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27/03/2023

Dominique Mermoux (sc. et ill.), Édouard Cortès (sc.), Par la Force des arbres, éd. Rue de Sèvres, 15 mars 2023, 120 p., 20 €. ISBN : 9782810202324


 Propos de l'éditeur. «
Comment retrouver de l'air quand le quotidien et son rythme infernal nous étouffe ?
Édouard Cortès a choisi, pour se libérer du « monde d'en bas », d'aller vers celui « du haut » : au bord du gouffre, il va quitter femme et enfants pendant plusieurs mois pour vivre dans une cabane de sa propre construction, nichée dans un arbre en pleine forêt. Loin des réseaux sociaux et du tumulte de la société, il trouve une échappatoire dans le silence et la contemplation solitaire, et redécouvre des sensations essentielles au bien-être de chacun. Après avoir retranscrit son histoire en roman, il laisse à Dominique Mermoux le soin d'adapter avec justesse et sensibilité cet étonnant récit de vie ».



 
Édouard Cortès a parcouru l'Eurasie, notamment avec sa compagne, Mathilde et même de leurs trois enfants, sans oublier leur âne Octave. Une quête spirituelle les a ainsi conduits, à pied, vers Rome, Saint-Jacques-de-Compostelle et même Jérusalem. Auparavant, Édouard Cortès avait rejoint Kaboul puis Saïgon à bord d'une 2 CV. Il avait aussi traversé le Caucase à pied, sur la piste de l'Arche de Noé, du côté du mont Ararat. Ces expéditions ont donné lieu à des ouvrages que l'on pourra retrouver assez facilement.
 
En octobre 2020, les éditions des Équateurs publiaient Par la Force des arbres (176 pages). Deux ans auparavant, Édouard Cortès traversait une dépression sévère, après l'échec des sept années qu'il a consacrées à l'agriculture et à l'élevage. Il aborde alors la quarantaine, et sent le besoin d'une rupture pour retrouver une espérance face à la mort qui le guettait, un sens à sa propre vie. Il se décide à passer un printemps entre les branches d'un chêne, dans une cabane qu'il a construite, avec la seule compagnie de son âne et de quelques livres. Seulement visité par sa famille et quelques amis, c'est dans le silence relatif de la forêt qu'il a souhaité lire, rêver, observer, réfléchir, et surtout trouver de quoi s'apaiser. Dans ce refuge, il rejoint à la fois ses rêves d'enfant, mais aussi un certain nombre de prédécesseurs. On pense bien évidemment au Walden ou la vie dans les bois (1854) de Henry David Thoreau (occasion de retrouver le compte rendu qu'on avait fait de la bande dessinée de Cédric Taling, Thoreau et moi, en avril 2019). Ernst Jünger avait rédigé un essai sur une expérience de repli similaire : Traité du Rebelle, ou le recours aux forêts (Der Waldgänger, 1951), que l'on pourra peut-être d'occasion, puisque la dernière publication remonte maintenant à 1986 (en Points Seuil). Différentes religions et courants philosophiques ont aussi cultivé cette volonté de s'éloigner du monde, d'y renoncer, pour se purifier par l'ascèse sous de multiples formes : c'est le cas des anachorètes.
Édouard Cortès éprouve un désir analogue, mais cette fois par un voyage sur place : son chêne lui sert de refuge face aux agressions quotidiennes. Il lui est aussi un moyen de retrouver le sentiment d'être une partie de la nature : c'était aussi ce que décrivait Alessandro Pignocchi, sur les pas de Philippe Descola, dans son Petit Traité d'écologie sauvage et La Cosmologie du futur, dont on a aussi rendu compte dans ce site. L'une de ses premières préoccupations est d'ailleurs de rompre avec les réseaux de communication numériques, et donc avec des milliers d' « amis ». À la virtualité des relations, Édouard Cortès souhaite lui substituer un retour à la réalité, à la sincérité.   
L'auteur fait de sa cabane non seulement un refuge méditatif, mais il découvre aussi un lieu d'observation privilégié : « un avant-poste sur la beauté du monde ». La faune et la flore qui l'entourent et les étoiles qui le surplombent l'invitent à une introspection, façon de retrouver sa propre beauté.
 
C'est toute cette renaissance que Dominique Mermoux nous donne à voir et à lire, en relatant avec subtilité cette expérience singulière (au sens propre et figuré) dans un très bel album, empreint de poésie et de beaucoup de délicatesse. On y trouve de splendides planches consacrées aux pics épeiche, aux cerfs, aux geais, aux fourmis et aux pucerons…

23/02/2022

Timothy Morton (trad. fr. : Cécile Wajsbrot), Être écologique, Zulma, coll. « Essais », 7 oct. 2021, 256 pages, 20 €. ISBN : 9791038700208


 Présentation de l'éditeur. « Le réchauffement climatique a déclenché la sixième extinction de masse, nous sommes dans l’ère de l’Anthropocène. Mais contempler la catastrophe ou chercher le coupable n’aident ni à prendre les bonnes décisions, ni à agir vraiment. Face à une avalanche de faits et de données toujours plus alarmants, n’est-il pas temps de se réaccorder à notre environnement ?

En recourant à des outils et des concepts comme l’intuition, l’art, l’empathie, l’interconnectivité, ou notre héritage néandertalien, Timothy Morton nous montre comment se remettre au diapason : à notre échelle, mais aussi à celles des bactéries, de la baleine à bosse, des écosystèmes, ou de la planète.
Être écologique, c’est changer de paradigme dans notre relation au monde, se libérer du déni et du désespoir. Une lecture performative aussi sérieuse que captivante.

« Être écologique, c’est se reconnecter à la biosphère. » The Financial Times

 « Un essai idéaliste et inspirant. » The Guardian ».

 

On avait rendu compte du précédent ouvrage de Timothy Morton traduit en français chez Zulma : La Pensée écologique. On y indiquait attendre la traduction de son Being Ecological, paru en janvier 2018 chez Pelican Books, dont il était dit qu'il s’adressait précisément à ceux qui n’ont rien à faire de l’écologie. Voilà qui est fait. 

Bien évidemment, cet ouvrage est dans la prolongement du premier. Toujours avec l'humour qui le caractérise, Timothy Morton indique que son livre (très stimulant) est inutile : on verra pourquoi. Il explore ici la façon dont l'écologie est considérée aujourd'hui, que ce soit du point de vue des alarmistes ou des éveilleurs de conscience, que de celui des tenants de la collapsologie (on oubliera les climato-sceptiques). La diversité de ces considérations sont le résultat, selon lui, de l'avalanche d'informations confuses sous laquelle l'opinion publique est ensevelie, empêchée de réfléchir sereinement. La majorité vont cependant dans le même sens et aboutissent à une culpabilisation. Même l'indifférence est pour lui la marque d'une volonté de fuir les problèmes. Pour l'auteur, ce fatras alimenté par une foison de données chiffrées, donc irréfutables, crée ce qu'il appelle une « bulle de peur anticipatoire ». Mais le résultat est à rebours de qui serait attendu : on est accablé par la terreur, et cette sidération nous laisse incapables de voir ce qui se passe réellement. Qui peut dire précisément les conséquences de la disparition pure et simple de milliers d'espèces vivantes ou, encore pire, de l'extinction de masse ? Que signifie réellement l'élévation des températures moyennes ? On ne comprend pas, et le réflexe est de se mettre la tête dans le sable : selon l'auteur, c'est le résultat d'une aliénation à ce que nous promet le futur, au désespoir inéluctable. De quoi suis-je, moi, coupable ? Pourquoi faudrait me charger de la responsabilité des conséquences de l'industrialisation (au mieux), sinon de tout ce que l'homme a entrepris ? Je m'évertue à ne pas gaspiller l'eau et l'énergie, mais au fond, est-ce que cela a la moindre efficacité ? Elle est bien belle, l'histoire du colibri de Rabhi… On retrouve finalement ce que Timothy Morton avait développé dans La Pensée écologique : les hyperobjets (radiations, extinction de masse, etc.), dont on avait dit, dans le compte rendu, qu'il s'agissait d' « éléments dont nous sommes conscients de l’existence, mais dont nous avons le plus grand mal à discerner les contours, à les voir ».

De là, tout se passe « comme si la fin du monde avait déjà eu lieu » : sans angoisse particulière, l'humanité se trouve dans un état de « stress post-traumatique ». On ne croit plus à l'efficacité de l'action, et les incitations à se remuer restent quasiment lettre morte : il n'y aurait plus à agir vraiment face au néant (même si, paradoxalement, on sent qu'il faudrait le faire du fait des injonctions reçues), mais à se résigner et à composer avec la situation.

Alors, dans ce fatalisme ambiant, que signifie « être écologique » ? Pour Timothy Morton, cela veut dire qu'il faut accepter le traumatisme causé par une évolution qui est en cours (tout de même), ce qui aidera justement à se libérer de son poids écrasant et considérer les choses avec un peu plus de recul, pour nous débarrasser de cette angoisse anesthésiante. Comme dans toute crise, il s'agit d'une mutation dont il faut chercher à faire advenir le meilleur. Et ce meilleur, c'est d'admettre enfin ce qu'il disait dans La Pensée écologique : l'homme n'est qu'un être parmi les autres, « un être symbiotique enchevêtré avec d'autres êtres symbiotiques ».

On comprend alors pourquoi son ouvrage est « inutile » : c'est parce que l'homme est déjà écologique, dans le sens qu'il donnait au mot écologie dans La Pensée : tous les êtres sont interconnectés dans la biosphère. Aussi, la période dans laquelle nous sommes entrés, l'Anthropocène, doit être considérée comme une opportunité à saisir pour modifier le rapport des hommes au monde, au-delà de l'opposition artificielle entre humanité et « nature ». Parvenir à « être écologique », c'est se donner les moyens d'agir écologiquement. Pour Morton, cette reconstruction passe notamment par l'art, pour traduire le réel de façon sensible. Il prend l'exemple d'Olafur Eliason et de son Ice Watch qui avait, en 2015, donnait à comprendre les effets concrets du réchauffement climatique au moment de la COP 21 : il avait disposé de volumineux blocs de glace du Groenland devant le Panthéon, lesquels fondaient à vue d’œil. La perception était immédiate. Cela montre que la sensibilisation peut emprunter d'autres voies que l'injonction à agir, le déversement d'informations toutes plus angoissantes les unes les autres. Alors, on peut se détendre : « vous êtes un être pleinement incarné qui n'a jamais été séparé des autres êtres biologiques […]. Vous êtes dans l'idée qu'il y a un intérieur et un extérieur de vous-même, et c'est sans doute la façon la plus profonde de commencer à penser qu'être écologique implique un changement énorme ». Envisager le futur, c'est donc considérer que les choses à venir peuvent être différentes de la façon dont on les imagine, pour qu'il soit désirable. Quitte à se tromper, à revenir un peu en arrière, trouver une alternative, sans chercher à être efficace, « performant »… Cela doit nous permettre de nous délivrer du tout ou rien : ou réussir, ou échouer. Or, cette possibilité de se tromper, ce droit, même, nous ouvre une troisième voie.

Eh bien, voilà un livre qui s'impose au moment de la campagne des élections françaises, aussi bien présidentielles que législatives, que devraient lire chacun des candidats.

03/02/2019

Timothy Morton (trad. fr. : Cécile Wajsbrot), La Pensée écologique , éd. Zulma, coll. « Essais », 7 février 2019, 272 p., 20 €. ISBN : 9782843048500


 Présentation de l’éditeur. « Si l’agent spécial Dale Cooper (Twin Peaks) prenait la plume, voici le livre qu’il pourrait écrire. Car, à l’image du personnage de David Lynch dont le rapport au monde est bouleversé, Timothy Morton propose une philosophie radicale et troublante.

Le réchauffement climatique, phénomène irréversible dû à l’activité humaine, a déclenché la sixième extinction de masse. Le constat est simple : nous manquons d’outils conceptuels pour penser cette ère de l’Anthropocène. Et si nous nous affranchissions du concept de Nature ? Si, enfin, nous pensions grand (global plutôt que local) ? Et que dire du maillage, de l’interconnectivité de tout avec tout ?

Avec intelligence et humour, Timothy Morton nous libère des discours bien-pensants : adieu écologie verte, économie circulaire et développement durable. Tous ces petits pas pour un monde plus « vert » servent trop souvent à soulager les consciences et verdir les programmes électoraux. Il nous faut changer profondément notre manière de penser, notre manière d’être au monde. De Charles Darwin à Emmanuel Levinas, de William Wordsworth à Percy Shelley, Timothy Morton illustre ses bases théoriques d’exemples aussi concrets que l’art contemporain ou le cinéma de science-fiction – à l’image de Blade Runner ou Solaris. Voici un texte radical qui change notre regard sur le monde, à la fois très accessible et totalement nouveau dans le champ de la philosophie contemporaine ».

 

 

Philosophe né à Londres, Timothy Morton enseigne aujourd’hui dans une université du Texas. Le présent ouvrage est la traduction française de ce qu’il avait fait paraître en 2010 : The Ecological Thought (Harvard University Press). « Quoi ? C’est un livre de philo ? OK : on lâche… ». Sauf qu’on aurait bien tort, tant l’écriture est fluide et prenante. Il y a bien quelques concepts, comme on le verra par la suite, mais le tout se lit fort bien et très facilement, notamment grâce à des exemples qui sont dans un univers familier : le cinéma, la chanson, etc. On peut perdre le fil de temps en temps, l’auteur ne rechignant à passer d’une situation à une autre qui a priori n’a rien à voir avec la première. En réalité, on s’aperçoit vite que sa démonstration est très structurée, très solide, et on retrouve ses repères, sans exclure l’humour1.

Reste à savoir ce que Timothy Morton entend par « pensée écologique ». Il s’agit d’un concept très  globalisant, ce qui devrait satisfaire les historiens : « Penser écologique a à voir avec l’art, la philosophie, la littérature, la musique et la culture […], avec la pratique actuelle des sciences humaines [aussi bien] qu’avec les sciences dures, de même qu’avec les usines, les transports, l’architecture et l’économie » (p. 17). Aussitôt après, il indique que « l’écologie inclut toutes les voies imaginables du vivre ensemble. Au fond, l’écologie parle de coexistence ». Et la thèse du livre de Timothy Morton est entièrement fondée sur cette base.

Il considère en effet qu’absolument tous les êtres sont interconnectés dans la biosphère. La moindre bactérie est la sœur de l’homme. Si vous aviez oublié que les amibes de mes amibes sont aussi mes amibes, il va falloir que ce soit bien ancré dans votre esprit, car au-delà de la blague, Timothy Morton dit qu’avoir une conscience écologique suppose d’avoir d’abord conscience que l’ensemble des êtres vivants vivent dans un même ensemble et agissent les uns avec les autres. L’homme est un composé organique empli de bactéries et de virus : pourrait-il vivre indépendamment de ces êtres vivants, alors même qu’ils le constituent ? Allons plus loin, puisqu’il incorpore même parfois des éléments technologiques (implants divers, prothèses, chimie…) ; mais comment considérer ces matières exogènes ?  

Timothy Morton montre que cette interconnexion, ce « maillage » comme il le désigne, permet d’en finir avec l’idée de « nature ». De quelle nature s’agit-il ? De l’ensemble des êtres vivants, à l’exclusion de l’homme : la barrière est étanche entre ces deux univers indépendants l’un de l’autre. Et cette vision des choses (entendons : sans conscience) lui a donné un blanc-seing pour une exploitation sans vergogne, dont on voit aujourd’hui les limites. Exploiter une matière sans âme est quand même plus facile. L’histoire a montré que toutes les entreprises génocidaires reposaient sur le déshumanisation de l’Autre. On voit que tout est lié. 

Cela amène Morton à contester les actions qui visent précisément à protéger la nature, comme un objet qui serait en situation de faiblesse, d’infériorité par rapport aux hommes. Ces êtres ont-ils réellement besoin de nous ? Nous ont-ils seulement attendus ? Cette posture conduit à des actions à faible portée, à l’efficacité douteuse pour régler la crise environnementale… provoquée par l’homme. Elle sert surtout à donner bonne conscience au genre humain, à entretenir une barrière artificielle, mais elle contribue à avoir une conception complètement faussée : de gentils animaux agressés par les méchants hommes. Timothy Morton montre l’importance qu’il y a à considérer la situation telle qu’elle est, notamment dans ses aspects négatifs : il désigne cela par l’expression « écologie sombre ». Il y a des risques naturels ; les animaux se dévorent entre eux (si…) ; des arbres peuvent s’abattre sur une maison (horreur !)…

L’auteur estime, comme beaucoup, que nous sommes à un moment de rupture, une révolution qu’il pense être comparable avec l’influence de Copernic : l’homme n’est plus au centre du monde. Une période stable de 12 000 ans prend fin : l’Holocène. Lui succède l’Anthropocène. Pendant la première, l’homme s’est considéré de plus en plus distinct de la nature, comme nous l’avons vu, à mesure qu'augmentait sa puissance. Aujourd’hui, il prend conscience de constituer une force terrible : il est à l’origine du réchauffement climatique ; il peut détruire des espèces vivantes en quantité… Les actes les plus banals de notre vie quotidienne, ajoutés les uns aux autres, constituent un acte collectif dont nous voyons bien qu’il contribue directement aux destructions environnementales. Cependant, nous continuons à utiliser des moyens de transports polluants, nous consommons des produits utilisant des énergies non renouvelables… Et nous ne trouvons pas le moyen de réagir. Cela montre que la toute-puissance que l’homme pense détenir est un leurre, car il se heurte à ce que Timothy Morton appelle des « hyperobjets » : le réchauffement climatique en est un ; la radioactivité également, etc. Il s’agit d’éléments dont nous sommes conscients de l’existence, mais dont nous avons le plus grand mal à discerner les contours, à les voir. De là, il est facile de les mettre à distance, de créer une barrière similaire à celle qui distingue l’homme de la « nature » : ce serait admettre qu’il n’existe pas d’interdépendance entre les êtres. Pourtant, s’ils montrent les limites de la compréhension humaine et de la science et celles de sa puissance, ces hyperobjets font aussi aussi partie de la biosphère.

Est-ce la fin de tout ? Faut-il se résigner ? Timothy Morton rejette cette vision pessimiste. S’il admet (et comment…), la pleine responsabilité de l’homme dans les destructions environnementales, nous sommes face à une mutation importante dans la conception de la place qu’il occupe dans l’univers. Il n’est pas possible de maîtriser ces entités, ce qui montre que l’idée d’une domination complète de la nature était une illusion. Continuer dans la même voie en pensant que l’homme trouvera bien des solutions technologiques, comme l’intelligence dite « artificielle » (alors qu’il y a des hommes derrière), à la crise environnementale est une impasse : cela ne fera que retarder l’échéance fatale, tout en aggravant les désastres, jusqu’à la disparition de l’humanité. Au contraire, Timothy Morton estime que le moment est propice à l’émergence d’une forme de libération. En admettant qu’il fait partie du maillage, qu’il n’est qu’un élément en interconnexion avec les autres êtres vivants, l’homme peut prendre plaisir à établir une collaboration avec eux, donc à la vie.

Lecture faisant, on retrouve ce qui a été développé par d’autres auteurs et d’autres situations évoqués dans les comptes rendus de ce même site. Il en est ainsi de la description que l’on a faite de la permaculture2 , qui repose précisément sur cette idée d’interaction entre les êtres dans un espace donné. Le Petit Traité d’écologie sauvage, d’Alessandro Pignocchi3 avait montré l’absurdité sur laquelle repose le monde occidental, quand il est considéré par un anthropologue jivaro dont la culture est imprégnée de l’interdépendance entre les êtres. Tout cela montre que la thèse de Timothy Morton n’est pas le résultat d’élucubrations. La traduction en français de son œuvre qui débute avec cette Pensée écologique est donc à saluer, d’autant qu’elle ne s’adresse pas à un public de spécialistes. On attend avec impatience la publication en français de son prochain Being Ecological, paru en janvier 2018 chez Pelican Books, qui s’adresse précisément à ceux qui n’ont rien à faire de l’écologie.
 
 
Notes
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Jean-Yves Le Naour (sc.), Iñaki Holgado et Marko (ill.), Aretha Battistutta (coul.), <i>Le réseau Comète. La ligne d'évasion des pilotes alliés</i>, Bamboo, coll. « Grand Angle », 56 p., 31 mai 2023. ISBN 978 2 8189 9395 8

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