérie dans la société française qui se trouve éclairée : si des silences sont avérés, leurs causes sont moins personnelles que familiales, sociales et, ultimement, liées aux contextes historiques des dernières décennies. Avec le temps, elles se sont modifiées et de nouveaux récits sont devenus possibles. 

Prix Augustin Thierry 2020 ».

 

04/11/2020

Tore Rørbæk (sc.), Mikkel Sommer (ill.), Shingal, La Boîte à bulles, 4 nov. 2020, 176 pages, 20 €, 112 pages. EAN 9782849533789


Présentation de l’éditeur. « En août 2014, L’État islamique attaque le peuple Yézidis dans la région montagneuse de Shingal, et perpétue un véritable massacre dans cette région au nord-ouest de l’Irak. Asmail, son frère Mazlum et leurs familles sont des leurs. Comme nombre d’autres Yézidis, ils vont devoir fuir vers ce refuge ancestral que sont les montagnes de Shingal et lutter pour la survie de leurs familles et de leur peuple...

Si la crise humanitaire qui a découlé de cette tragédie est relativement connue de tous, de nombreuses zones d’ombre persistent quant aux éléments qui ont conduit au génocide et à l’exode de toute une population.
Tout au long de cet album, Tore Rørbæk et Mikkel Sommer donnent corps à un peuple méconnu, victime de la barbarie, et tentent de faire la lumière sur ces éléments souvent passés sous silence... ».

  Les montagnes du Shingal correspondent à ce que l’on connaît plus communément en France (et en Occident, semble-t-il) sous le nom des monts Sinjar (ou Sindjar). Ces reliefs et se situent au nord de la ville de Sinjâr, et font partie de la province de Ninive (ville prestigieuse à l’époque antique) dont le chef-lieu est Mossoul. Nous sommes donc presque tout au nord de l’Irak, au contact de la Syrie.

Le région est habitée par une ethnie minoritaire irakienne : les Yézidis. La majorité d’entre eux se trouve en Irak, mais il existe une diaspora qui s’est dispersée un peu partout en Europe, notamment la Russie.
Ce peuple kurdophone et monothéiste a la particularité de ne pas être musulman. Il pratique le yézidisme, dont le personnage emblématique est l’« ange-paon » (Malek Taous), l’un des sept anges.
Minorité au sein du monde musulman, les Yézidis ont parfois fait l’objet de persécutions sanglantes, résultat de leur résistance pour préserver leur culture et leur identité.
Au début du mois d’août 2014, la population est menacée par l’avance de l’État islamique en Irak et au Levant (Da’ech), profitant du chaos syrien et irakien. Mossoul est déjà tombée en juin. L’exode des Yézidis est inéluctable après la chute de Sinjâr, mais des centaines d’entre eux sont massacrés ou capturés et réduits en esclavage. Le caractère systématique des massacres inclinent plusieurs organisations (dont l’ONU et la FIDH) à parler de « crime contre l’humanité » et de « génocide ».
Des milliers de Yézidis restent bloqués dans les montagnes du Sinjar, et ne sont sauvés par des opérations des milices kurdes et les raids aériens de la coalition internationale, malgré le retrait des Peshmergas.

Tore Rørbæk a écrit de nombreux articles pour des journaux danois, et s’est spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient. Mikkel Sommer est illustrateur ; il a produit des dessins pour des titres américains, et s’est lancé dans la bande dessinée depuis 2014. Pour aider à entrer dans l’histoire brutale des faits, les auteurs ont créé des personnages fictifs inspirés de la réalité, à savoir Asmail et son frère Mazium. Ils ont cependant pris le temps de rappeler l’histoire du peuple yézidi et la géographie du Shingal, ce qui n’est pas le moindre intérêt de cet album. Cela permet également de mieux comprendre les enjeux de la région, sans que soit évoqué, cependant, le contexte syrien et irakien. On pourra le regretter, mais il suffira de se documenter pour en savoir davantage, car l’objectif des auteurs est à la fois de (re-)mettre en lumière les massacres d’août 2014 (passablement oubliés, au mieux, sinon ignorés en Occident). On saisit d’ailleurs la précarité qui est l’une des grandes caractéristiques du peuple yézidi, quelle que soit la période de l’Histoire, et on comprend alors que sa capacité de résistance s’inscrit dans le temps. Cela tient peut-être à une certaine relativité : les massacres de 2014 n’ont pas été les premiers ; ils ne sont pas les derniers. Les auteurs en rappellent un, qui s’est déroulé en 1892, avec la tentative d’islamisation lancée par un général ottoman, Osman Pacha. Ils rappellent également que la montagne est leur principale protectrice.

Matteo Mastragostino (sc.), Paolo Vincenzo Castaldi (ill.), Vann Natt. Le peintre des Khmers rouges, La Boîte à bulles, 4 nov. 2020, 176 pages, 22 €, 128 pages. EAN 9782849533796


Présentation de l’éditeur. « En 1978, alors qu’il est encore un tout jeune peintre, Vann Nath est arrêté par les Khmers rouges. Accusé de violation du code moral, il est enfermé à la tristement célèbre prison de Tuol Sleng, plus connue sous le nom de S-21.
Dès lors, la peinture deviendra pour lui synonyme de survie puisqu’il sera réquisitionné, comme bon nombre d’artistes et artisans cambodgiens, afin de mettre son talent au service de la dictature.
À travers ce récit, l’on découvre les racines de l’art de Vann Nath, pour qui peindre est devenu, à sa libération, un devoir de mémoire et d’hommage aux victimes du régime de Pol Pot.
Au-delà de sa portée biographique, cet ouvrage présente le combat mené par le peintre pour que les crimes de ses bourreaux ne demeurent pas inconnus de tous.
Un album aussi passionnant que percutant... ».

20/10/2020

Fabrice Bourrée, Retracer le parcours d’un résistant. Guide d’orientation dans les fonds d’archives , éd. Archives & Culture, coll. « Guides de généalogie », 15 oct. 2020, 111 p., 13 €. ISBN : 9782350773650

Présentation de l’éditeur. « Retracer le parcours d’un résistant ou d’un Français libre (Guide d’orientation dans les fonds d’archives).

Sur la Résistance, née de façon spontanée hors des cadres politiques, militaires ou syndicaux traditionnels et par définition clandestine, les fonds documentaires sont aussi dispersés et multiples que les parcours individuels l’ont été.

Les premiers dossiers de résistants constitués à la Libération, consultables au Service historique de la Défense, étaient ceux de « l’homologation » de services par le ministère des Armées. Mais seuls étaient pris en compte les engagements se rapprochant de ceux des combattants réguliers.

En 1949 est créé le titre de Combattant volontaire de la Résistance attribué par le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre, sur des critères plus vastes et sur la foi de plusieurs témoignages. Les dossiers correspondants sont conservés dans les services d’archives départementales.

Les fonds émanant des forces du maintien de l’ordre, tout comme les archives judiciaires et pénitentiaires, apportent de précieux compléments.

Enfin, d’autres dossiers ont été créés pour l’attribution d’une décoration (médaille de la Résistance française, médaille de la France libérée…).

Compte tenu de la multiplicité des documents et des lieux de conservation, ce guide était indispensable : il vous indique où et comment chercher pour retracer au mieux un parcours individuel.

Avec le parrainage de la Fondation de la Résistance et du Service historique de la Défense ».

 

Andrea Serio (sc. et ill.), Hélène Dauniol-Remaud (trad.),, Rhapsodie en bleu, Futuropolis, 7 oct. 2020, 128 p., 21 €. ISBN : 9782754830454

 

Présentation de l’éditeur. « Trois cousins juifs, Andrea, Martino et Cati, sont persécutés par les lois raciales de Mussolini à l’aube de la seconde guerre mondiale. Forcé de quitter Trieste pour New York, Andrea essaiera de retrouver une vie normale, hanté par les fantômes du passé.

À travers le destin d’Andrea Goldstein, jeune homme juif, Andrea Serio nous fait percevoir avec douceur et empathie, l’intensité, la violence, la bêtise crasse et innommable de cette sombre époque, comme les prémisses mortifères de ce qu’à nos portes, certains de nos contemporains vivent aujourd’hui.

« À dater du jour du 15 octobre 1938, Victor Emmanuel III, par la grâce de Dieu et par la volonté de la nation, roi d’Italie, empereur d’Éthiopie, ayant entendu le Conseil des ministres, décrète que tous les enseignants de race juive seront suspendus de leur service, et ne pourront être inscrits les élèves de race juive.
Sont considérées comme de race juive les personnes nées de parents tous deux de race juive, quand bien même elles professeraient une autre religion que la religion juive… ».

Jean-Yves Le Naour (sc.), Iñaki Holgado et Marko (ill.), Aretha Battistutta (coul.), <i>Le réseau Comète. La ligne d'évasion des pilotes alliés</i>, Bamboo, coll. « Grand Angle », 56 p., 31 mai 2023. ISBN 978 2 8189 9395 8

Présentation de l'éditeur . « Des centaines de résistants de « l’armée des ombres », discrets, silencieux, un « ordre de la nuit » fait...