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18/02/2022

Dimitri Manessis et Jean Vigreux, Rino Della Negra, footballeur et partisan, éd. Libertalia, coll. « Poche », 3 février 2022, 246 pages (cahier iconographique de 24 pages), 10 €. ISBN : 978 237 729 2417

 

Propos de l'éditeur. « Vie, mort et mémoire d’un jeune footballeur du « groupe Manouchian »

« Vous n’avez réclamé ni la gloire ni les larmes [...]

Vous vous étiez servi simplement de vos armes ».

Sportif exceptionnel brisé à l’âge de 20 ans, alors qu’il venait d’être recruté par le prestigieux club du Red Star, Rino Della Negra n’a jamais pu exprimer tout son talent de footballeur. Réfractaire au STO, membre du groupe Manouchian (FTP-MOI), martyr de la liberté fusillé par les nazis au Mont-Valérien le 21 février 1944, le jeune résistant plaçait les valeurs d’antifascisme et de solidarité au-dessus de tout. Cette étude inédite et fort documentée, par deux historiens du mouvement social, analyse la vie et la mémoire d’une icône du football populaire et du combat émancipateur.

Loin d’une conception surannée de « l’identité nationale », la biographie de Rino Della Negra s’intègre dans l’histoire d’un pays qui a su accueillir l’étranger, se construire grâce aux échanges multiples, et dont les membres des FTP-MOI ont pu écrire l’une des pages les plus lumineuses.

Dimitri Manessis est docteur en histoire ; Jean Vigreux est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bourgogne Franche-Comté ».


Le 15 décembre 2020, Dimitri Manessis soutenait une thèse (dirigée par Jean Vigreux) portant sur « Les secrétaires régionaux du Parti communiste français, du tournant antifasciste à l'interdiction du parti (1934-1939) ». A priori, rien à voir avec le football, ni avec la Résistance. Ce serait oublier l'arrière-plan du présent ouvrage, que restituent les deux auteurs. 

De quoi s'agit-il ? La présentation faite par l'éditeur indique tout de suite l'appartenance de Rino Della Negra au groupe FTP Missak Manouchian. Cela nous remet tout de suite en tête l'affiche rouge, diffusée après l'exécution du 21 février 1944 par les autorités d'occupation et Vichy pour discréditer la Résistance. Or, des « vingt et trois » fusillés (comme l'écrivait Louis Aragon dans ses Strophes pour se souvenir , 1955), les propagandistes n'ont retenu que dix photographies pour illustrer ce qu'ils ont appelé l'armée du crime : Szlama Grzywacz, Tomas Elek, Wolf Wasjbrot, Robert Witchitz, Moska Fingercweig, Joseph Boczor, Spartaco Fontanot, Celestino Alfonso, Maurice Rajman et Missak Manouchian. S'il apparaît dans le film L'Affiche rouge, de Frank Cassenti (1976), sous les traits de Bruno La Brasca (p. 211), Rino Della Negra semble absent (sauf erreur) du film de Robert Guédiguian (L'Armée du crime, 2009) et du livre de Didier Daeninckx (Missak, 2009). C'est dire s'il paraît être en retrait dans le groupe. L'inscription deupersonnage dans la mémoire collective s'est pourtant faite, ce qui occupe une bonne partie de l'ouvrage. Les deux auteurs montrent que son nom est bien sûr associé au football, avec une tribune bordant la pelouse du Red Star, comme il a été donné à des rues et qu'on retrouve sur des monuments, des plaques, la salle de quartier de Mazagrande à Argenteuil (avant 2001), etc. Cette mise en mémoire commence très tôt, le 4 novembre 1944, avec la cérémonie qui marque le rapatriement des restes de Rino Della Negra au cimetière d'Argenteuil, dans le carré des « morts pour la France ». Dimitri Manessis et Jean Vigreux montrent que la mémoire du résistant investit plusieurs cercles : la famille ; les martyrs de la Résistance ; les cercles immigrés, italiens en particulier ; le Parti communiste, avec l'organisation de compétitions sportives par la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail), etc. Elle investit des lieux : Vimy, le lieu de naissance de Rino Della Negra ; Argenteuil, là où il a vécu… On a donc à faire avec un résistant intéressant de par sa position mémorielle, tantôt associé au groupe Manouchian, tantôt célébré dans sa singularité : celle d'un sportif très prometteur, mais aussi celle d'un fils d'immigrés.

Cette biographie se lit très facilement : le lecteur béotien s'y retrouvera sans problème. Surtout, il permettra aux étudiants et à ceux que la Résistance intéresse d'avoir un ouvrage de synthèse très précis. Il repose sur un fonds documentaire très important, dévoilé en partie dans les annexes du volume. On appréciera d'ailleurs le cahier iconographique, qui montre notamment les différentes facettes mémorielles de Rino Della Negra. Les analyses faites montrent aussi une constante volonté d'objectivité de se tenir à distance de ce qui a été dit sur le groupe Manouchian, les FTP, etc., ce qui a amené les auteurs à une critique des thèses de personnages comme Franck Liaigre.

Jean-Yves Le Naour (sc.), Iñaki Holgado et Marko (ill.), Aretha Battistutta (coul.), <i>Le réseau Comète. La ligne d'évasion des pilotes alliés</i>, Bamboo, coll. « Grand Angle », 56 p., 31 mai 2023. ISBN 978 2 8189 9395 8

Présentation de l'éditeur . « Des centaines de résistants de « l’armée des ombres », discrets, silencieux, un « ordre de la nuit » fait...