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15/06/2023

Lucien Willemin, Halte au gaspillage automobile. Prenez soin de vous, achetez d'occasion !, éditions d'En-Bas, avril 2023, 50 p., 7 €. ISBN : 9782829006609



 Présentation de l'éditeur. « Pourquoi garder sa vieille voiture pollue moins que d’en acheter une neuve ?

Comment nos programmes politiques actuels poussent au gaspillage automobile ?

Quel impact le gaspillage automobile a-t-il sur nos vies, notre santé, nos enfants ?

En lisant ce petit livre, vous le comprendrez !

La focalisation climatique pousse au gaspillage automobile.
Changer régulièrement de voiture pour économiser de l’énergie et ainsi réduire les émissions de CO2 est une politique réductrice et fâcheuse pour nos vies.
Car elle nous encourage à augmenter notre consommation de matériel et par là même à gaspiller des véhicules.
Or, le gaspillage n’est bon ni pour le climat, ni pour la biodiversité, ni pour le vivant.

Ce livre est accompagné d’un appel à une intervention gouvernementale pour un changement de cap en matière de politique automobile afin que cesse ce gaspillage. Appel soutenu par des personnalités réputées actives dans les domaines du climat, de l’environnement, de l’économie et des droits humains. Le gouvernement Suisse sera interpellé.

L’auteur nous livre ici une réflexion hors norme. A lire absolument ! ».


Pour mieux comprendre les enjeux qui nous concernent, il est essentiel de ne pas négliger d'ouvrir son regard à d'autres pays. Lucien Willemin est un auteur suisse. Il a travaillé dans les secteurs horlogers et immobiliers, activités qu'il a quittées pour réfléchir aux questions environnementales. Cela a donné lieu à la publication de trois livres : En voiture Simone ! ; Fonce Alphonse ! ; Tu parles Charles! (G d’encre). Comme le présent Halte au gaspillage automobile, il s'agit de formats très courts, dont le but est précisé sur le site de Lucien Willemin : « des interpellations citoyennes, des « remue-méninges » constructifs sur des questions de société fondamentales et actuelles qui nous concernent tous. Ces publications lanceront sans doute le débat public avec l’espoir que les réflexions suscitées soient reprises par les politiciens pour leur donner vie. […] Offrir à ceux qui le désirent la possibilité par une lecture facile sollicitant peu de temps de mieux comprendre la question environnementale et leurs permettre de passer aisément du stade de suiveur à celui d’acteur ». 

Pour compléter sa démarche, Lucien Willemin a fondé La Chaussure Rouge, un réseau qui fédère les personnes qui souhaitent changer leur mode de vie, voire même s'engager pour développer cette dynamique. La couverture de Halte au gaspillage automobile est d'ailleurs frappée du logotype  de La Chaussure rouge et de son slogan : « Prendre soin de la vie ! ». 

En quoi cet ouvrage peut-il aider à « prendre soin de la vie » ? La thèse de Lucien Willemin tient à la place exorbitante prise par les véhicules automobiles dans nos sociétés.

Pour cela, Lucien Willemin part du scandale de la firme Volkswagen qui, en 2015, avait voulu masquer la pollution réelle de ses moteurs. Cela entraîne la destruction de 300 000 voitures, et, par conséquent, la fabrication de nouvelles. Voilà l'exemple même du « gaspillage automobile ».

Le réchauffement climatique, l'augmentation du coût de l'énergie ont amené les autorités politiques, dans leur cadre national, à prendre des mesures pour réduire les rejets liés au transport automobile. Pourtant, les émissions de gaz carbonique n'ont pas cessé de croître. 

Que faire ? Généraliser les vignettes Crit'Air, donc interdire certains véhicules de circulation ? Opter pour des moteurs électriques ou à hydrogène ? Cela reviendrait à exclure la partie la moins aisée de la population, et à considérer que les aides prévues soient des subventions déguisées à l'industrie automobile. Lucien Willemin y voit une nouvelle source de gaspillage : on se débarrasse de voitures qui peuvent encore rouler ; on en produit de nouvelles ; on consomme donc de nouvelles ressources, etc. L'argument sanitaire est un leurre, selon lui, car on néglige les rejets de particules provoqués par l'abrasion des pneus et des freins, et le brassage de celles qui sont déjà présentes sur la chaussée, ce qui constitue la majorité des émanations des véhicules, alors que les pots d'échappement ne peuvent être incriminés que pour 12 % du total. Ajoutons une évidence : ces mesures publiques impliquent des sources financières publiques, donc l'argent de tout un chacun.

La fabrication d'une nouvelle voiture suppose un développement de la déforestation, pour accéder aux matières premières (minerais…). Des ressources (énergie, eau…) sont indispensables pour produire les matériaux, les transporter, les assembler, sans négliger les particules chimiques nocives qui vont se retrouver dans l'air, l'eau, les sols. Dans les deux cas, ce sont d'importantes atteintes au vivant, à la biodiversité, que ne compensent pas les avantages liés à l'usage d'un véhicule considéré comme « propre » (moins d'émissions de gaz carbonique). On y ajoutera le coût humain, victimes d'accidents et des conséquences indirectes (pollution).

La solution serait-elle donc de garder l'ancien ? Lucien Willemin estime que la pollution chimique a des effets irrémédiables qui ne peuvent pas être compensés. Il faut donc éviter de limiter sa réflexion au seul réchauffement climatique : les mesures prises pour baisser la consommation d'énergie se traduisent par une consommation matérielle accrue. 

Pour répondre au triple défi (dérèglement climatique ; pollution chimique ; baisse de la biodiversité), il pense que la solution réside dans une baisse de la consommation et une meilleure utilisation de qu'on acquiert. Cela suppose de réparer, et aller jusqu'à complète usure. Évidemment, il y a lieu d'encourager l'amélioration des qualités des véhicules (consommation, émissions, rendement…).

Autrement dit — selon sa formule — : « plus de moins  ». Une évidence est de combattre le surplus de véhicules, dont le nombre croît dans des proportions qui n'ont rien de commun avec la démographie.

La voie n'est donc pas dans la technique ou la recherche de nouvelles sources d'énergie : les ressources continueront à s'épuiser. Elle n'est pas davantage dans l'exportation des voitures usagées dans des régions économiquement moins favorisées : avec elles, on exporte la pollution et les dangers sanitaires que l'on veut s'éviter, en toute bonne conscience. Malgré ses avantages évidents (limiter la consommation) qu'il ne faut pas repousser, le recyclage comporte des limites : il suppose de transporter les véhicules, les pièces, de l'énergie, des produits divers, donc de la pollution.

Lucien Willemin esquisse enfin un programme politique pour limiter au maximum le gaspillage automobile. En plus des mesures déjà indiquées, il ajoute une révision des normes techniques, de la fiscalité, des infrastructures de circulation, des transports, etc. Ajoutons que les automobiles sont en réalité immobiles la plupart du temps, accrochées qu'elles sont dans un garage, à une place de stationnement, alors que, paradoxalement, leur emprise spatiale est considérable. Leur mise en commun, leur partage, la location sont à envisager, ce qui revient à en remettre en cause la propriété privée.

L'initiative de Lucien Willemin se concrétise en Suisse. Deux cents garages ont signé une interpellation des instances fédérales pour mieux valoriser les véhicules d'occasion, ce qui, pour eux, est gage de travail et d'économies financières (une voiture d'occasion non utilisée reste une charge).

Halte au gaspillage automobile est écrit dans un style assez direct, plaisant, qui répond bien à la mission de la collection : interpeller les lecteurs et les inciter à agir. De plus, l'auteur s'appuie sur une documentation précise dont il indique les références, ce qui permettra d'approfondir sa réflexion personnelle. Enfin, si nul n'est tenu de souscrire à chacune des propositions faites, le fait qu'elles soient posées doit conduire à les interroger de façon critique.


Lucien Willemin m'a apporté la précision suivante, le 17 juin 2023. « Une motion parlementaire vient d'être déposée au Conseil des États par un sénateur de droite pour comptabiliser les voitures non-immatriculées en Suisse.  Les 4,7 millions de voitures ornant les statistiques officielles ne concerne que les véhicules immatriculés. On ne sait donc pas combien de voitures compte le parc automobile helvétique (dito en France)
Voici le lien pour découvrir le texte déposé : https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20233677 ».

Jean-Yves Le Naour (sc.), Iñaki Holgado et Marko (ill.), Aretha Battistutta (coul.), <i>Le réseau Comète. La ligne d'évasion des pilotes alliés</i>, Bamboo, coll. « Grand Angle », 56 p., 31 mai 2023. ISBN 978 2 8189 9395 8

Présentation de l'éditeur . « Des centaines de résistants de « l’armée des ombres », discrets, silencieux, un « ordre de la nuit » fait...