Fondé sur une vaste collecte de témoignages et sur des sources inédites,
ce livre remonte d’abord à la guerre elle-même : ces jeunes ont-ils pu
dire à leur famille ce qu’ils vivaient en Algérie ? Ce qui s’est noué
alors, montre Raphaëlle Branche, conditionne largement ce qui sera
transmis plus tard. Son enquête suit ensuite les métamorphoses des
silences et des récits jusqu’à nos jours. Elle pointe l’importance des
bouleversements qu’a connus la société française et leurs effets sur ce
qui pouvait être dit, entendu et demandé dans les familles à propos de
la guerre d’Algérie. Elle éclaire en particulier pourquoi, six décennies
après la fin du conflit, beaucoup d’enfants ont toujours la conviction
qu’existe chez leur père une zone sensible à ne pas toucher.
Grâce à cette enquête, c’est plus largement la place de la guerre d’Algérie dans la société française qui se trouve éclairée : si des silences sont avérés, leurs causes sont moins personnelles que familiales, sociales et, ultimement, liées aux contextes historiques des dernières décennies. Avec le temps, elles se sont modifiées et de nouveaux récits sont devenus possibles.
Prix Augustin Thierry 2020 ».