Grégory Derville vous guide dans votre démarche écologique et vous offre des solutions concrètes à la transition écologique. Grâce à sa grande connaissance théorique et son expérience pratique du sujet, il vous donnera les clés pour mettre en œuvre 9 actions très concrètes de la transition, au niveau local, en misant sur le collectif ».
Terre vivante est à la fois une SCOP (société coopérative ouvrière de
production) qui rassemble une maison d’édition et un Centre de
découverte d’écologie, lequel se trouve à Mens, en Isère. À l’origine,
en 1980, il y a une revue qui est maintenant largement distribuée : Les Quatre Saisons du jardin bio.
Ensuite ont paru les premiers ouvrages, à partir de 1982. Et enfin, en
1994, a été créé le centre de découverte à Mens, qui est à la fois un
terrain d’expérimentation (dont rendent compte la revue et certains
ouvrages), de documentation et de formation pratique.
Ce rappel du développement de Terre vivante permet de comprendre qu’on
n’a pas affaire à une simple entreprise complètement déconnectée de la
réalité. Au contraire, l’objectif principal est de colporter des
pratiques qui ont été patiemment expérimentées (à Mens et ailleurs) et
éprouvées.Le présent ouvrage n’échappe pas à la règle. Il se base sur
l’expérience personnelle de son auteur, les rencontres qu’il a pu faire,
ce qu’il a pu lire et la documentation qu’il a rassemblée. Grégory
Derville est universitaire. Maître de conférences à Lille II, en
sciences politiques, son domaine recouvre la communication politique,
mais aussi les politiques publiques concernant la protection de
l’enfance et le développement durable (voir sa biographie sur le site de l’université de Lille).
Dans le même temps, il s’est impliqué dans plusieurs associations à
Beauvais, et a notamment contribué à la création du collectif « Beauvais en transition ».
Il s’agit là d’un «réseau local de citoyens et d’associations qui
agissent en faveur d’une société plus écologique et solidaire», pour
reprendre l’intitulé du site Internet. Enfin, Grégory Derville s’est
formé à la permaculture, qu’il applique.Ce livre est donc un concentré,
une synthèse de ce dont s’est nourri l’auteur, au sens propre et au sens
figuré. Toutefois, il ne faut pas s’attendre à avoir entre les mains un
manuel roboratif. L’objectif est ici d’expliquer en quoi consiste la
permaculture, et en quoi elle est riche de promesses comme de
réalisations déjà bien concrètes. La couverture comporte une pastille
(verte, évidemment) dans laquelle est écrit : «La solution pour un
avenir durable». Si l’ambition est peut-être exagérée, l’article défini
est présomptueux : on peut probablement imaginer d’autres solutions,
qui, combinées à la permaculture, tendront vers une amélioration de
l’environnement et de la qualité de vie.
Cependant, ce serait oublier un peu vite ce qu’est la permaculture. Si
on fait une recherche rapide sur Internet, on tombe principalement sur
des activités de jardinage, avec des méthodes originales. Si l’on se
réfère à l’expérience du Bec-Hellouin, dont on a rendu compte sur ce même site en juillet dernier1,
c’est le maraîchage qui est privilégié. Pourtant, la permaculture est
d’abord un système, dont la production maraîchère et fruitière n’est
qu’un élément parmi d’autres, et le mérite de l’ouvrage de Grégory
Derville tient justement à insister sur cet aspect fondamental. On a
affaire à une démarche qui prend en considération des valeurs, des
principes, et bien sûr de techniques. L’auteur les aborde en détails,
très pédagogiquement, en progressant de l’approche globale permacole
vers le jardinage (on sent que le négliger aurait provoqué bien des
déceptions). Et il prend pour base de départ la crise environnementale
dans laquelle nous sommes plongés. Ainsi, il aide le lecteur à affiner
sa prise de conscience, mais il lui permet d’entrevoir des réponses à
mener à l’échelle individuelle et collective. Bien évidemment, il
propose des ressources pour aller plus loin. Le tout s’appuie sur des
explications très claires, des croquis, des photographies, et des
exemples concrets. En cela, l’ouvrage est très abordable, sans tomber
dans une vulgarisation de bas niveau : il n’y trouvera pas de concession
à la facilité, ce qui est rare.
On peut estimer que la permaculture, si elle cherche vraiment à être « la solution pour un avenir durable», ne permet pas d’aller assez loin. Dans un ouvrage qui a fait l’objet d’une recension sur ce même site, à savoir Le Sacrifice des campagnes (Pierre Bitoun, Yves Dupont, Le Sacrifice des paysans. Une catastrophe sociale et anthropologique, éd. L’Échappée, coll. « Pour en finir avec », 2016). Pierre Bitoun et Yves Dupont y expriment «une certaine méfiance à l’égard du discours agro-écologique en vogue, portée par des gens comme Pierre Rabhi. C’est qu’il en appelle à une prise de conscience individuelle, alors que les auteurs préconisent un effort collectif comme la lutte que mène la Confédération paysanne». Pourtant, la permaculture pourrait être considérée un compromis, entre expérimentation individuelle et prise en compte de l’environnement, donc du collectif. Peut-être ce compromis devrait-il déboucher plus formellement et plus résolument sur le terrain politique s’il veut parvenir à une meilleure efficacité, pour préciser davantage le souhait de Pierre Bitoun et Yves Dupont. Toutefois, on peut aussi estimer que l’exemple par l’action, cher aux libertaires, est déjà, comme arme de propagande, un acte politique.
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