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02/05/2022

Jean-Yves Guengant, Nous ferons la grève générale. Jules Le Gall, les anarchistes et l’anarcho-syndicalisme à Brest et en Bretagne, éditions Goater, coll. « Mémoires immédiates », 14 mars 2019, 256 p., 18 €



Présentation de l’éditeur. « Dans la Bretagne de la première moitié du XXe siècle, les Anarchistes ont pu créer à Brest et Lorient de véritables enclaves libertaires. Jules Le Gall (1881 – 1944), militant ouvrier à l’arsenal de Brest, puis libraire, en devient la figure la plus connue. Il s’attire de violentes attaques de ses adversaires, qui le surnomment le « camelot » de l’Anarchie. Fondant le groupe libertaire brestois, il veut créer une Maison du Peuple, qui saura allier la force de la revendication à la beauté de la culture. Le théâtre devient un moyen de divertir et d’éduquer le peuple.

Après la guerre, pacifiste convaincu et militant internationaliste, il se bat pour le droit d’asile pour les anarchistes espagnols et italiens. Son grand combat sera la création d’un comité de défense des anarchistes américains, Sacco et Vanzetti. Il accueille également Nestor Makhno à Brest en 1927.

La guerre d’Espagne sera son dernier combat, le prélude à un conflit généralisé, qu’une seconde fois, les militants révolutionnaires n’auront pas pu empêcher.

Dénoncé en 1941 auprès des Allemands comme anarchiste et franc-maçon, il sera arrêté, et décède au camp de Buchenwald en juin 1944. « Oublié » dans l’euphorie de la victoire et effacé de la mémoire ouvrière.

Son histoire est une histoire de solidarité et d’amitié. Autour de lui, un cercle d’amis prend vie : Victor Pengam, le syndicaliste, promoteur du cinéma militant et des « pupilles » de la CGT, René Lochu, et ses amis de la Maison du Peuple.

Jean-Yves GUENGANT a publié des ouvrages et des articles consacrés aux mouvements utopistes en Bretagne. Son dernier ouvrage : « Pour un nouveau monde – les utopistes bretons au XIXe siècle », Apogée, 2015.
Il vit à Brest.

Le livre est fortement illustré de documents d’époque, d’affiches et de photographies ».

 

Dans le présent ouvrage, Jean-Yves Guengant retrace le parcours de Jules Le Gall, ouvrier à l’arsenal de Brest, antimilitariste et anarcho-syndicaliste. D’un dévouement extrême aux causes qu’il défend, le personnage prend une ampleur importante dans la première décennie du XXe siècle, aux côtés d’autres militants comme Victor Pengam. En 1903, ceux-là créent un groupe de la Jeunesse syndicaliste, destinée à former les jeunes ouvriers. Jules Le Gall contribue à l’extension du syndicaliste dans le Finistère, notamment au sein des ouvrières des conserveries de Douarnenez. Il œuvre notamment à la grève générale de février-mars 1904, qui montre la puissance du mouvement social à Brest. Mais compte tenu de l’extrême indigence des conditions de vie des ouvriers mais aussi de l’intransigeance de la préfecture maritime et des élites locales, les rapports sociaux sont très tendus. Ceux qui sont identifiés comme les meneurs sont l’objet d’arrestations et de poursuites judiciaires. Comme Victor Pengam, Jules Le Gall est interpellé à plusieurs reprises, notamment en août 1907, cette fois pour des motifs graves : incitation au meurtre, au vol, au pillage, et à la grève générale. Condamné, il est rapidement libéré, mais il perd son emploi à l’arsenal. À partir de ce moment, Jules Le Gall devient gérant d’une librairie coopérative : cela décide de son orientation vers l’action politique, et il travaille à la propagande libertaire, tout en restant fidèle aux principes qu’il n’a cessé de défendre. En 1910, il se présente aux élections législatives, ce qui peut surprendre de la part d’un anarchiste ; mais c’est en qualité de candidat abstentionniste, et dans le cadre d’une campagne anti-parlementaire.

Après la première guerre mondiale, Jules Le Gall entre au Grand Orient de France, tout en continuant à militer comme libertaire. Il anime un comité en faveur de Sacco et Vanzetti. Le groupe libertaire brestois accueille également l’anarchiste ukrainien Nestor Makhno à l’été 1927. Jules Le Gall prend part à la lutte anti-fasciste ; son groupe envoie des vêtements et des vivres en Catalogne, et organise le recueil des orphelins de guerre. L’occupation de Brest commence le 19 juin 1940. Jules Le Gall est interrogé en décembre par la police allemande sur ses activités au sein de la franc-maçonnerie. En juillet 1941, il est arrêté pour les mêmes faits. Interné à Nantes, il est transféré à Nantes puis au camp de Royallieu. Il est finalement déporté en janvier 1944 au KL de Buchenwald, où il meurt le 13 juin suivant.

En dépit d’erreurs typographiques assez vénielles (des majuscules non justifiées ; des signes de ponctuation mal placés, etc.), le principal intérêt de l’ouvrage de Jean-Yves Gueugant tient à la qualité de ses sources, aussi bien bibliographiques qu’archivistiques. Il contribue à la réintroduction de Jules Le Gall dans la mémoire du mouvement social. Au travers de ce personnage, on perçoit les difficultés du monde ouvrier dans la défense de ses intérêts, et, finalement, des profondes limites du système démocratique. On comprend particulièrement bien qu’il n’est pas de progrès social sans lutte : rien n’est concédé ; tout est à protéger. À se promener dans les rues de Brest, on pourrait se laisser prendre par leur quiétude qui camoufle ce qu’a été son passé ouvrier, ce qui vaut pour n’importe quel autre endroit. On se rappelle à ce propos l’excellente bande dessinée de Kris et Davodeau, consacrée aux conditions dans lesquelles l’ouvrier et ancien résistant Édouard Mazé est mort le 17 avril 1950 : Un Homme est mort (Futuropolis, 2006)1.

L’autre intérêt de cet ouvrage tient à l’abondance de la documentation reproduite, très diverse : en plus des encarts, elle pourra servir aux enseignants qui voudront travailler sur le mouvement ouvrier, même si, malheureusement, les programmes ne s’y prêtent guère. On peut cependant regretter que ces reproductions n’aient pas été mieux exploitées, sous la forme d’une analyse critique par exemple, même brève, ce qui aurait été très appréciée. En revanche, ont été particulièrement remarquées les annexes, qui complètent encore la documentation par de larges extraits de discours, d’articles, etc. On a également un lexique, qui ne se contente pas d’apporter des définitions mais de les placer dans le contexte des luttes sociales brestoises, une chronologie assez fournie, ainsi qu’un très utile index des personnes.



1. Cette bande dessinée a inspiré le long métrage d’animation de Olivier Cossu, 2017.

18/03/2020

Philippe Thirault, Roberto Zaghi, Le Vent des libertaires, T. 2

Philippe Thirault (sc.), Roberto Zaghi (ill.), Le Vent des libertaires, T. 2, Les Humanoïdes associés, 18 mars 2020, 56 p., 14,50 €.  EAN 9782731667981

 

Présentation de l’éditeur. « Ukraine, début du XXe siècle. Issu de la paysannerie très pauvre et adopté par une famille bourgeoise, le jeune Nestor Makhno ne trouve pas sa place dans un monde impitoyable, dominé par les riches. L’histoire romancée du plus grand des anarchistes ukrainiens qui, défiant à la fois les Bolcheviques et les Allemands, a traversé un demi-siècle de révoltes et de révolutions ».

05/02/2020

Bruno Loth (sc. et ill.), Corentin Loth (coul.), Viva l’anarchie ! La rencontre de Makhno et Durruti, Première partie, La Boîte à bulles, 5 févr. 2020, 80 pages, 18,00 €. EAN 978 284 953 3161


 Présentation de l’éditeur. « La confrontation des destinées de deux anarchistes majeurs de l’Histoire européenne.

Dans ce nouvel album, Bruno Loth retrace les principaux événements qui ont marqué la vie des deux anarchistes Buenaventura Durruti et Nestor Makhno qui ont en commun d’avoir réussi à mettre en pratique l’anarchie sur tout un territoire (Catalogne – Ukraine).

En 1927, après une tentative de coup d’État contre le roi d’Espagne Alphonse XIII, Durutti est emprisonné en France. Finalement libéré, il échappera à l’extradition vers l’Argentine, mais aura 10 jours pour quitter la France. C’est à Paris, dans la clandestinité, que Durrutti rencontre Nestor Makhno, figure de l’anarchisme ukrainien, communiste libertaire et fondateur de l’armée révolutionnaire insurrectionnelle Makhnovchtchina.

Cette rencontre sera pour eux l’occasion de confronter leurs expériences et leurs idéaux… ».


On connaît Bruno Loth pour son fameux Ermo, publié en 2006 et réédité en 2017 en un volume, Les Fantômes de Ermo, dont on a rendu compte sur un autre site (pour le premier tome). On retrouve bien évidemment ses qualités graphiques.

Le récit place donc deux des personnages importants de l’anarchisme du XXe siècle, l’Espagnol Buenaventura Durruri et l’Ukrainien Nestor Ivanovitch Mikhnienko, dit Nestor Makhno. S’ils ne se sont pas forcément rencontrés le 15 juillet 1927 à Vincennes, c’est faute de quelques jours. Sylvain Bouloque, qui a rédigé une notice biographique sur Nestor Makhno dans le Maitron indique en effet ceci : « Entre-temps, Makhno avait participé, le 21 juillet 1927, au banquet offert par le Comité international de défense anarchiste pour fêter la libération d’Ascaso, Durruti et Jover, retenus jusque là par les autorités françaises. Suite à cela, les trois révolutionnaires espagnols s’entretinrent avec Makhno, chez lui à Vincennes, pendant plusieurs heures, et discutèrent des enseignements de la révolution en Russie et de l’avenir de la révolution en Espagne. Makhno y affirma sa confiance dans le prolétariat ibérique : « En Espagne, leur dit-il, vous avez un sens de l’organisation qui nous faisait défaut en Russie, or c’est l’organisation qui assure le triomphe en profondeur de toute révolution ». La date importe peu, en réalité : le principe d’une rencontre entre les deux révolutionnaires est acquis. Bruno Loth s’en est saisi fort à propos pour livrer deux visions, non antagonistes, de l’anarchisme en actes, en laissant la parole aux parties en présence. L’un et l’autre rappellent leur parcours. Le hasard de leur exil les fait finalement se rencontrer à Paris. Provisoirement pour Durruti puisqu’il sera expulsé vers la Belgique le 23 juillet 1927, et définitivement pour Makhno, puisqu’il meurt dans la capitale en 1934, malade et épuisé.

Plusieurs autres personnages importants de l’anarchisme français assistent à la discussion, dont Sébastien Faure et Louis Lecoin, qui ont mené avec l’Union anarchiste une lutte pour faire tomber l’arrêté d’expulsion menaçant Durruti et ses compagnons et obtenir leur libération de la prison de la Santé.

L’album n’est pas agiographique : la geste de Durruti et de Makhno n’est pas exaltée. Bruno Loth insiste au contraire sur la répression extrêmement dure qui touche le mouvement anarchiste, certaines des idées qu’il porte, mais aussi ses faiblesses. Il sera une source précieuse pour qui ne connaît à cette idéologie. On attend avec impatience le second volet de Viva l’anarchie !, qui fera le récit de la makhnovtchina.

01/09/2019

Renaud Garcia, Pierre Kropotkine & l'économie par l'entraide, Le Passager clandestin, coll. « Précurseur.ses de la décroissance », septembre 2019, 132 p., 10 € ISBN : 978-2-36935-232-7


Présentation de l'éditeur. « Pourquoi l'entraide est-elle notre unique chance de survie ?

Géographe, naturaliste, explorateur, militant et théoricien du communisme anarchiste, Pierre Kropotkine (1842-1921) s'est insurgé contre la vision d'une société régie par la compétition et la concurrence. Réfutant les théories du darwinisme social, il montre que la coopération et la solidarité sont un facteur essentiel de la survie des espèces.

Il trace les contours d'une économie par l'entraide qui garantit la satisfaction des besoins, évite le gaspillage et engendre une organisation collective maîtrisable par les individus.

Renaud Garcia rappelle que les propositions du "prince des anarchistes" restent des pistes d'actualités pour contrer l'idéologie capitaliste compétitive et le productivisme ».

21/08/2019

Philippe Thirault (sc.), Roberto Zaghi (ill.), Le Vent des libertaires, T. 1

Philippe Thirault (sc.), Roberto Zaghi (ill.), Le Vent des libertaires, T. 1, Les Humanoïdes associés, 21 août 2019, 56 p., 14,50 €


Présentation de l’éditeur. « Ukraine, début du XXe siècle. Issu de la paysannerie très pauvre et adopté par une famille bourgeoise, le jeune Nestor Makhno ne trouve pas sa place dans un monde impitoyable, dominé par les riches. L’histoire romancée du plus grand des anarchistes ukrainiens qui, défiant à la fois les Bolcheviques et les Allemands, a traversé un demi-siècle de révoltes et de révolutions ».

Jean-Yves Le Naour (sc.), Iñaki Holgado et Marko (ill.), Aretha Battistutta (coul.), <i>Le réseau Comète. La ligne d'évasion des pilotes alliés</i>, Bamboo, coll. « Grand Angle », 56 p., 31 mai 2023. ISBN 978 2 8189 9395 8

Présentation de l'éditeur . « Des centaines de résistants de « l’armée des ombres », discrets, silencieux, un « ordre de la nuit » fait...