tag:blogger.com,1999:blog-19226906195407862012024-03-21T23:31:21.746+01:00Bulles et bouquinsLeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.comBlogger143125tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-27233712765449703752023-08-31T21:16:00.002+02:002023-08-31T21:16:20.830+02:00Jean-Yves Le Naour (sc.), Iñaki Holgado et Marko (ill.), Aretha Battistutta (coul.), Le réseau Comète. La ligne d'évasion des pilotes alliés, Bamboo, coll. « Grand Angle », 56 p., 31 mai 2023. ISBN 978 2 8189 9395 8<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/comete/le_reseau_comete_-_histoire_complete/9782818993958" target="_blank"></a></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9oDxhfEdXeA3DnH7vhbtSDnr6y8bDkAyoucchnvMuZSs3L4w_DzkZ5BQjJn40juC18o35TJvAVfnOWgH_PTAtbl0TAedr05G2EE3r-3A_q1a2cQ1KZJCFFTA2MknRRMLRInmmjZRfWI1hjBueHykR7lLcc6XhhmrlI04b5HvZaj32s308gAF14EZRAcBJ/s673/Comete.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="673" data-original-width="509" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9oDxhfEdXeA3DnH7vhbtSDnr6y8bDkAyoucchnvMuZSs3L4w_DzkZ5BQjJn40juC18o35TJvAVfnOWgH_PTAtbl0TAedr05G2EE3r-3A_q1a2cQ1KZJCFFTA2MknRRMLRInmmjZRfWI1hjBueHykR7lLcc6XhhmrlI04b5HvZaj32s308gAF14EZRAcBJ/w303-h400/Comete.jpg" width="303" /></a></span></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><br /><a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/comete/le_reseau_comete_-_histoire_complete/9782818993958" target="_blank">Présentation de l'éditeur</a>. </span><span style="font-size: small;">« Des centaines de résistants de « l’armée des
ombres », discrets, silencieux, un « ordre de la nuit » fait de petites
mains, qui hébergent, qui convoient, qui ravitaillent et sans lesquels
rien n’aurait été possible.</span></span><p></p><div class="mb-10px"><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">
</span></span></div>
</div><span style="font-family: Open Sans;">
</span><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">Des centaines de résistants de « l’armée des ombres »,
discrets, silencieux, organisent le plus grand réseau d’évasion de la
Seconde Guerre mondiale. Son but : conduire des aviateurs de Belgique
jusqu’au Pays-Basque, en évitant les patrouilles allemandes, les
gendarmes de Vichy et les garde-frontières franquistes.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">
<span style="font-size: small;">Voici l’histoire d’une montagne indomptable, d’une comète qui
traversait la France en déchirant la nuit de l’occupation, l’histoire
d’hommes et de femmes rebelles dont la liberté guidait les pas, un
« ordre de la nuit » sans lequel rien n’aurait été possible ».</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span>Parmi les réseaux d'évasion qui s'organisèrent pendant l'Occupation, Comète est probablement l'un de ceux qui ont acquis une notoriété importante, à défaut d'être bien connu. Dès la campagne de France, bon nombre d'évadés ont pu être aidés, quelle que soit leur nationalité, en trouvant un refuge, de quoi se nourrir, des vêtements civils, voire même des faux papiers d'identité. Peu à peu, de véritables filières se mirent en place pour aider à leur déplacement, à l'échelle d'un département, d'une région, voire même à l'échelle internationale. Le Royaume-Uni comprit l'intérêt de ces organisations, capables de rapatrier les memb</span></span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span>res des équipages abattus : leur formation, la nature de leur spécialité, et leur nombre relativement assez limité, furent des arguments qui</span></span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"> convainquirent les autorités britanniques. Comète était l'une d'elles.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">C'est la Bruxelloise Andrée de Jo</span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">ngh (née en 1916)</span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"> qui en est à l'origine. Comme beaucoup, elle a ét</span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">é influencée par l'exemple de ceux qui résistèrent à l'occupation allemande de la Belgique. Il s'agit notamment d'Edith Cavell</span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">, infirmière britannique membre du MI6, fusillée en octobre 1915 pour avoir organisé l'évasion de soldats alliés vers les Pays-Bas. Dessinatrice publicitaire, Andrée de Jongh exerce en 1940 comme infirmière</span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">. Avec son père, elle aide des soldats alliés à échapper à la captivité. À partir de l'été 1941, elle organise des convoiements vers l'Espagne, participant personnellement à la plupart d'entre eux. La ligne d'évasion prend le nom de Comète (<i>The Comet Line</i>), reconnue par le MI9 qui le finance. Andrée de Jongh cherche cependant à préserver l'autonomie de l'organisation, qui intéresse également les services secrets belges. Elle est arrêtée au Pays basque en janvier 1943, et déportée sous le statut NN (Nacht und Nebel), mais pu être rapatriée en 1945. Son père lui avait succédé à la tête du réseau, mais il est arrêté rapidement en juin 1943 et fusillé au Mont-Valérien. Entre août 1941 et juin 1944, Comète prend en charge près de sept cents Alliés, dont la moitié parvient en Espagne grâce à l'action de deux milliers de personnes, dont un grand nombre de femmes. Elles représentent d'ailleurs le tiers des 155 agents fusillés ou morts en prison ou en déportation.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">L'album se concentre principalement sur les activités de Comète au Pays basque. Cela résulte du choix des auteurs, qui ont pris comme angle d'entrée le témoignage de Christiane Saldias, qui fut membre du réseau. Cela donne un récit plus vivant, avec un personnage central que l'on suit et auquel on peut s'identifier. En revanche, le risque est de basculer dans le panégyrique, sous couvert d'hommage. Andrée de Joncq apparaît ainsi dans une dimension héroïsante, transcendée par son énergie, mais dont on perçoit mal les fragilités. Heureusement, ce trait ne caractérise pas l'ensemble de l'album. Les auteurs ont pris soin d'évoquer </span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">la place importante des femmes en insistant sur la modestie de leurs actions, mais aussi </span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">les maladresses et l'inconscience de certains évadés, les trahisons de voisins... Avec la complaisance, voire même la complicité de douaniers, de contrôleurs, on parvient à un récit qui s'équilibre. Il y réussit d'autant mieux qu'il est soutenu par le dessin d'Holgado et Marko, réhaussé par les couleurs d'Aretha Battistutta. Une scène (entre autres) peut l'illustrer, qui montre la colonne des évadés dans les Pyrénées, alors que l'aube pointe à l'horizon. Le même paysage a d'ailleurs servi en couverture, mais avec un autre angle de vue et l'ombre inquiétante de deux soldats allemands.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Enfin, on appréciera le dossier documentaire qui clôt l'album, qui permettra d'aller un peu plus loin que la bande dessinée. </span><br /></span></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-62632533771349486642023-07-10T16:58:00.004+02:002023-07-10T16:58:24.827+02:00Tristan Josse (ill.), Greg Lofé (coul.), Kid Toussaint (sc.), De l'autre côté du Mur, Bamboo éd., coll. « Grand Angle », 26 avril 2023, 64 pages, 16,90 €. ISBN : 978 281 898 9081<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><p style="text-align: left;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaaF6jyB0alfo6rTucRylfo8AG4hWrU2TTer6MAMc2UlMaNmLrOIyZWPmA-6tFNJFYx9jjPYe-2AEL944Rl1yjhZ13CAMTjlnfgmWN6Ih1IfZXd83ZA6fHBXmImtAVeA3_9SaWDH0tEeYRgKVO7UX__wPl7sZqE6ZSHNTwanNLUf4eU6AqBcR--BfxD-Bj/s673/Berlin.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="673" data-original-width="509" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaaF6jyB0alfo6rTucRylfo8AG4hWrU2TTer6MAMc2UlMaNmLrOIyZWPmA-6tFNJFYx9jjPYe-2AEL944Rl1yjhZ13CAMTjlnfgmWN6Ih1IfZXd83ZA6fHBXmImtAVeA3_9SaWDH0tEeYRgKVO7UX__wPl7sZqE6ZSHNTwanNLUf4eU6AqBcR--BfxD-Bj/w303-h400/Berlin.jpg" width="303" /></a><span style="font-family: Open Sans;"></span></div><span style="font-family: Open Sans;"> <a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/de_l_autre_cote_du_mur/de_l_autre_cote_du_mur_-_histoire_complete/9782818989081" target="_blank">Présentation de l'éditeur</a>.<b><div style="text-align: left;">« Bâtissez un mur et l’Homme passera à sa guise…</div></b></span><p></p><div class="tabsContent" id="resume" style="text-align: left;"><div class="mb-10px"><span style="font-family: Open Sans;"><b>
</b></span>
</div>
<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">1961. Conrad vit de contrebande dans toute l’Europe au mépris
du rideau de fer. Julius est un passeur et fait de fréquents
allers-retours entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. Ludwig a quitté l’Est le
premier jour qui a suivi l’édification du mur… puis il est revenu… puis
il est reparti. Quant à Hanna, elle passe elle aussi d’Est en Ouest
comme bon lui semble, empruntant des déguisements et des faux papiers de
plus en plus audacieux.</span></div>
<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">Alors que les autorités renforcent les dispositifs de défense du
mur, les quatre « passe-murailles » solitaires sont réunis pour une
mission bien précise : organiser une évasion d’envergure d’habitants de
Berlin-Est ».</span></div>
</div><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">Comme l'indique déjà la présentation faite par l'éditeur, <i>De l'autre côté du Mur</i> s'appuie sur quatre personnages principaux qui, chacun de leur côté et pour des motifs divers, s'évertuent à considérer que l'ancienne capitale reste une et indivisible. Les vicissitudes des relations internationales n'ont guère de prise sur eux, sinon d'être une source de revenus, de prestige ou d'aventure. Voire les trois à la fois. Le Berlin des années 1960 est un terrain idéal pour la réalisation de leurs exploits, surtout ses sous-sols. Comme on l'a lu précédemment, un tournant s'opère quand on leur propose de donner à leurs activités prennent une ampleur qu'ils n'envisageaient pas au départ : « vous allez organiser la plus grande évasion de ressortissants de RDA vers la liberté ». Celle-ci doit avoir lieu le 13 août, date anniversaire de l'édification du Mur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">Pour peu qu'on n'ait pas encore lu le texte de la quatrième de couverture (et même si on l'a fait…), l'illustration choisie pour la première laisse présager une évocation sombre et inquiétante. Un homme se tient face au Mur, surmonté de barbelés. Au-delà, on perçoit les lumières chatoyantes de la partie occidentale de Berlin, contrastant avec le gris des matériaux. La main de l'homme tient fermement une tenaille, ce qui renvoie à une impression de résolution : il défie le Mur et ses défenses, qu'il s'apprête à franchir. Le danger est là : des impacts de balles ont entamé les briques, qu'éclaire un projecteur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">L'album s'ouvre par une discrète évocation de l'évasion de Conrad Schumann, le 15 août 1961. Des photographies de </span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">Peter Leibing ont immortalisé son bond par-dessus un rouleau de barbelés, contribuant à faire du jeune garde-frontière est-allemand l'incarnation de tout un peuple épris de liberté, d'autant plus qu'il est un membre de l'appareil de répression. Cependant, les auteurs ne tardent pas à prendre le lecteur à contre-pied : l'atmosphère lourde cède rapidement la place à l'humour et à la dérision. En page 8, par exemple, une pile de magazines Bamboo (sans doute un hasard…), propres à susciter la concupiscence, est découverte dans un coffre de voiture. Le dynamisme du récit est très bien soutenu par le trait vif de Tristant Josse.<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">À ce compte-là, on ne peut s'empêcher de penser à des films comme <i>La Grande Évasion</i> (John Sturges, <i>The Great Escape</i>, 1963) ou à son pendant franchouillard <i>La Grande Vadrouille</i> (Claude Zidi, 1966) ; </span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">on laissera sous leur poussière </span>de bien pires pitreries. <i>De l'autre côté du Mur</i> se tient entre les deux premières réalisations. Du premier film, les auteurs ont gardé l</span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">'ingéniosité et l'aplomb des quatre personnages principaux (la moto de Steve McQueen se transformant au passage en scooter, façon de montrer que les moyens financiers de la bande dessinée sont bien moindres que ceux du cinéma) ; du seconde tient la ridiculisation des services de sécurité de la RDA (sans planeur, mais toujours sans hélice : c'est là qu'est l'os, hélas…). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">Mais c'est surtout le premier aspect qui domine, notamment par les ruses employées par les passeurs, non sans quelques passages dramatiques. La dernière page accentue le trait par un retour aux données réelles. Il est rappelé que s'il y eut environ 200 000 tentatives de franchissement du Mur en une trentaine d'années, un peu plus des trois-quarts échouèrent et environ 250 personnes périrent. Encore ne s'agit-il que d'une portion de la séparation entre l'Est et l'Ouest, qui ne prend pas en compte les centaines de kilomètres du Rideau de fer. C'est là qu'on regrette qu'il n'y ait pas, comme dans beaucoup d'albums de Grand Angle qui s'appuient sur l'Histoire, un petit dossier documentaire.<br /></span></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-45255463716544353632023-06-15T17:21:00.005+02:002023-06-17T14:12:14.877+02:00Lucien Willemin, Halte au gaspillage automobile. Prenez soin de vous, achetez d'occasion !, éditions d'En-Bas, avril 2023, 50 p., 7 €. ISBN : 9782829006609<div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyf31VRPDFzQawpJ8s3mU7ATbSnU4Sa8XS3YJHw-n1fZa9tdO19-EQMO3k40TuAne80uZGyjVC5GjbisEf9iL5yDbaWiHEf-7ek7quChW3Z-yfs1cCKQpDRDa5f1twBIgsrGeTobpdALKeWpla6X2DkzMzRMvYVvOaEdjPkPLfkJsvjR7vZv-ObOJwVA/s728/Lucien_Willemin_Couverture_FINAL_PRINT_VD_Page_1_Site.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="719" data-original-width="728" height="316" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyf31VRPDFzQawpJ8s3mU7ATbSnU4Sa8XS3YJHw-n1fZa9tdO19-EQMO3k40TuAne80uZGyjVC5GjbisEf9iL5yDbaWiHEf-7ek7quChW3Z-yfs1cCKQpDRDa5f1twBIgsrGeTobpdALKeWpla6X2DkzMzRMvYVvOaEdjPkPLfkJsvjR7vZv-ObOJwVA/s320/Lucien_Willemin_Couverture_FINAL_PRINT_VD_Page_1_Site.png" width="320" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><br /><span><br /> <a href="https://enbas.net/lucien-willemin-halte-au-gaspillage-automobile-prenez-soin-de-vous-achetez-doccasion/" target="_blank">Présentation de l'éditeur</a>. « Pourquoi garder sa vieille voiture pollue moins que d’en acheter une neuve ?</span></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><span>
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>Comment nos programmes politiques actuels poussent au gaspillage automobile ?</span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span>
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>Quel impact le gaspillage automobile a-t-il sur nos vies, notre santé, nos enfants ?</span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span>
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>En lisant ce petit livre, vous le comprendrez !</span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span>
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>La focalisation climatique pousse au gaspillage automobile.<br />
Changer régulièrement de voiture pour économiser de l’énergie et ainsi
réduire les émissions de CO2 est une politique réductrice et fâcheuse
pour nos vies.<br />
Car elle nous encourage à augmenter notre consommation de matériel et par là même à gaspiller des véhicules.<br />
Or, le gaspillage n’est bon ni pour le climat, ni pour la biodiversité, ni pour le vivant.</span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span>
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>Ce livre est accompagné d’un appel à une intervention gouvernementale
pour un changement de cap en matière de politique automobile afin que
cesse ce gaspillage. Appel soutenu par des personnalités réputées
actives dans les domaines du climat, de l’environnement, de l’économie
et des droits humains. Le gouvernement Suisse sera interpellé.</span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span>
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>L’auteur nous livre ici une réflexion hors norme. A lire absolument ! ».</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Pour mieux comprendre les enjeux qui nous concernent, il est essentiel de ne pas négliger d'ouvrir son regard à d'autres pays. Lucien Willemin est un auteur suisse. Il a travaillé dans les secteurs horlogers et immobiliers, activités qu'il a quittées pour réfléchir aux questions environnementales. Cela a donné lieu à la publication de trois livres : <i>En voiture Simone ! ;</i> <i>Fonce Alphonse !</i> ; <i>Tu parles Charles!</i> (G d’encre). Comme le présent <i>Halte au gaspillage automobile</i>, il s'agit de formats très courts, dont le but est précisé sur le <a href="https://lucien.lu/collection/" target="_blank">site de Lucien Willemin</a> : « des interpellations citoyennes, des « remue-méninges »
constructifs sur des questions de société fondamentales et actuelles qui
nous concernent tous. Ces publications lanceront sans doute le débat
public avec l’espoir que les réflexions suscitées soient reprises par
les politiciens pour leur donner vie. […] Offrir à ceux qui le désirent la possibilité par une lecture facile
sollicitant peu de temps de mieux comprendre la question
environnementale et leurs permettre de passer aisément du stade de
suiveur à celui d’acteur ». </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Pour compléter sa démarche, Lucien Willemin a fondé <a href="https://lachaussurerouge.net/" target="_blank">La Chaussure Rouge</a>, un réseau qui fédère les personnes qui souhaitent changer leur mode de vie, voire même s'engager pour développer cette dynamique. La couverture de <i>Halte au gaspillage automobile</i> </span></span><span style="font-size: medium;"><span><span style="font-size: medium;"><span>est d'ailleurs frappée du logotype de La Chaussure rouge et de son slogan : « Prendre soin de la vie ! ».</span></span> </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>En quoi cet ouvrage peut-il aider à « prendre soin de la vie » ? La thèse de Lucien Willemin tient à la place exorbitante prise par les véhicules automobiles dans nos sociétés. </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Pour cela, Lucien Willemin part du scandale de la firme Volkswagen qui, en 2015, avait voulu masquer la pollution réelle de ses moteurs. Cela entraîne la destruction de 300 000 voitures, et, par conséquent, la fabrication de nouvelles. Voilà l'exemple même du « gaspillage automobile ».</span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Le réchauffement climatique, l'augmentation du coût de l'énergie ont amené les autorités politiques, dans leur cadre national, à prendre des mesures pour réduire les rejets liés au transport automobile. Pourtant, les émissions de gaz carbonique n'ont pas cessé de croître. </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Que faire ? Généraliser les vignettes Crit'Air, donc interdire certains véhicules de circulation ? Opter pour des moteurs électriques ou à hydrogène ? Cela reviendrait à exclure la partie la moins aisée de la population, et à considérer que les aides prévues soient des subventions déguisées à l'industrie automobile. Lucien Willemin y voit une nouvelle source de gaspillage : on se débarrasse de voitures qui peuvent encore rouler ; on en produit de nouvelles ; on consomme donc de nouvelles ressources, etc. L'argument sanitaire est un leurre, selon lui, car on néglige les rejets de particules provoqués par l'abrasion des pneus et des freins, et le brassage de celles qui sont déjà présentes sur la chaussée, ce qui constitue la majorité des émanations des véhicules, alors que les pots d'échappement ne peuvent être incriminés que pour 12 % du total. Ajoutons une évidence : ces mesures publiques impliquent des sources financières publiques, donc l'argent de tout un chacun.<br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>La fabrication d'une nouvelle voiture suppose un développement de la déforestation, pour accéder aux matières premières (minerais…). Des ressources (énergie, eau…) sont indispensables pour produire les matériaux, les transporter, les assembler, sans négliger les particules chimiques nocives qui vont se retrouver dans l'air, l'eau, les sols. Dans les deux cas, ce sont </span></span><span style="font-size: medium;"><span>d'importantes atteintes au vivant, à la biodiversité, que ne compensent pas les avantages liés à l'usage d'un véhicule considéré comme « propre » (moins d'émissions de gaz carbonique). On y ajoutera le coût humain, victimes d'accidents et des conséquences indirectes (pollution).<br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>La solution serait-elle donc de garder l'ancien ? Lucien Willemin estime que la pollution chimique a des effets irrémédiables qui ne peuvent pas être compensés. Il faut donc éviter de limiter sa réflexion au seul réchauffement climatique : les mesures prises pour baisser la consommation d'énergie se traduisent par une consommation matérielle accrue. </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Pour répondre au triple défi (dérèglement climatique ; pollution chimique ; baisse de la biodiversité), il pense que la solution réside dans une baisse de la consommation et une meilleure utilisation de qu'on acquiert. Cela suppose de réparer, et aller jusqu'à complète usure. Évidemment, il y a lieu d'encourager l'amélioration des qualités des véhicules (consommation, émissions, rendement…).<br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Autrement dit — selon sa formule — : « plus de moins ». Une évidence est de combattre le surplus de véhicules, dont le nombre croît dans des proportions qui n'ont rien de commun avec la démographie.<br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>La voie n'est donc pas dans la technique ou la recherche de nouvelles sources d'énergie : les ressources continueront à s'épuiser. Elle n'est pas davantage dans l'exportation des voitures usagées dans des régions économiquement moins favorisées : avec elles, on exporte la pollution et les dangers sanitaires que l'on veut s'éviter, en toute bonne conscience. Malgré ses avantages évidents (limiter la consommation) qu'il ne faut pas repousser, le recyclage comporte des limites : il suppose de transporter les véhicules, les pièces, de l'énergie, des produits divers, donc de la pollution. </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Lucien Willemin esquisse enfin un programme politique pour limiter au maximum le gaspillage automobile. En plus des mesures déjà indiquées, il ajoute une révision des normes techniques, de la fiscalité, des infrastructures de circulation, des transports, etc. Ajoutons que les automobiles sont en réalité immobiles la plupart du temps, accrochées qu'elles sont dans un garage, à une place de stationnement, alors que, paradoxalement, leur emprise spatiale est considérable. Leur mise en commun, leur partage, la location sont à envisager, ce qui revient à en remettre en cause la propriété privée. <br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>L'initiative de Lucien Willemin se concrétise en Suisse. Deux cents garages ont signé une interpellation des instances fédérales pour mieux valoriser les véhicules d'occasion, ce qui, pour eux, est gage de travail et d'économies financières (une voiture d'occasion non utilisée reste une charge).</span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span><i>Halte au gaspillage automobile</i> est écrit dans un style assez direct, plaisant, qui répond bien à la mission de la collection : interpeller les lecteurs et les inciter à agir. De plus, l'auteur s'appuie sur une documentation précise dont il indique les références, ce qui permettra d'approfondir sa réflexion personnelle. Enfin, si nul n'est tenu de souscrire à chacune des propositions faites, le fait qu'elles soient posées doit conduire à les interroger de façon critique.</span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span><br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span><span>Lucien Willemin m'a apporté la précision suivante, le 17 juin 2023. « </span></span>Une motion parlementaire vient d'être déposée au Conseil
des États par un sénateur de droite pour comptabiliser les voitures
non-immatriculées en Suisse. Les 4,7 millions de voitures ornant
les statistiques officielles ne concerne que les véhicules
immatriculés. On ne sait donc pas combien de voitures compte le parc
automobile helvétique (dito en France) <br />
Voici le lien pour découvrir le texte déposé : <a class="moz-txt-link-freetext" href="https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20233677">https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20233677</a> ».</span></span></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-27615036852255416812023-05-11T15:59:00.420+02:002023-05-11T17:52:04.558+02:00Philippe Boursier, Clémence Guimont (coord.), Écologies. Le vivant et le social, La Découverte, coll. « Hors collection Sciences humaines », 12 janvier 2023, 624 p., 28 €. ISBN : 9782348076886. <div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLIXOvBOBZFEQ9EauMQzawgpQAyv1p9QyuFkqvvlXFeUIC_RV7lE9dpdsTvAuboi80ZyMEUV7kdrwnQ8vArkLsP1eRmrgx_T8XHzWaVBkQ2BfXXxNhu8syo9QnbGAZ7aQueVeaaWH7e9T6hzXTs6JlWkMqi8ymZ1N2RPgUGxtDErMCj4Bv5y9TVRdaOw/s1129/Ecologies.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1129" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLIXOvBOBZFEQ9EauMQzawgpQAyv1p9QyuFkqvvlXFeUIC_RV7lE9dpdsTvAuboi80ZyMEUV7kdrwnQ8vArkLsP1eRmrgx_T8XHzWaVBkQ2BfXXxNhu8syo9QnbGAZ7aQueVeaaWH7e9T6hzXTs6JlWkMqi8ymZ1N2RPgUGxtDErMCj4Bv5y9TVRdaOw/w284-h400/Ecologies.jpg" width="284" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><span><span><a href="https://www.editionsladecouverte.fr/ecologies-9782348076886" target="_blank">Présentation de l'éditeur.</a> « Les crises écologiques multiples frappent avec une intensité croissante
les écosystèmes, les groupes humains et non humains. Sous la pression du
temps qu'elles gaspillent et des intérêts dominants qui les orientent,
les sociétés mettent en péril leur propre survie et l'habitabilité de la
planète. Il est donc impératif d'assumer le défi d'un grand virage
écologique émancipateur.
</span><br /><span> Se croisent ici, avec rigueur et clarté, des approches issues des
sciences sociales et des sciences de la nature, pour éclairer les
processus qui précipitent les dévastations du vivant et exacerbent les
inégalités. Sont aussi explorées les manières désirables et réalistes de
prévenir, d'atténuer, d'empêcher les désastres mais aussi de vivre
mieux.
</span><br /><span> Ce livre porte la voix des écologies qui œuvrent à une véritable
critique des dominations et du statu quo. Deux approches sont articulées
: l'une, intersectionnelle et anticapitaliste, ancrée dans la dynamique
des mobilisations sociales ; l'autre, plus attentive aux liens que les
sociétés humaines tissent avec le vivant non humain. Écoféminismes,
extractivisme, racisme environnemental, politiques publiques, finance
verte, cause animale ou droits de la nature sont autant de sujets
décisifs abordés avec lucidité.
</span><br /><span> Près de 70 contributions thématiques de scientifiques, de
philosophes, de journalistes et d'activistes, très accessibles et
documentées, accompagnées de lexiques et ressources bibliographiques,
pour saisir l'ampleur des défis auxquels se confrontent les écologies
contemporaines ».</span></span></span></div><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span>
<br /></span></span></span></p><span style="font-family: Open Sans;">
</span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Le nombre des contributions, rappelé dans la présentation de l'éditeur, pourrait suffire à justifier le pluriel donné au mot « écologie » dans le titre de l'ouvrage. Mais c'est évidemment la pluralité des angles d'approche proposés (agronomie, philosophie, sciences politiques…) qui a plus de chances d'emporter la conviction du lecteur. À cette fin, on pourra prendre connaissance de la </span></span><span style="font-size: medium;"><span><a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2023/05/philippe-boursier-clemence-guimont.html#TdM">table des matières</a>, ci-dessous. </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Quatre parties organisent cette somme de plus de six cents pages. La première, « </span></span><span style="font-size: medium;"><span>Comptes à rebours », établit un constat de la situation. La deuxième s'interroge sur les causes qui l'expliquent : « D'où proviennent les catastrophes ? ». Avec la troisième, « </span></span><span style="font-size: medium;">Des écologies émancipatrices », les auteurs abordent la question de la « nature » et de l'écologie, sous le rapport des différentes formes d'émancipation à l'œuvre. Par la suite, ils font le lien entre la situation actuelle et l'héritage de la colonisation (« Écologies décoloniales »). Enfin, la dernière (« S'en sortir ») , et la plus volumineuse, ouvre la porte à l'optimisme : il est possible de faire quelque chose pour combattre la catastrophe ; elle n'est donc pas inéluctable.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">On ne peut raisonnablement pas faire un compte rendu de chaque contribution. Cependant, l'une des réflexions qui surgissent à la lecture des premières pages — et qui sous-tend l'ensemble de l'ouvrage —, est l'intuition de Murray Bookchin, qu'il a largement développée par la suite, selon quoi il y a un lien très fort entre les luttes sociales et les luttes écologiques. Et ce lien est constitué par la domination, concrétisée par l'exploitation des ressources, vivantes ou non, y compris l'humain lui-même. Autrement dit, que les hommes agissent sur les écosystèmes, et ils agissent sur eux-mêmes. De la même façon, l'évolution des écosystèmes entraîne des conséquences sur les sociétés humaines, que ce soient la diminution de la biodiversité, les atteintes au vivant et au non-vivant, le dérèglement climatique.<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Les plus vulnérables sont évidemment les premières à les subir, à quelle échelle que ce soit. Ce sont les populations des pays économiquement les plus faibles, dont la situation doit beaucoup à l'exploitation coloniale, qui survit sous d'autres traits depuis les prises d'indépendance. Dans les sociétés prétendument développées, ce sont les couches sociales les plus fragiles qui vivent déjà dans des conditions précaires. Et partout, ce sont toutes les victimes de la domination, quelle qu'en soit l'expression : les femmes, les salariés, etc. Le mot « domination », là encore, mérite un pluriel, même si le capitalisme est le premier mis en cause (qu'il soit « vert » ne change pas grand chose à l'affaire). Et, finalement, c'est l'ensemble de la population (y compris les dominants) qui est exposée. Zoé Rollin rappelle la croissance des formes de cancer depuis le développement des industries pétro-chimiques, qui touchent les agriculteurs eux-mêmes </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Ce qui signifie donc qu'une coordination des luttes, sociales et écologiques, doit émerger et est en train de le faire : la fin du monde et les fins de mois vont de pair. De récents épisodes, en France (mais pas seulement), l'ont montré, qui éclairent de plus en plus de monde : les consciences s'éveillent, malgré les biais des médias. La manifestation qui a eu lieu à Sainte-Soline a clairement montré l'accaparement d'une ressource essentielle à tous, pour le seul profit d'une petite poignée d'exploitants agricoles au service de l'agro-industrie. Elle a montré également la collusion entre le pouvoir politique et le pouvoir économique, dont la protection des intérêts a été assurée par les moyens militaires des forces dites « de l'ordre ». On a ainsi vu que l'enjeu était celui de la domination par une minorité capitalistique de l'eau, de la terre, donc de biens communs, ce qui s'est traduit par un combat brutal contre ceux qui la dénonçait. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Devient donc de plus en plus perceptible et plus en plus sensible, dans l'opinion publique, une mutation déjà amorcée, à savoir celle de la perception de l'écologie. Des défenseurs des petites fleurs et des animaux, bien sympathiques dès lors qu'ils ne remuent pas trop, des contempteurs du nucléaire et des pollutions (moins bien considérés, notamment à cause du chantage à l'emploi…), rassemblés au sein de l'écologie au singulier, on envisage de plus en plus l'urgence du pluriel. Il y a une écologie environnementale ; il y a une écologie sociale; il y a un éco-féminisme ; il y a une écologie qui rejoint l'anti-colonialisme… On parle, pour préserver l'idée d'une cohérence de tous ces combats, d'une écologie intersectionnelle. Concrètement, cela se traduit par un accès de plus en plus large des individus à la sobriété (voir l'article de Barbara Nicoloso), les « petits gestes », le développement de l'alimentation végétale, d'une consommation biologique, des circuits courts</span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">… À quoi la communication gouvernementale ne manque pas de se référer et d'inciter, tentant de masquer ou son impuissance, ou son manque de volonté politique, ou son cynisme, ou, plus certainement, tout cela à la fois. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">On comprend, bien évidemment, que pour « S'en sortir », un élargissement de l'angle d'attaque est indispensable. La </span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">technologie, défendue sous couvert d'indépendance nationale, est une illusion, tant elle exige toujours davantage de ressources, importées en grande partie, en consolidant les rapports de domination. Les</span></span> initiatives individuelles apparaissent bien vaines, même si elles illustrent que l'état d'esprit est en train de changer, ce qui n'est pas négligeable. La solution exige surtout de considérer l'ensemble du système, et donc une action globale.<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"> <br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p><h4 style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2023/05/philippe-boursier-clemence-guimont.html" name="TdM">Table des matières</a></span>
</h4><p><span style="font-family: Open Sans;">Écologies. Le vivant et le social,
<i>par Philippe Boursier et Clémence Guimont</i>
<br /> Témoigner de l'urgence d'agir : une ouverture par Jean Jouzel,
<i>par Jean Jouzel</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b> </b></span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"><b>Comptes à rebours</b>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b><i>Les catastrophes sont partout</i></b>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><i>No limit ? Par François Graner et le Collectif Passerelle</i>
<br /> Le temps joue contre nous,
<i>par Roland Lehoucq et le Collectif Passerelle</i>
<br /> Planète bleue ?
<i>Par Jérôme Weiss</i>
<br /> Trop d'eau, pas assez d'eau...Se mouiller collectivement pour faire face,
<i>par Geremy Panthou, Basile Hector et Christophe Peugeot</i>
<br /> Sans risques, le nucléaire ?
<i>Par Bernard Laponche</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b><i>Des trous dans la planète</i></b>
<br /> Biodiversité : l'essence de la crise précède son existence,
<i>par Vincent Devictor</i>
<br /> Océans naufragés,
<i>par Catherine Le Gall</i>
<br /> " Espèces invasives " : une catégorie envahissante ?
<i>Par Philippe Chailan, Séverine Harnois et Philippe Boursier</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b><i>Humains face au désastre</i></b>
<br /> Demain, des guerres de l'eau ?
<i>Par Mathias Delori</i>
<br /> Les jours d'après seront crises " sanitaires ",
<i>par Camille Besombes</i>
<br /> Rongés : la fabrique sociale et écologique des cancers,
<i>par Zoé Rollin</i>
<br /> La santé des travailleurs est-elle soluble dans la santé environnementale ?
<i>Par Annie Thébaud-Mony</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b><i>Quels mondes s'effondrent ?</i></b>
<br /> Basculements ?
<i>Par Jérôme Baschet</i>
<br /> Peut-on encore éviter l'effondrement ?
<i>Par Luc Semal</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b> </b></span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"><b>D'où proviennent les catastrophes ?<br /> <i>Qui est coupable ?</i></b>
<br /> La population : un coupable (trop) idéal de la crise écologique,
<i>par Hugo Lassalle</i>
<br /> Les animaux, des viandes ?
<i>Par Émilie Dardenne</i>
<br /> Criminels climatiques,
<i>par Mickaël Correia</i>
<br /> Existe-t-il vraiment des alternatives aux pesticides ?
<i>Par Alexis Aulagnier</i>
<br /> Consommateurs et consommatrices d'énergie, deux fois coupables ?
<i>Par Joseph Cacciari</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b><i>Capitalismes sans issue</i></b>
<br /> La finance " verte " pour sauver la planète (financière) ?
<i>Par Lucie Pinson</i>
<br /> L'air : une marchandise, un marché ?
<i>Par Antonin Pottier</i>
<br /> L'urgence de sortir de l'agriculture industrielle,
<i>par Hélène Tordjman</i>
<br /> Pourquoi l'impunité industrielle ?
<i>Par Thomas Le Roux</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b><i>Les gouvernants en action ?</i></b>
<br /> Les COP, beaucoup de blabla, mais pas que,
<i>par Sandrine Mathy</i>
<br /> Dernière station avant l'apocalypse ? L'économie relancée contre l'humanité,
<i>par Clément Sénéchal</i>
<br /> Changement climatique : l'État (ir)responsable,
<i> par Marine Fleury</i>
<br /> Les lobbies font-ils la loi ?
<i> Par Guillaume Courty</i>
<br /> Quels obstacles pour l'action publique de l'environnement ?
<i>Par Clémence Guimont</i>
<br /> Les villes et le climat : (im)puissance publique ?
<i>Par Cégolène Frisque</i> </span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b>Des écologies émancipatrices<br /> <i>Naturelle la "nature " ?</i></b>
<br /> De quelle nature est la société ?
<i>Par Philippe Chailan et Philippe Boursier</i>
<br /> La Nature, constructions historiques et techniques,
<i>par Jérôme Lamy</i>
<br /> Biodiversité, ingénierie écologique et domination de la nature,
<i>par Clémence Guimont</i>
<br /> Le commun est-il si commun ? Nature et conflits de classe,
<i>par Gabriel Mahéo</i>
<br /> Causes animales, luttes sociales : une histoire partagée ?
<i>Par Roméo Bondon</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b><i>L'écologie, c'est classe - et genre ?</i></b>
<br /> Le commun des mortels : quelle écologie inclusive ?
<i>Par Philippe Chailan et Philippe Boursier</i>
<br /> Aires d'accueil des gens du voyage : un racisme environnemental ?
<i>Par William Acker</i>
<br /> Inégalités environnementales,
<i>par Valérie Deldrève</i>
<br /> Le patriarcat contre la planète ? Débats écoféministes,
<i>par Jeanne Burgart Goutal</i>
<br /> Peut-on concilier une recherche d'émancipation féministe et un mode de vie plus écolo ?
<i>Par Constance Rimlinger</i>
<br /> Les imaginaires écologistes au prisme de l'intersectionnalité ?
<i>Par Stéphane Lavignotte</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b> </b></span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"><b>Écologies décoloniales</b>
<br /> Exploitations, colonialismes et crimes écologiques,
<i>par Marie Thiann-Bo Morel</i>
<br /> Fantasmes d'une nature vierge et colonialisme vert,
<i>par Guillaume Blanc</i>
<br /> Chlordécone, un crime d'État impuni ?
<i>Par Patrick Le Moal et Philippe Pierre-Charles</i>
<br /> Exploitations extractivistes ?
<i>Par Assia Boutaleb et Thomas Brisson</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b> </b></span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"><b>S'en sortir <br /> <i>Grandes luttes ou petits gestes ?</i></b>
<br /> Écologiser la démocratie,
<i>par Clémence Guimont et Tin-Ifsan Floch</i>
<br /> Le climat : au bonheur des juges ?
<i>Par Marine Fleury</i>
<br /> Peut-on s'engager par sa consommation ?
<i>Par Sophie Dubuisson-Quellier</i>
<br /> Les indigènes à l'avant-garde du combat en Amérique latine,
<i>par Michael Löwy</i>
<br /> Irréductibles. Les zones autonomes comme conquête écologique,
<i>par Sylvaine Bulle</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b><i>Écologies populaires</i></b>
<br /> Sobriété = égalité ?
<i>Par Barbara Nicoloso</i>
<br /> Plus d'écologie = moins d'emplois ?
<i>Par Laurent Éloi </i>
<br /> Des graines et des émeutes : pourquoi reprendre des terres
<br /> en ville,
<i>par Jade Lindgaard</i>
<br /> Liberté de circuler, droit de respirer. Pour une écologie Populaire,
<i>par Fatima Ouassak</i>
<br /> La démocratie sociale au secours du vivant,
<i>par Philippe Boursier</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><i><b>Éléments de politique publique écologique</b></i>
<br /> Gratuité des transports, pourquoi pas ?
<i>Par Marianne Fischman</i>
<br /> Faire passer les enfants avant les voitures : comment changer le visage d'une ville avec un plan de circulation ?
<i>Par Sébastien Marrec, Florian Le Villain et Guy Baudelle</i>
<br /> Transition ou bifurcation ?
<br /> Énergétique ou écologique ?
<i>Par Cégolène Frisque</i>
<br /> Quelle planification écologique ?
<i>Par Hannah Bensussan</i>
<br /> Une sécurité sociale écologique ?
<i>Par Marianne Fischman</i>
<br /> Les communs, de l'invisibilité à de nouveaux horizons,
<i>par Gilles Allaire</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><i><b>D'autres mondes sont possibles</b></i>
<br /> L'agroécologie peut-elle nous sauver ?
<i>par Marc Dufumier</i>
<br /> Vider les villes ?
<i>par Guillaume Faburel</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><i>High-tech</i> ou
<i>low-tech</i> ?
<i>Par Philippe Bihouix</i>
<br /> Une électricité 100 % renouvelable, est-ce ruineux ?
<i>Par Philippe Quirion</i>
<br /> S'extraire de l'extractivisme ?
<i>Par Doris Buu-Sao</i>
<br /> Le mouvement des droits de la nature : pour une jurisprudence du Vivant,
<i>par Marine Calmet</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><b><i>Ouverture</i></b>
<br /> La part sauvage des communs ? Une enquête écologique au Marais Wiels,
<i>par par Léna Balaud, Antoine Chopot et Allan Wei</i>
<br /> Et maintenant ?
<i>Par Philippe Boursier et Clémence Guimont</i>
<br /></span>
<span style="font-family: Open Sans;"><i><b>Remerciements.</b></i></span></p><p></p><p></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-34171586289717558522023-03-28T15:22:00.002+02:002023-03-28T15:28:41.192+02:00Philippe Pelaez (sc.), Cédrick Le Bihan (ill., coul.), Dans l'Ombre, co-éd. J.-C. Lattès/Bamboo, coll. « Grand Angle », 5 avril 2023, 88 p., 18,90 €, .ISBN : 978 2 8189 9482 5<div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/dans_l_ombre/dans_l_ombre_-_histoire_complete/9782818994825" target="_blank"></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/dans_l_ombre/dans_l_ombre_-_histoire_complete/9782818994825" target="_blank"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4qPfG0Mocyf7_0rPNYJ-f8MUWyx0YwDxOnTRhHKKtPDxryEkUEIMgSs6Jfjkeu6zbbBvlZFEO744hCLUA_if2xF5s8mJkecAvtj1fy3EGznbgMiiUmLBZN7W_kj_2gQnY4VmfI_gmIkRel7Lsh7mbLTe9IcN6SAVQyHiIGYyc914JMXvxN9u3NmZbRQ/s673/DansLOmbre.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="673" data-original-width="496" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4qPfG0Mocyf7_0rPNYJ-f8MUWyx0YwDxOnTRhHKKtPDxryEkUEIMgSs6Jfjkeu6zbbBvlZFEO744hCLUA_if2xF5s8mJkecAvtj1fy3EGznbgMiiUmLBZN7W_kj_2gQnY4VmfI_gmIkRel7Lsh7mbLTe9IcN6SAVQyHiIGYyc914JMXvxN9u3NmZbRQ/w295-h400/DansLOmbre.png" width="295" /></a></div><br /><a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/dans_l_ombre/dans_l_ombre_-_histoire_complete/9782818994825" target="_blank">Présentation de l'éditeur</a>. « <i>Une campagne présidentielle, ça se prépare. Le Patron était prêt. Moi aussi. J’allais le faire gagner</i>.</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div class="mb-10px" style="text-align: left;">
</div><span style="font-family: Open Sans;">
</span><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">Après la victoire de son « patron » à la primaire, le premier
conseiller d’un homme politique s’engage avec ferveur dans la campagne
présidentielle. Ayant sacrifié sa vie pour ce moment et ce combat, il
croyait tout connaître de son rôle, jusqu’aux compromis et aux
renoncements.</span></div><span style="font-family: Open Sans;">
</span><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">Mais rien ne pouvait le préparer à ces mois de campagne, aux
trahisons dont seuls sont capables ceux qui convoitent à tout prix le
pouvoir. Lorsqu’il doit faire face aux soupçons de fraude qui entachent
la victoire aux primaires, il en vient à questionner pour la première
fois l’honnêteté de son candidat et par là même le sens de cette vie
militante ».</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><i>Dans l'Ombre</i> est l'adaptation en bande dessinée d'un roman de Gilles Boyer et Édouard Philippe, paru en 2011 (éd.<span class="ouvrage" id="Gilles_Boyer2011"><span class="ouvrage" id="Avec_Gilles_Boyer2011"> J.-C. Lattès, <abbr class="abbr" title="collection">coll.</abbr> « Romans contemporains »<abbr class="abbr" title="pages">)</abbr></span></span>. Ces deux auteurs ont souvent travaillé ensemble. Ils avaient publié <i>L'Heure de vérité</i> (<a href="https://editions.flammarion.com/l-heure-de-verite/9782081202313" target="_blank">Flammarion</a>, 2007), où il était question des remous politiques suscités par la disparition d'un député du Morbihan et ancien ministre, Alexandre Caligny, favori de son camp à une importante élection. Ils ont récidivé en 2022 avec <i>Impressions et lignes claires</i> (éd. J.-C. Lattès).</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Qui sont ces auteurs, en dehors des activités professionnelles qu'il ont pu avoir ou ont encore ? Gilles Boyer a fait partir des structures de direction du RPR. Directeur de campagne d'Alain Juppé en 2016, il est trésorier lors de la mémorable campagne de Fr. Fillon jusqu'au 2 mars 2017. Il est élu au Parlement européen en 2019, et entre dans le groupe libéral Renew Europe.<br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Édouard Philippe (non, il ne s'agit pas d'un pseudonyme…) appartient à la même formation politique. Élu maire du Havre en 2010, il devient député de la Seine-Maritime deux ans plus tard. On sait qu'il a été nommé à Matignon de mai 2017 à juillet 2020 ; Gilles Boyer faisait partie de son cabinet.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Du côté de la BD elle-même, on connaît Philippe Pelaez. Il avait écrit le scénario du très bon album<i> </i><a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2021/07/philippe-pelaez-victor-lorenzo-pinel.html"><i>Puisqu'il faut des hommes. Joseph</i></a> (avec Victor Lorenzo Pinel aux crayons) publié dans la collection « Grand Angle » en 2020, et dont on avait rendu compte ici même. Toujours dans la même collection et paru en août 2022, on avait aussi bien apprécié <i><a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/12/philippe-pelaez-sc-et-gilles-aris-ill.html" target="_blank">L'Écluse</a></i> auquel avait participé Gilles Aris. Pour <i>Dans l'Ombre</i>, Philippe Pelaez est associé à Cédrick Le Bihan. Il ne semble pas que l'adaptation du roman ait été faite avec ses auteurs originels, même s'ils ont très probablement fait valoir quelques principes. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">La première difficulté était de passer de quatre cent trente-deux pages à quatre-vingt-huit. Cela implique d'opérer une sélection rigoureuse dans le corps du roman, tout en préservant l'intrigue, le rythme du récit, mais aussi ce qui caractérise les personnages et les enjeux liés au contexte choisi. Manifestement, ces contraintes n'ont guère entravé Philippe Pelaez. On est pris dès la première case, et on ne résout à lâcher l'album qu'à la dernière page. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">De quoi s'agit-il ? Le récit est donné par le plus proche collaborateur d'un candidat à des élections importantes, qu'on suppose présidentielles. Il se qualifie lui-même d'</span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><i>apparatchik</i> (dont la définition nous est rappelée, p. 4). La formation politique n'est pas identifiée (mais on ne voit pas bien comment les auteurs auraient pu faire abstraction de leur expérience au sein de l'UMP…) ; la plupart des personnages ne sont d'ailleurs désignés que par un surnom : le</span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> narrateur reste donc l'<i>apparatchik</i>, et il sert le <i>patron</i>. Ce procédé permet de transposer l'histoire dans des contextes différents : chacun est libre d'y plaquer ses propres représentations.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Les primaires viennent de se dérouler, dont le « patron » (aucun nom n'est donné aux deux principaux protagonistes, ni à membres de leur équipe : ) sort vainqueur. Il bat d'une courte tête sa concurrente, Marie-France Trémeau : on sent que ces résultats très serrés vont contribuer à alourdir l'atmosphère au sein du parti. Une équipe de campagne est constituée, au sein de laquelle figure un jeune : Louis Caligny, fils du député et ministre dont il était question dans <i>L'Heure de vérité</i>. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Dès la page 12, on apprend que les résultats des primaires auraient été falsifiés. De plus, un sénateur </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">qui aurait pu donner quelques éclaircissements </span></span>est retrouvé mort. La confiance de l'apparatchik en son patron est ébranlée : aurait-il gagné en trichant ? Comme dans la plupart des séries policières (au moins françaises), on sait que le coupable désigné en premier lieu en cache un autre. Mais rien ne permet d'écarter définitivement ce soupçon, relancé ponctuellement par des éléments équivoques, et qui empoisonne les relations au sein de la formation politique. De fait, telle qu'elle nous est donnée à voir, la campagne se déroule presque sans candidat adverse : le principal compétiteur, Vital, est évoqué à quelques reprises. Les auteurs mettent donc l'accent sur les rancœurs, les ambitions des uns et des autres, les alliances de circonstances, la perfidie, ce qui laisse libre cours (ou peu s'en faut…) aux intrigues de couloir et aux rumeurs plus ou moins habilement fabriquées. Ils n'oublient pas de nous exposer aux menaces, à la pression psychologique à quoi s'ajoute la violence physique. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Les obstacles sur la route du <i>patron</i> sont donc parmi ceux qui devraient le soutenir : cela </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">constitue</span></span> le deuxième intérêt qui rive le lecteur à l'album, </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">tandis que des messages téléphoniques anonymes (pleine page) viennent rythmer l</span></span>e récit. On ne peut évidemment rien dire du dénouement, très intéressant. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">En plus d'être très bien mené, l'album expose ce qui sous-tend l'objet des partis politiques, à savoir la conquête du pouvoir. On avait déjà pu en apercevoir quelques aspects ailleurs, notamment, sur des films aux registres différents : <i>L'Exercice de l'État</i> (Pierre Scholler, 2011) ; <i>The Ides of March</i> (<i>Les Marches du pouvoir</i>, 2011) de George Clooney<i> ; </i></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><i>All the President's Men</i>
(<i>Les Hommes du président</i>, 1972) d'Alan Pakula ; </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
<cite><span class="lang-it" lang="it">Cadaveri eccellenti</span> </cite>(Francesco Rosi, <i>Cadavres exquis</i>, 1976 ; <i>Z</i>, de Costa-Gavras (1969), etc. Il est cependant intéressant de noter que les auteurs ne donnent aucun élément sur l'idéologie et les convictions défendues : aucun débat, aucune réflexion. La politique, dans son acception véritable, est complètement écrasée sous les manigances stratégiques ; le sens de l'intérêt commun disparaît derrière les ambitions personnelles. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Voilà qui ne contribuera guère à atténuer le discrédit que l'univers « politique » laisse dans l'opinion publique.<br /></span></span></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-40227048778248086372023-03-27T18:06:00.001+02:002023-03-27T18:06:27.269+02:00Dominique Mermoux (sc. et ill.), Édouard Cortès (sc.), Par la Force des arbres, éd. Rue de Sèvres, 15 mars 2023, 120 p., 20 €. ISBN : 9782810202324<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKJimp7DZ-sidP6NN35fxk6KW22-R9h3Tr54B_LlARlsv9YgU9KXqVaf-7ShW1Mrei5MdapGrRMnHfY9Fu1-IMzHmyFjCPtd3EI-3zUqubIy9n0Bm6gS6Oh7dhok2wcw1KmmY7dUaZSFYoMBrqcwO7wMPbpKNTYWWQL60_M1sw6zFCCvxWvgyxnQ98sw/s3311/Arbres.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3311" data-original-width="2544" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKJimp7DZ-sidP6NN35fxk6KW22-R9h3Tr54B_LlARlsv9YgU9KXqVaf-7ShW1Mrei5MdapGrRMnHfY9Fu1-IMzHmyFjCPtd3EI-3zUqubIy9n0Bm6gS6Oh7dhok2wcw1KmmY7dUaZSFYoMBrqcwO7wMPbpKNTYWWQL60_M1sw6zFCCvxWvgyxnQ98sw/w308-h400/Arbres.jpg" width="308" /></a></div><br /> <a href="https://www.editions-ruedesevres.fr/Par-la-force-des-arbres" target="_blank">Propos de l'éditeur</a>. « </span><span style="font-family: Open Sans;">Comment retrouver de l'air quand le quotidien et son rythme infernal nous étouffe ?<br />Édouard Cortès a choisi, pour se libérer du « monde d'en bas », d'aller vers
celui « du haut » : au bord du gouffre, il va quitter femme et enfants
pendant plusieurs mois pour vivre dans une cabane de sa propre
construction, nichée dans un arbre en pleine forêt. Loin des réseaux
sociaux et du tumulte de la société, il trouve une échappatoire dans le
silence et la contemplation solitaire, et redécouvre des sensations
essentielles au bien-être de chacun. Après avoir retranscrit son
histoire en roman, il laisse à Dominique Mermoux le soin d'adapter avec
justesse et sensibilité cet étonnant récit de vie ».</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">Édouard Cortès a parcouru l'Eurasie, notamment avec sa compagne, Mathilde et même de leurs trois enfants, sans oublier leur âne Octave. Une quête spirituelle les a ainsi conduits, à pied, vers Rome, Saint-Jacques-de-Compostelle et même Jérusalem. Auparavant, Édouard Cortès avait rejoint Kaboul puis Saïgon à bord d'une 2 CV. Il avait aussi traversé le Caucase à pied, sur la piste de l'Arche de Noé, du côté du mont Ararat. Ces expéditions ont donné lieu à des ouvrages que l'on pourra retrouver assez facilement. <br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;">En octobre 2020, les <a href="https://www.editionsdesequateurs.fr/livre/Par-la-force-des-arbres/82" target="_blank">éditions des Équateurs</a> publiaient <i>Par la Force des arbres</i>
(176 pages). Deux ans auparavant, Édouard Cortès traversait une dépression sévère, après l'échec des sept années qu'il a consacrées à l'agriculture et à l'élevage. Il aborde alors la quarantaine, et sent le besoin d'une rupture pour retrouver une espérance face à la mort qui le guettait, un sens à sa propre vie. Il se décide à passer un
printemps entre les branches d'un chêne, dans une cabane qu'il
a construite, avec la seule compagnie de son âne et de quelques livres. Seulement
visité par sa famille et quelques amis, c'est dans le silence relatif de
la forêt qu'il a souhaité lire, rêver, observer, réfléchir, et surtout trouver de quoi s'apaiser. Dans ce refuge, il rejoint à la fois ses rêves d'enfant, mais aussi un certain nombre de prédécesseurs. On pense bien évidemment au <i>Walden ou la vie dans les bois</i> (1854) de Henry David Thoreau (occasion de retrouver le compte rendu qu'on avait fait de la bande dessinée de Cédric Taling, <i><a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2019/11/cedric-taling-thoreau-et-moi.html" target="_blank">Thoreau et moi</a></i>, en avril 2019). Ernst Jünger avait rédigé un essai sur une expérience de repli similaire : <i>Traité du Rebelle, ou le recours aux forêts</i> (<i>Der Waldgänger</i>, 1951), que l'on pourra peut-être d'occasion, puisque la dernière publication remonte maintenant à 1986 (en Points Seuil). D</span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;">ifférentes religions et courants philosophiques ont</span></span> aussi cultivé cette volonté de s'éloigner du monde, d'y renoncer, pour se purifier par l'ascèse sous de multiples formes : c'est le cas des anachorètes.<br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;">Édouard Cortès éprouve un désir analogue, mais cette fois par un voyage sur place : son chêne lui sert de refuge face aux agressions quotidiennes. Il lui est aussi un moyen de retrouver le sentiment d'être une partie de la nature : c'était aussi ce que décrivait Alessandro Pignocchi, sur les pas de Philippe Descola, dans son <i>Petit Traité d'écologie sauvage</i> et <i>La Cosmologie du futur</i>, dont on a aussi <a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2018/08/alessandro-pignocchi-petit-traite.html" target="_blank">rendu compte dans ce site</a>. L'une de ses premières préoccupations est d'ailleurs de rompre avec les réseaux de communication numériques, et donc avec des milliers d' « amis ». À la virtualité des relations, Édouard Cortès souhaite lui substituer un retour à la réalité, à la sincérité. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;">L'auteur fait de sa cabane non seulement un refuge méditatif, mais il découvre aussi un lieu d'observation privilégié : « un avant-poste sur la beauté du monde ». La faune et la flore qui l'entourent et les étoiles qui le surplombent l'invitent à une introspection, façon de retrouver sa propre beauté.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;">C'est toute cette renaissance que </span>Dominique Mermoux nous donne à voir et à lire, en relatant avec subtilité cette expérience singulière (au sens propre et figuré) dans un très bel album, empreint de poésie et de beaucoup de délicatesse. On y trouve de splendides planches consacrées aux pics épeiche, aux cerfs, aux geais, aux fourmis et aux pucerons… <br /></span></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-81803330642740059792023-03-15T16:21:00.001+01:002023-03-23T13:37:59.784+01:00Julien Hervieux (sc.), Virginie Augustin (ill.), Le Petit Théâtre des opérations. Toujours prêtes !, Fluide Glacial, 56 p., 8 mars 2023, 15,90 €. ISBN 979 1 0382 0470 6<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><a href="https://www.fluideglacial.com/bd/autres_auteurs/le_petit_theatre_des_operations_presente/toujours_pretes__-_tome_01/9791038204706" target="_blank"></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://www.fluideglacial.com/bd/autres_auteurs/le_petit_theatre_des_operations_presente/toujours_pretes__-_tome_01/9791038204706" target="_blank"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZRGH9COVeEF_VqkbWybbp4bSSIUwYGSHRxyLLAWNq6o3dLjuv8x0lrhHJy8gR_9XMaznst0iyMvbdGt7vz-8s1kc3blUsrKxBAer4vg7y1NZDOPh5gILdIzufrkR5TkLKrF-TZMvM8h_gK01fW8cGy8NUeSmqO2hs_dF8ZrPnLyaBnZYlnzcUb2HHng/s673/Pretes.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="673" data-original-width="504" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZRGH9COVeEF_VqkbWybbp4bSSIUwYGSHRxyLLAWNq6o3dLjuv8x0lrhHJy8gR_9XMaznst0iyMvbdGt7vz-8s1kc3blUsrKxBAer4vg7y1NZDOPh5gILdIzufrkR5TkLKrF-TZMvM8h_gK01fW8cGy8NUeSmqO2hs_dF8ZrPnLyaBnZYlnzcUb2HHng/w300-h400/Pretes.png" width="300" /></a></div><br /><a href="https://www.fluideglacial.com/bd/autres_auteurs/le_petit_theatre_des_operations_presente/toujours_pretes__-_tome_01/9791038204706" target="_blank">Propos de l'éditeur</a>. « </span>Découvrez le spin-off de la série du <i>Petit théâtre des opérations,</i> qui met à l'honneur le destin de femmes d'exception oubliées des deux Guerres mondiales.</span></div><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></p><div class="tabsContent" id="resume" style="text-align: left;"><div class="mb-10px"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><b>
</b></span></span>
</div>
<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">Saviez-vous que les Allemands avaient affronté un régiment de
sorcières durant la Seconde Guerre mondiale ? Ou que l'armée serbe en
1914 comptait dans ses rangs "Milun", la Mulan locale, qui faisait
régner la terreur à coups de grenades ? Et quid de Marie Marvingt, qui a
été tour à tour soldat, infirmière, et qui pilotait encore un
hélicoptère à réaction à 86 ans ? Ça ne vous dit rien, ou si peu ?</span></span></div>
<div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div>
<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">Avec <i>Toujours Prêtes ! </i>de Virginie Augustin et Julien
Hervieux, vous allez pouvoir corriger cela, et bien plus encore. Car si
l'on parle souvent des femmes de pouvoir et des militantes qui ont fait
la Grande Histoire, les combattantes qui sont allées au feu, elles,
restent toujours dans l'ombre.</span></span></div>
<div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div>
<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">Avec ce tome spécial du <i>Petit Théâtre des Opérations</i>,
série dédiée aux histoires méconnues des deux guerres mondiales, les
auteur·e·s mettent un coup de projecteur sur des destins oubliés, des
injustices absurdes et surtout... sur des femmes qui, quand l'Histoire a
frappé à leur porte, ont répondu d'une seule voix : <i>Toujours Prêtes ! </i>».</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">La série du <a href="https://www.fluideglacial.com/resultats?q=Le%20Petit%20Th%C3%A9%C3%A2tre%20des%20op%C3%A9rations&searchCategory=albums" target="_blank"><i>Petit Théâtre des opérations</i></a> se poursuit (voir les comptes rendus de lecture des trois premiers tomes sur ce site). Le quatrième volume semble d'ailleurs le premier d'une nouvelle volée d'albums, consacrés cette fois aux femmes dans les deux guerres mondiales. Et pour l'occasion, la dessinatrice <a href="https://www.fluideglacial.com/auteur/671" target="_blank">Virginie Augustin</a> a remplacé <a href="https://www.fluideglacial.com/auteur/dessinateur-scenariste/monsieur-le-chien/20180" target="_blank">Monsieur Le Chien</a> aux crayons, stylos et feutres (la publication de l'album un 8 mars est purement fortuite). <a href="https://www.fluideglacial.com/auteur/scenariste/julien-hervieux/20789" target="_blank">Julien Hervieux</a> (oui : l'Odieux Connard…) reste aux manettes du scénario. Bien évidemment, le style graphique a changé : il s'agissait pas de faire une imitation des précédents volumes. Mais le scénario demeure ce qu'il était. L'histoire des deux guerres est vue en prenant l'angle d'un personnage particulier, le tout sur un ton humoristique (on est chez Fluide, enfin…). Huit femmes en guerre sont présentées dans l'album. En voici une présentation rapide.</span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Marie Marvingt (1875-1963) s'est signalée par une activité sportive débordante. Elle en pratique de nombreux à un niveau très honorable, malgré les obstacles posés sur sa route : alpinisme, tir, ski, etc. Elle est ainsi la première femme à faire et terminer le Tour de France cycliste, en 1908, en dehors de la compétition bien sûr réservé aux hommes. Elle passe son brevet de pilote d'avions puis d'hélicoptères (à 88 ans…). Elle est la première aéronaute (brevetée) à réussir la traversée de la Manche en ballon (1909). Elle échoue à entrer dans un escadrille de bombardement en 1914 (malgré deux missions réussies, sans autorisation), renvoyée aux soins infirmiers. Marie Marvingt réussit tout de même à combattre dans les tranchées pendant une cinquantaine de jours, avec le 42<sup>e</sup> bataillon de chasseurs à pied, avant qu'on la démasque. Elle créée un service d'infirmières pilotes ; elle est à nouveau engagée dans l'aviation sanitaire pendant la seconde guerre mondiale. Surnommée « la fiancée du danger », elle conserve une activité physique hors du commun jusqu'à sa mort.<br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Nancy Wake (1912-2011) est une journaliste australienne qui participe très activement à la Résistance en France, ce qui lui vaut le surnom de « la souris blanche ». D'abord infirmière, elle entre au service du réseau d'évasion Pat O'Leary, puis du SOE (<i>Special Operations Executive</i>), chargé de soutenir les groupes résistants dans les pays occupés par les forces de l'Axe, afin d'aider à la réussite des opérations alliées (sabotage, renseignement…). C'est ainsi qu'elle est parachutée en avril 1944, pour une mission en Auvergne. Elle participe à de multiples opérations, dont l'attaque du siège du SD (la <i>Gestapo</i>) de Montluçon (Allier). Nancy Wake est la femme la plus décorée de la guerre.<br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Milunka </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Savić (1890-1973). La combattante serbe s'engage dans les guerres balkaniques sous un nom masculiné (Milun </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Savić</span></span></span>). Le subterfuge tient jusqu'à sa blessure, en 1913. Elle poursuit le combat pendant la première guerre mondiale, démontrant une aptitude au tir à la grenade assez peu commune. Milunka </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Savić tombe dans l'oubli après 1918, jusqu'à la diffusion d'un documentaire qui lui est consacré en 2013. Son corps est aujourd'hui enterré dans l'Allée des Grands, au cimetière de Belgrade.<br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Octavie Delacour (1858-1937). Le hasard conduit cette modeste Normande à participer à un fait peu connu. En septembre 1914, après la bataille de la Marne, commence la Course à la mer : les armées cherchent à se déborder. Plusieurs expéditions allemandes motorisées s'infiltrent à l'arrière des troupes alliées, chargées d'organiser des sabotages. Le 13 septembre, l'une d'entre elles part de l'Aisne (Leuilly-sous-Coucy). Elle parvient dans le département de la Seine-Inférieure trois jours plus tard, ses membres étant pris pour des Anglais. Près de Neuf-Marché, le groupe est reconnu par Octavie Delacour, tout à fait par hasard, qui donne l'alerte. Il est difficilement arrêté le lendemain, à proximité de la Seine, après quelques escarmouches.<br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Yoshiko Kawashima (1907-1948). Princesse mandchoue, elle est élevée au Japon. Elle participe à des opérations d'espionnage pour le compte de l'armée impériale. Elle crée un groupe de cavalerie en 1932, qui combat la résistance aux troupes japonaises dans le Mandchoukouo. </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Yoshiko Kawashima est arrêtée en novembre 1945 par le contre-espionnage chinois, au service du gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek. Jugée, elle est fusillée en 1948. <br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Marie Curie (1867-1934) est probablement la plus connue des femmes évoquées dans l'album, grâce à ses travaux en chimie et physique qui lui valurent un double prix Nobel, notamment sur des éléments nucléaires. Elle prend cependant part à la première guerre mondiale, non comme combattante, mais en </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">mettant son expérience scientifique au</span></span></span> service des soins médicaux. Elle conçoit une unité d'automobiles radiologiques, vite surnommées les petites Curies, qui circulent à proximité des champs de bataille pendant toute la guerre. Le dispositif permet de repérer rapidement les débris des projectiles dans le corps des blessés recueillis : les soins sont administrés avec précision et célérité.<br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Les « Sorcières de la nuit »</span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">. Le premier tome du <i>Petit Théâtre</i> avait déjà retenu l'une des aviatrices soviétiques, Anna Iegorova (1916-2009). Des femmes furent en effet engagées dans au moins trois unités aériennes : 5</span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">86<sup>e</sup> régiment d'aviation de chasse ; </span></span></span></span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">5</span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">87<sup>e</sup> régiment d'aviation de bombardement ; </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">5</span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">88<sup>e</sup> régiment d'aviation de</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span> bombardiers de nuit. C'est dans ce dernier que l'on trouve les « sorcières de la nuit », qui effectuaient leurs missions nocturnes à bord de Polikarpov Po-2, en toile et bois. Volant d'abord à basse altitude, les Po-2 remontaient à l'approche de leur cible, avant de plonger moteur éteint, ce qui créait un fort effet de surprise. Au sol n'était perçu que le sifflement de l'air sur la structure de l'avion, avant l'éclatement des bombes.<br /></span></span></span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Marie Depage (1872-1915), issue de la haute bourgeoisie bruxelloise, est devenue infirmière au service de l'armée belge. Avec son mari Antoine, médecin et président de la Croix-Rouge belge, elle fonde en 1907 l'École belge d'infirmières diplômées, dont la direction est assurée par la Britannique Édith Cavell, qui prit part à la Résistance en Belgique. Après avoir créé une unité d'ambulances lors de la guerre balkanique de 1912, le couple transforme un hôtel de La Panne en hôpital dès 1914, ainsi que des unités chirurgicales mobiles installées au plus près des lignes. Au retour d'une tournée caritative aux États-Unis, </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Marie Depage</span></span></span> embarque sur le <i>Lusitania</i>, coulé le 7 mai 1915 par des sous-marins allemands au large de l'Irlande. Elle donne les premiers soins aux blessés, mais meurt noyée après s'être jetée à l'eau. Un monument érigé à Uccle rend hommage à Marie Depage et Édith Cavell, fusillée le 12 octobre 1915.</span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Il est à noter que le <i>Petit Théâtre</i> fait (ou va faire) l'objet d'une exposition itinérante et de fiches pédagogiques. <br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Enfin, on pourra compléter ces évocations par la série </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">« Les Femmes ou les « oublis » de l'Histoire », </span></span></span>que Juliette Raynaud a commencé à publier sur son blog de Médiapart. En voici les sept premières, mais bien d'autres sont à découvrir sur son site </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.teamcolibri.org/" target="_blank">Team Colibri</a></span></span></span> : <br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><ul><li><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogs.mediapart.fr/julietteraynaud/blog/090223/les-femmes-ou-les-oublis-de-lhistoire-episode-1-manikarnika-tambe-0" target="_blank">Manikarnika Tambe</a></span></span></span></li><li><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogs.mediapart.fr/julietteraynaud/blog/130223/les-femmes-ou-les-oublis-de-lhistoire-episode-2-mary-nyanjiru" target="_blank">Mary Nyanjiru</a></span></span></span></li><li><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogs.mediapart.fr/julietteraynaud/blog/190223/les-femmes-ou-les-oublis-de-lhistoire-episode-3-alice-seeley-harris" target="_blank">Alice Seeley Harris</a></span></span></span></li><li><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogs.mediapart.fr/julietteraynaud/blog/230223/les-femmes-ou-les-oublis-de-lhistoire-episode-4-sarojini-naidu" target="_blank">Sarojini Naidu</a></span></span></span></li><li><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogs.mediapart.fr/julietteraynaud/blog/280223/les-femmes-ou-les-oublis-de-lhistoire-episode-5-lalla-fatma-nsoumer" target="_blank">Lalla Fatma N'Soumer</a></span></span></span></li><li><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogs.mediapart.fr/julietteraynaud/blog/050323/les-femmes-ou-les-oublis-de-lhistoire-episode-6-indira-gandhi" target="_blank">Indira Gandhi</a></span></span></span></li><li><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogs.mediapart.fr/julietteraynaud/blog/130323/les-femmes-ou-les-oublis-de-lhistoire-episode-7-juana-azurduy-padilla" target="_blank">Juana Azurduy Padilla</a> </span></span></span></li></ul></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></span></div></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-85120474850216106342023-02-27T18:43:00.001+01:002023-03-15T16:22:08.529+01:00 Martine Gasparov (sc.), Émilie Boudet (ill.), Philippe Marlu (coul.), La Liberté (vol. 5) ; La Justice (vol. 6), co-éd. La Boîte à bulles - Belin, coll. « Toute la Philo », 18 mai 2022, 56 p., 9,95 €. ISBN : 979 1035 8240 13 et 979 1035 8240 68<p><span style="font-family: Open Sans;"><b>Présentation par les éditeurs :</b></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipyirNr24m6kS6ZPIEV8oAKYo6oY3M_RLoXq0ErJ4X_IkoaLuDagT_HQZWo2FbzWlpFPHvckLE4slcvIcDc0vPGcikJYWLlbtCCommJ8SrUqK3iV0GuFCPqb6comJ8vUZe2CbOI9Ztdqo0guA7T-ipyhmcFFzKO9YZybiyHY2vQO5qZ_oG-Yn_-1HyXw/s349/LA_LIBERTE_COUV_17709_couvsheet.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="349" data-original-width="240" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipyirNr24m6kS6ZPIEV8oAKYo6oY3M_RLoXq0ErJ4X_IkoaLuDagT_HQZWo2FbzWlpFPHvckLE4slcvIcDc0vPGcikJYWLlbtCCommJ8SrUqK3iV0GuFCPqb6comJ8vUZe2CbOI9Ztdqo0guA7T-ipyhmcFFzKO9YZybiyHY2vQO5qZ_oG-Yn_-1HyXw/w275-h400/LA_LIBERTE_COUV_17709_couvsheet.jpg" width="275" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span><p><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></p><ul style="text-align: left;"><li><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://www.la-boite-a-bulles.com/book/809" target="_blank">Vol. 5 (<i>La Liberté</i>)</a></span></li></ul><span style="font-family: Open Sans;"></span><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">« Tous nos choix sont-ils libres ?</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">Les lois nous empêchent-elles d’être libres ? <br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">
Être libre, est-ce satisfaire tous nos désirs ? ».</span></div><div style="text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinVssf6yv6ZuXgZiQidxMT8zjWSJ6BkoT7iYHrapFjGHVUIg9hu-IRRmh7qIxbjoWAM8p2Rt32XLYvh_RJDhaHAoaMxTmG68Y7VcRlSiw_xorO4QLYQhLb2Gk4Iq7OoadP7cNr9nubB7toBvvuotFrlG0G0U2KUFgsL370hPMD8nwj88xwL1nOD5aicg/s349/LA_JUSTICE_COUV_17710_couvsheet.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="349" data-original-width="240" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinVssf6yv6ZuXgZiQidxMT8zjWSJ6BkoT7iYHrapFjGHVUIg9hu-IRRmh7qIxbjoWAM8p2Rt32XLYvh_RJDhaHAoaMxTmG68Y7VcRlSiw_xorO4QLYQhLb2Gk4Iq7OoadP7cNr9nubB7toBvvuotFrlG0G0U2KUFgsL370hPMD8nwj88xwL1nOD5aicg/w275-h400/LA_JUSTICE_COUV_17710_couvsheet.jpg" width="275" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><br /> </span></div><ul style="text-align: left;"><li><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://www.la-boite-a-bulles.com/book/810" target="_blank">Vol. 6 (<i>La Justice</i>)</a>. </span></li></ul><span style="font-family: Open Sans;">« L’être humain est-il naturellement juste ? </span><br /><span style="font-family: Open Sans;"></span><span style="font-family: Open Sans;">Peut-on faire justice soi-même ? </span><br /><span style="font-family: Open Sans;"></span><span style="font-family: Open Sans;">Être juste, est-ce obéir aux lois ? ».</span><div><p><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">Deux fascicules s'ajoutent à la collection « Toute la Philo » ; nous avions <a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/11/martine-gasparov-sc-emilie-boudet-ill.html" target="_blank">rendus compte ici même</a> des quatre premiers. Avec <i>La Liberté</i> et <i>La Justice</i>, les élèves de Terminale (et les amateurs de philosophie) vont pouvoir disposer de compléments solides à leurs cours. Les deux derniers (<i>La Religion</i> ; <i>Le Bonheur</i>) ont été publiés en décembre 2022 : ils feront l'objet d'une recension prochainement.<br /></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">Comme on peut s'en douter, on retrouve à la fois les mêmes auteurs, mais aussi le même esprit didactique qui est la marque de qualité de cette collection, décidément bien précieuse. On se contentera donc de reporter les lecteurs au <a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/11/martine-gasparov-sc-emilie-boudet-ill.html" target="_blank">compte rendu qui vient d'être signalé</a>, mais aussi aux extraits disponibles sur le site de La Boîte à bulles.</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">Les couvertures composées par Émilie Boude comportent toujours des clins d’œil qui invitent à une première réflexion. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">Celle qui concerne <i>La Liberté</i> figure deux mouettes goguenardes, qui assistent au départ d'un voilier en se demandant si une tempête n'était pas prévue, alors que l'équipage est tout à sa joie de prendre le large. D'un côté la liberté ; de l'autre les contraintes : voilà les deux faces d'une même pièce sur quoi il s'agira de s'interroger. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">La couverture de <i>La Justice</i> semble plus convenue. On y voit la façade d'un palais de justice, très néo-classique avec son fronton triangulaire soutenu par des colonnes. Devant, on a établi une statue allégorique qui observe les allers et venues des justiciables et des gens de justice. Cette figure de la justice tient une balance équilibrée ; le glaive des sanctions est à son côté. Un bandeau ceint sa tête, mais ne masque qu'un seul œil. La justice pourrait-elle partiale ?</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">Les lecteurs pourront entrer très progressivement dans chaque sujet par un jeu de questions, que la présentation des éditeurs expose. Chaque chapitre est subdivisé en d'autres questions qui permettent de faire appel à une sélection de philosophes et </span><span style="font-family: Open Sans;">de notions. Des points particuliers sont </span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;">développés</span> sous forme de petites bandes dessinées. On a ainsi un personnage qui interroge Jean-Paul Sartre, occasion de s'ouvrir à l'existentialisme (<i>Liberté</i>, p. 16).</span><span style="font-family: Open Sans;"> La réflexion sur la soumission à l'autorité est abordée au travers de l'expérience du psychologue Stanley Milgram (</span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;"><i>Liberté, </i></span>p. 21). Publiée en 1963, son étude fut utilisée ultérieurement par Henri Verneuil, qui en fit l'un des moments marquants de son film <i>I… comme Icare</i> (1979). On regrettera seulement que les auteurs n'aient pas relativisé les apports de cette expérience (notamment le fait que trois-quarts des individus peut se transformer en tortionnaire dans un certain contexte), en exposant rapidement les controverses qu'elle a provoquées. Un lien peut d'ailleurs être établi avec ce que Hannah Arendt a conclu du procès Eichmann à Jérusalem (<i>Justice</i>, p. 35), en 1963, avec son <i>Rapport sur la banalité du mal</i>.</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">Enfin, comme dans les autres fascicules, on appréciera que les notions philosophiques viennent éclairer le contexte actuel. C'est le cas de la désobéissance civile, à quoi s'est intéressé John Rawls dans sa <i>Théorie de la justice</i> (1971) : un glissement est opéré de l'attitude de Gandhi et Rosa Parks (<i>Justice</i>, p. 38) pour aller vers aller vers la légitimité du recours à la violence pour contester l'injustice. Là encore, on se permettra un nouveau regret. Les thèmes de la liberté, de la résistance au pouvoir, de la justice auraient pu être l'occasion pour aborder des auteurs libertaires : peut-on vivre sans autorité surplombante ? Peut-on assurer un ordre social sans pouvoir, comme Proudhon le réclamait ? De même, il aurait été bienvenu de faire appel à des expériences d'autogestion ou d'auto-organisation, comme les systèmes d'échanges locaux (SEL), les ZAD, etc. <br /></span></div><p></p></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-69285649774729078642023-02-26T20:52:00.003+01:002023-03-23T12:27:15.410+01:00Philippe Charlot (sc.), Alain Grand (ill.), Tanja Wensch (coul.), La Chambre des officiers, co-éd. J.C.-Lattès - Bamboo, coll. « Grand Angle », 1er mars 2023, 72 p., 16, 90 €. ISBN : 978 281 899 3415<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRXFJxDq0r57-RwoPV3D3qShQanPLs7QF6load4vqtdbEa6BRgY0c7IiS1FZsxNgHmO-fYqLPzRNi2Oiay1ndCDalhiTjiMMILvtfjeHCoFbYDwQycgCr0_GDFNmzXQQXFHrakSUB059VQhzEELZ7MSpv1Yc1z7pqJ6rkaI_kup18-cCFYXIuHczOdUA/s673/ChambreOff.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="673" data-original-width="496" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRXFJxDq0r57-RwoPV3D3qShQanPLs7QF6load4vqtdbEa6BRgY0c7IiS1FZsxNgHmO-fYqLPzRNi2Oiay1ndCDalhiTjiMMILvtfjeHCoFbYDwQycgCr0_GDFNmzXQQXFHrakSUB059VQhzEELZ7MSpv1Yc1z7pqJ6rkaI_kup18-cCFYXIuHczOdUA/w295-h400/ChambreOff.png" width="295" /></a></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/la_chambre_des_officiers/la_chambre_des_officiers_-_histoire_complete/9782818993415" target="_blank">Propos de l'éditeur</a><b>. </b><b><div><b>« Le lent retour à la vie d’hommes qui doivent tout réapprendre, et surtout le regard des autres.</b></div></b><b></b></span></span></div><div class="tabsContent" id="resume"><div class="mb-10px" style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><b>
</b></span></span>
</div>
<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">1914. Aux premiers jours de la guerre, un éclat d’obus
défigure Adrien. Le voilà devenu une «gueule cassée», reclus au
Val-de-Grâce, dans une chambre réservée aux officiers.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">Adrien restera cinq ans dans cette pièce sans miroir. Cinq ans pour
réapprendre à vivre au rythme des opérations. Cinq ans entre
parenthèses à nouer des amitiés d’une vie avec ses compagnons
d’infortune. Cinq ans de «reconstruction» pour se préparer à l’avenir.
Cinq ans à penser à Clémence qui l’a connu avec sa gueule d’ange… ».</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">J'ai découvert le livre de Marc Dugain à peu près à sa sortie, qui eut lieu en août 1998. <i>La Chambre des officiers</i> avait alors fortement impressionné, à juste titre. Dans un format relativement court (171 pages), l'auteur avait réussi à créer un univers très particulier à l'occasion d'un thème beaucoup largement qui avait beaucoup inspiré : la Première Guerre mondiale. Surtout, il l'avait abordée selon un angle assez peu commun encore : celui des « Gueules cassées », au travers des souvenirs de son grand-père, Eugène Fournier. Ajoutons encore qu'un livre n'est rien sans lecteur. Or, outre ses qualités littéraires, il répondait à la curiosité du public, dans le cadre des commémorations des quatre-vingts ans de la fin du conflit. Les derniers témoins s'effaçaient, que la visite des musées et des vestiges des champs de bataille ne remplaceraient jamais. La fiction avait donc un rôle à jouer en développant un imaginaire, dégagé des enjeux idéologiques. La mémoire des fusillés se réveillaient à nouveau ; les historiens s'interrogeaient déjà sur ce qui avaient permis à des millions d'hommes (pour ne parler que des combattants directs, ce qui ne saurait faire oublier tout le reste de la population, impliquée à un titre ou un autre) de s'engager, se battre, rêver, écrire</span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> survivre </span></span>dans une guerre industrielle. Marc Dugain écrivait ainsi ce qui n'allait pas tarder à devenir l'un des grands classiques sur 14-18, même si son propos dépasse largement l'Armistice, au même titre que le livre de Pierre Lemaître, <i>Au Revoir là-haut</i>, publié plus tardivement (août 2013, chez Albin Michel). Ce dernier devait être adapté à l'écran quatre ans plus tard par Albert Dupontel. <i>La Chambre des officiers</i> l'avait déjà été, en 2001, par François Dupeyron. Les deux ouvrages firent l'objet d'une adaptation en bande dessinée : <i>Au Revoir là-haut</i> sortait aux éditions Rue de Sèvres en 2015. Et voici enfin que le roman de Marc Dugain l'est à présent, chez Bamboo. </span></span></div><div class="tabsContent" id="resume"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></span></div><div class="tabsContent" id="resume"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Philippe Charlot et Alain Grand ont accompli un travail formidable. Le premier pour avoir synthétisé le roman sans le déformer, même s'il s'agit bien d'une adaptation ; le second pour l'avoir très bien transcrit d'un point de vue graphique. Surtout, dès les premières pages, on est replongé dans l’œuvre de Marc Dugain : les émotions qu'on avait alors pu ressentir en le lisant ressurgissent immédiatement. Quelques plans et quelques paroles des personnages suffisent à obtenir ce résultat. Mais la bande dessinée fait aussi place au roman, scandée par des extraits très bien choisis qui ajoutent encore à l'émotion éprouvée. Cette alliance entre adaptation, citations et dessin est des plus intéressantes.<br /></span></span></div><div class="tabsContent" id="resume"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></div><div class="tabsContent" id="resume"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Ce qui joue encore, c'est la documentation sur laquelle les auteurs ont travaillé. Il est indiqué qu'ils se sont associés au service de santé des armées ainsi qu'à l'école du Val-de-Grâce. De plus, on apprend qu'Alain Grand a été chirurgien-dentiste et a donc pu ajouter son expérience personnelle et sa formation scientifique.</span></span></div><div class="tabsContent" id="resume"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></div><div class="tabsContent" id="resume"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">La Chambre des officiers appartient à la liste des oeuvres que les enseignants peuvent proposer à leurs élèves. Comme le film, la présente bande dessinée permettra désormais d'aborder le roman d'un point de vue différent mais toujours très intéressant. <br /></span></span></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-45781802736859645362023-02-23T23:56:00.001+01:002023-02-24T13:09:43.377+01:00 Matz (sc.), Jörg Mailliet (ill.), Sandra Desmazières (coul.), La Disparition de Josef Mengele, d'après le roman d'Olivier Guez, Les Arènes, coll. « BD », 6 oct. 2022, 192 p., 24,90 €. ISBN : 979 103 750 7143 <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><br /><a href="https://arenes.fr/livre/la-disparition-de-josef-mengele/" target="_blank"></a></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKWzfmYDVktXWGEddYgBrh95QyuYCNhLg_AtqyjtQYP1mw0swj9VaDuW0apRhcTCvgXCmPN5PwvWdS5rtjXbQYMjg1sUHkvpBLTh9E0cnlihv5sQjg1022Fl_olt56ZpkZF86sswhSZut9bBuvs1EjKmmwXrJZFmlyEYerSabeTJi6ig9mHhFuDeW8Cw/s1266/la-disparition-de-joseph-mengele-top-view-2-1638x2048.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1266" data-original-width="914" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKWzfmYDVktXWGEddYgBrh95QyuYCNhLg_AtqyjtQYP1mw0swj9VaDuW0apRhcTCvgXCmPN5PwvWdS5rtjXbQYMjg1sUHkvpBLTh9E0cnlihv5sQjg1022Fl_olt56ZpkZF86sswhSZut9bBuvs1EjKmmwXrJZFmlyEYerSabeTJi6ig9mHhFuDeW8Cw/w289-h400/la-disparition-de-joseph-mengele-top-view-2-1638x2048.jpg" width="289" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><a href="https://arenes.fr/livre/la-disparition-de-josef-mengele/" target="_blank">Présentation de l'éditeur</a>. « Découvrez l’adaptation en bande
dessinée du roman d’Olivier Guez (Prix Renaudot 2017) sur la fuite et la
traque de Joseph Mengele, médecin tortionnaire d’Auschwitz, surnommé
l’Ange de la Mort.</span><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;">
</span><div class="resume" style="text-align: justify;">
<p><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;">1949 : Josef Mengele débarque à Buenos Aires. Caché sous
divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit
pouvoir s’inventer une nouvelle vie. L’Argentine de Perón est
bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la
traque reprend et il doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son
errance ne connaîtra plus de répit… jusqu’à sa mort mystérieuse sur une
plage en 1979.</span></p>
<blockquote>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;">« C’est l’histoire d’un scorpion. Mais à chaque fois que vous retournez une pierre, il y a une mygale, un crotale, un cobra : les amis du scorpion. »<br />
— Olivier Guez ».<br /></span></p></blockquote><p><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">En août 2017, Olivier Guez publiait <a href="https://www.grasset.fr/livres/la-disparition-de-josef-mengele-9782246855873" target="_blank"><i>La Disparition de Josef Mengele</i></a> (éd. Grasset), qu'on adapté . Le parcours du criminel de guerre (et d'autres nazis qui ont pu échapper à la justice) a inspiré un certain nombre d’œuvres de fiction. </span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span>Le personnage créé par Philip Kerr, Berhardt Günther, </span>le croise ainsi au début des années cinquante dans l'Argentine de </span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">Perón, dans le roman <a href="https://www.editions-jclattes.fr/livre/une-douce-flamme-9782702434338/" target="_blank"><i>Une Douce Flamme</i> </a>(<i>A Quiet Flam</i>, Quercus </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">publishing<span class="product-contrib-separator"></span><span>, 2008 ; tr. fr de </span><span>Philippe
Bonnet, </span><span>éd. du Masque, 2010). Les tribulations de Josef Mengele en Amérique latine peuvent en effet être lues comme un roman policier : celles d'un exilé volontaire qui cherche à se faire oublier, puis à échapper à la traque menée contre lui après qu'on l'ait repéré.</span></span></span></p><p><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">Aussi, la bande dessinée s'appuie-t-elle sur le parcours réel de Mengele, sans que les auteurs (Olivier Guez en premier lieu) aient eu besoin d'ajouter grand chose. Pourtant, on aurait tort de se limiter à ce premier constat, trop superficiel. Le dessin de Jörg Mailliet et les couleurs froides de Sandra Desmazières accentuent le côté sombre du personnage principal et de de nombreux autres. Les visages sont grimaçants, torturés, les yeux plissés, exorbités. On obtient un tableau proche de la paranoïa, voire même de la démence. Cela permet de voir Mengele tour à tour en proie à la peur, comme un animal chassé, halluciné (p. 131 et suiv., p. 175), poursuivi par ses propres démons (p. 113 et suiv.). Jamais il ne renie le dessein du III<sup>e</sup> Reich, ce qui a été accompli et qui aurait pu l'être. L'un des points les plus sensibles est constitué, à mon sens, par la rencontre avec son fils Rolf, en 1977 (p. 163 et suiv.). Ce dernier cherche à savoir ce qu'a fait son père à Auschwitz, mais la discussion tourne à la confrontation. On voit également un Mengele rongé par le sentiment de sa déchéance, lui qui est désormais ravalé au rang d'ouvrier agricole. Inutile de dire que l'atmosphère restituée est très pesante.</span></p><p><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">Par contraste, les témoins survivants encore qui participent au procès par contumace symbolique qui se tient à Yad Vashem, en 1985, sont peints dans une pleine humanité. Les visages doux sortent de l'arrière-plan noir : celui qui est leur passé et qui tapisse leurs cauchemars récurrents. </span></p><p><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">L'ouvrage permet aussi de percevoir les réseaux qui ont permis aux fuyards nazis de s'échapper, ceux qui se constituent pour les protéger. En même temps, on voit les faux-semblants et les hésitations des services ouest-allemands, au moins pendant deux décennies qui suivent la fin de la guerre mondiale. On n'oublie pas l'honorable famille Mengele, assise sur son entreprise de machines agricoles assez prospère : la </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">« Karl Mengele und Söhne », fondée à Günzburg (Bavière). M<span>ais on sent des hésitations sur la conduite à tenir : aider Josef ; faire semblant de croire à sa disparition pure et simple, l'ignorer, ou le renier ? En 2009, la création de la fondation </span>« Familie Dieter Mengele Sozialstiftung » tente de tourner le dos au passé. De même la commune de Günzburg veut-elle faire oublier qu'elle a vu naître l'Ange de la mort d'Auschwitz. On y trouve pourtant toujours une rue portant le nom du son père, la Karl-Mengele-Strasse, en l'honneur de celui qui en fut bourgmestre après 1945. Il est vrai qu'il y a également un monument commémorant les victimes du fils. On peut y lire une citation du résistant déporté Jean Amery : « personne ne peut échapper à l'histoire de son peuple ». Voilà qui désigne assez bien le point contre lequel finissent par se heurter la famille Mengele, Günzburg, et, au-delà, l'ancienne RFA.</span><br /></span></p><p><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">Le récit est découpé en trois parties, chacune associée</span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"> à un animal. On commence par Le Pacha, illustré par un scorpion, soit Mengele lui-même vu comme tel par Olivier Guez (voir la présentation de l'éditeur, ci-dessus). Suit Le Rat (p. 80), en regard d'une araignée. Un scolopendre vient enfin marquer l'épilogue : Le Fantôme (p. 181). Tout conduit au suicide de Mengele, en 1979.</span></p><p><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;">On ne saurait trop recommander de lire <i>La Disparition de Josef Mengele</i>, notamment au public des lecteurs les plus jeunes. Mais la bande dessinée s'adresse aux autres, y compris les lecteurs du roman d'Olivier Guez, qui pourront alors le redécouvrir d'une autre façon.<br /></span></p></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-92174884083385607832023-02-23T18:07:00.005+01:002023-02-23T18:45:06.835+01:00Jérôme Ropert (sc.), Tom Graffin (sc.), Victor Lepointre (ill.), Ange Leca, éd. Bamboo, coll. « Grand Angle », 1er mars 2023, 72 pages, 15,90 €. ISBN 978 2 8189 9629 4<p><span style="font-family: Open Sans;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiV4IsGhcEGvlrDRovqLXVTzZsAO7kEKzvK7aJDpe5K3QPwCM4a0DjYPVmVBKNzUaL5M_S3QvzYLozHcv1ImjxNnx_9BCXkPLgRKhboPUWGfGmivFAAoC-68nEZlaos-MwkKt_AhlommQWhHoT1IhNxmDVYecM8ixRLsaBycQNp4IqB_FsF-DBtUIzezA/s673/AngeLecas.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="673" data-original-width="509" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiV4IsGhcEGvlrDRovqLXVTzZsAO7kEKzvK7aJDpe5K3QPwCM4a0DjYPVmVBKNzUaL5M_S3QvzYLozHcv1ImjxNnx_9BCXkPLgRKhboPUWGfGmivFAAoC-68nEZlaos-MwkKt_AhlommQWhHoT1IhNxmDVYecM8ixRLsaBycQNp4IqB_FsF-DBtUIzezA/s320/AngeLecas.png" width="242" /></a></span></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><span><br /> <a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/ange_leca/ange_leca_-_histoire_complete/9782818996294" target="_blank">Propos de l'éditeur</a>.<b> La Belle Époque prend l'eau et les cadavres flottent…</b> </span></span><p><span style="font-family: Open Sans;"><span><span>Hiver 1910. La Seine submerge la capitale. Sous les eaux,
Paris a des airs de Venise. Mais tout remonte à la surface : passions,
rats, vieux démons… Et un corps de femme démembré, mutilé et impossible à
identifier.</span></span></span></p><div class="tabsContent" id="resume">
<div><span style="font-family: Open Sans;"><span><span>Ange Leca, jeune journaliste rebelle, dépendant à l’alcool et
opiomane abstinent, décide de mener son enquête. Mais celle-ci va
l’entraîner beaucoup plus loin qu’il ne l’imaginait et ébranler ses
dernières certitudes. Et il n’est pas certain qu’Emma, sa nouvelle
addiction, l’aide à garder la tête froide... ».</span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span><span> </span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span><span> </span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span><span> </span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span><span>« Grand Angle » nous propose encore un bel album, bien dans l'esprit de cette collection, qui séduit d'emblée par la qualité des dessins et des couleurs. La couverture nous en offre d'ailleurs un premier aperçu. <br /></span></span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span><span> </span></span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span><span>Le vitryate Victor Lepointre a déjà publié deux albums. Le premier avait été publié en 2017 : <a href="https://editionspierredetaillac.com/products/la-guerre-des-loups-lenfer-de-lingekopf?_pos=2&_sid=300060d4c&_ss=r" target="_blank"><i>La Guerre des loups</i></a>, qui retraçait les combats d'un bataillon de chasseurs alpins, en 1915, pour la possession de la crête du massif vosgien du Linge (Haut-Rhin). Le deuxième, <i><a href="https://editionspierredetaillac.com/products/apres-lorage?_pos=1&_sid=c4cd37e48&_ss=r" target="_blank">Après l'orage</a></i> (avril 2021), prenait le même cadre historique, en se concentrant sur 1914 et la région de Vitry-le-François (étonnant, non ?). On y suit un jeune officier très enthousiaste qui, blessé lors de la bataille de la Marne, cherche à survivre aux traumatismes qu'il vient d'éprouver. Victor Lepointre se trouve donc dans un contexte qu'il connaît bien. Cela se ressent par la multitude de détails et le degré de précision de son dessin, qui traduisent l'importance et le sérieux du travail documentaire qu'il a effectué. L'intérieur des ateliers de confection Paquin en est un exemple, où l'on voit s'activer des dizaines de couturières. On y trouvera peut-être l'une des biaiseuses que chantait Marie-Paule Belle il y a une quarantaine d'années, chanson créée par </span>Mademoiselle Allems en 1912. Et les détails du paysage des calanques de Piana (et son rocher en forme de cœur) ! Les couleurs deviennent alors plus vives, plus éclatantes, et opèrent un contraste intéressant avec la grisaille de Paris sous les eaux. Pourtant, par un effet d'inversion, cette grisaille se trouve alors à l'intérieur d'Ange Leca. </span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>Le trait de Victor Lepointre évoque une certaine parenté avec des dessinateurs comme Christian Lacroix (c'est-à-dire Christian Lax), auteur notamment de <i>L'Aigle sans orteil </i>(Dupuis, 2005), de <cite>L'Écureuil du Vel'd'Hiv </cite>(Futuropolis, 2012).</span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span> <br /></span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span><span>Le scénario est aussi très bien construit. Comme l'indique la présentation de l'éditeur, le journaliste Ange Leca fait une enquête à propos d'un corps mutilé. On l'a retrouvé dans une valise, emportée par la crue de l'hiver 1910. L'histoire se double par les relations qu'il entretient avec Emma, épouse du patron de son journal. On devine que les deux intrigues vont se rejoindre à un moment donné, mais le suspense est très bien entretenu jusqu'à son dénouement. Bref, la qualité du dessin et du récit contribuent à maintenir l'attention du lecteur jusqu'au bout. En revanche — mais c'est un problème récurent dans nombre de bandes dessinées —, quel agacement d'être confronté à des anachronismes de langage. Ainsi, en page 13 (puis en page 14), Ange Leca confie à son ami Octave qu'il tient un <i>scoop</i>, alors que les anglicismes sont très peu utilisés. Il aurait très probablement parlé d'une information très intéressante, exclusive, sensationnelle. Le <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/scoop" target="_blank">CNRTL</a> relève que l'un des premiers emplois connus de ce terme en France remonte seulement à 1957. Il n'y a cependant pas lieu d'épiloguer davantage : ce genre d'erreur est fort heureusement limité. Mais cela vient gâcher (même très ponctuellement : j'y insiste) le cours du récit pour les initiés, et, surtout, introduire dans l'esprit des béotiens l'idée qu'on pouvait s'exprimer de cette façon à cette époque.</span></span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span><span> </span></span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span><span><span style="font-size: medium;">Néanmoins, il faut insister sur le plaisir qu'il y a à lire cet album, à se laisser séduire par son rythme et ses dessins. Un dossier documentaire vient le clore, qui montre que les auteurs se sont inspirés de personnages bien réels : l'excentrique Raoul de Vaux ; le chef de la Sûreté, Marie-François Goron… On trouvera des informations complémentaires sur les crues de 1910, bien sûr, mais aussi sur le cabaret « L'Enfer », alors sis boulevard de Clichy.</span><br /></span></span></span></div></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-44218910295832271082023-01-15T12:36:00.005+01:002023-01-15T12:44:08.304+01:00Fabrice Erre, Réseau-boulot-dodo, Fluide glacial, 5 mai 2022, 56 pages, 12,90 €. ISBN : 979 1 0382 0389 1<div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><span><br /></span></span></div><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9ebKvpM7Yj3q8c2QpWiZBLC95CmekAWQIGSJQUQeDg-vaddxPHH4_a3HZ_nPxuGnpx85-6W4UHk33doSXTOuT9Ra2s2xEpPH2asDbL3Ie2V8yO3SQ2dMvRT_02HQw1W6n2P10yXaZ6xAKOcmTGc6bqEKTGG22tI10hQEnRK8E_jbiTgZlNA122mp_8Q/s673/ErreRBM.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="673" data-original-width="519" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9ebKvpM7Yj3q8c2QpWiZBLC95CmekAWQIGSJQUQeDg-vaddxPHH4_a3HZ_nPxuGnpx85-6W4UHk33doSXTOuT9Ra2s2xEpPH2asDbL3Ie2V8yO3SQ2dMvRT_02HQw1W6n2P10yXaZ6xAKOcmTGc6bqEKTGG22tI10hQEnRK8E_jbiTgZlNA122mp_8Q/s320/ErreRBM.png" width="247" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><a href="https://www.fluideglacial.com/bd/erre/reseau_boulot_dodo/reseau_boulot_dodo_-_tome_01/9791038203891" target="_blank">Présentation de l'éditeur</a>. « Tel un sociologue Fabrice Erre se fait l’observateur de notre quotidien d’Homme moderne.
</span></div><div class="tabsContent" id="resume" style="text-align: left;"><span style="font-size: small;">
</span><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><span>Déverrouiller son téléphone. Swiper. Partir au boulot. Se prendre une fusée sur la tête.</span></span></div><span style="font-size: small;">
</span><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><span>Rentrer. Dormir. Recommencer.</span></span></div><span style="font-size: small;">
</span><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><span>Notre vie est souvent rythmée par un quotidien bien millimétré, la
routine s'installe dans nos vies. Quoi de mieux alors que les réseaux
sociaux pour s'évader et communiquer.</span></span></div><span style="font-size: small;">
</span><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: small;"><span>Fabrice Erre s’attaque aux train-train quotidiens modernes, avec
son humour cartoonesque qui touche pile là où ça fait mal. Il pointe du
doigt l’importance et l’impact qu’ont les réseaux sociaux et Internet
dans nos vies, les dérives et surtout les fous rire qui s'en suivent ». </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><br /></span></span></div><div style="text-align: center;"><b><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span><i>Réseau - Boulot - Dodo</i> : l'album drôle qui fait rire, en vrai !</span></span></span></span></b></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span> </span></span> <br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span>C'est toujours un plaisir que de découvrir un nouveau titre de Fabrice Erre. Des personnages caricaturaux, mais près de la réalité — ben… nous, quoi… — ; de petits détails dans le cadre de la vignette, qui, quand on a découvert cette pratique graphique, amènent à lire et relire la BD ; des situations loufoques… </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span>La couverture résume à elle seule ce que l'on trouvera dans les pages intérieures. On est au milieu de ruines antiques — un Parthénon à la mode Erre — : les statues ont un pouce en l'air, quelle que soit leur attitude (le discobole qui se concentre sur son tir, tout en pensant à tendre le pouce…) ; une autre, sorte de Colosse de Rhodes qui aurait échappé aux destructions, vient de perdre sa main droite — au pouce redressé, comme il se doit —, qui 'est écrasé sur un touriste — dont le pouce est courbé. La scène est photographiée par d'autres touristes, qui brandissent leur smartphone, concentrés sur la main du pseudo-Colosse, mais complètement absents aux ruines qu'ils traversent comme s'il n'était qu'un décor : leur cliché ne doit témoigner que de leur présence dans un lieu prestigieux (on a droit au selfie d'une touriste, preuve de la preuve : j'étais là !). Le malheureux écrasé par la main qui a chu, tente, lui, d'attraper son smartphone dans un dernier geste désespéré — et désespérant —, afin d'immortaliser son drame.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span>Il est difficile de décrire le contenu de l'album, qui tourne évidemment autour du numérique, des réseaux sociaux, et de leur emprise sur la vie quotidienne des personnages. Fabrice Erre tourne leur usage (et les utilisateurs) en dérision, en les plaçant dans des situations complètement absurdes : un troll qui débarque à la table d'un couple huppé, dans un restaurant très chic ; un premier rendez-vous sentimental qui dégénère ; la malédiction de l'iPhone 12… On ne négligera pas les planches avec un seul dessin — ça doit avoir un nom, ces trucs-là — : un prisonnier photographié de face (brute épaisse) et de profil (façon selfie), etc.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span>Réseau - Boulot - Dodo n'est pas pour autant un travail moralisateur. Si on veut vraiment des enseignements pour la vie, pourquoi pas. Mais chaque histoire est d'abord conçue comme un prétexte à rire : ce serait dommage de passer à côté.<br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span><br /></span></span></div></div><span style="font-family: Open Sans;"><span> </span></span>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-69807806706128389782022-12-07T15:46:00.008+01:002023-02-23T18:14:12.498+01:00Philippe Pelaez (sc.) et Gilles Aris (ill.), L'Écluse, 64 p., éd. Bamboo, coll. « Grand Angle », 10 août 2022, 15,90 €. ISBN : 978 2818 978 238<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/l__ecluse/l__ecluse_-_histoire_complete/9782818978238" target="_blank"></a></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3uKwz0cD_LqzZemsPZffdAQ3YWffKl8BXMO88dUyUmY_VdAejmC2PTfr-CXDUezLfPVHPpSKFokwiuv4BC1ZHFwu2eOnZnMMGPAQ__yl2RxXufMCjCGQ1zwbZhPcSaSXaS6JpFWz81IAjJNNPKKlCQy7sd9JQA4PFSrYW8hS8ZLnYF26aDThAYEOJHw/s673/ecluse.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="673" data-original-width="496" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3uKwz0cD_LqzZemsPZffdAQ3YWffKl8BXMO88dUyUmY_VdAejmC2PTfr-CXDUezLfPVHPpSKFokwiuv4BC1ZHFwu2eOnZnMMGPAQ__yl2RxXufMCjCGQ1zwbZhPcSaSXaS6JpFWz81IAjJNNPKKlCQy7sd9JQA4PFSrYW8hS8ZLnYF26aDThAYEOJHw/w295-h400/ecluse.png" width="295" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><br /><a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/l__ecluse/l__ecluse_-_histoire_complete/9782818978238" target="_blank">Présentation de l'éditeur</a>. «<b> </b>Il est des eaux moins paisibles qu’elles en ont l’air</span><p></p><div class="tabsContent" id="resume" style="text-align: left;"><div class="mb-10px">
</div>
<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">Trois noyées en moins d’un an…<br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">
C’est beaucoup pour la petite écluse dont s’occupe Octave.<br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">
Dans le village, les rumeurs vont bon train et le jeune éclusier un peu
attardé au visage déformé a tout du suspect idéal. L’émoi est tel que
deux policiers de la ville viennent enquêter pour tirer cette affaire au
clair, mais aussi pour faire face à la fureur des habitants bien
décidés à rendre la justice eux-mêmes.<br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">
Les eaux de la rivière sont paresseuses, mais dans ses méandres, la cruauté et la méchanceté ne sont jamais très loin ».</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">D'un côté Octave, difforme, muet et souffre-douleur. De l'autre, Fanette, en jeune fille qui cherche à le protéger. Et enfin Alban, en petite terreur qui règne sur le village. On a ici les ingrédients qui font immanquablement penser aux personnages de <i>Notre-Dame de Paris</i> : Quasimodo, Esmeralda, Claude Frollo… On y est d'autant plus incité que la couverture de l'album montre Octave sauvant Fanette, référence explicite à ce que l'on a pu lire dans le roman de Victor Hugo.<br />D'autres références viennent pourtant en tête, notamment dans le cinéma : <i>Panique</i> (1946), de Julien Duvivier, que Patrice Leconte reprend en 1989 sous le titre <i>M. Hire</i>, les deux étant l'adaptation du roman de Georges Simenon, </span><span style="font-family: Open Sans;"><i>Les Fiançailles de monsieur Hire</i> (1933). On pense aussi à <i>Fury</i>, de Fritz Lang (1936), etc. Le thème de l'injustice n'a cessé d'inspirer, sur le terreau des jalousies, des mesquineries villageoises, des petits pouvoirs que les uns s'arrogent sur de plus faibles, et de la vindicte populaire attisée par les forts en gueule. Les auteurs de <i>L'Écluse</i> y ont ajouté d'autres thèmes, que ce soit celui des discriminations, du poids des histoires intra-familiales, etc. Le lecteur ne se perd pas avec cette multiplicité d'approches, et c'est d'ailleurs l'un des mérites de l'album que d'y avoir réussi.<br /><br />Si l'on reprend l'évocation que l'on a faite de</span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;"> <i>Notre-Dame-de-Paris</i>, il faut dire qu'</span>on n'a pas affaire à une banale réplique, ce qui n'aurait pas beaucoup d'intérêt. Les premières différences, comme on s'en doute, tiennent à l'espace et à la période.<br /><br />L'action se déroule en effet dans un petit village du Quercy, Douelle (arrondissement de Cahors), qui s'est développé dans un méandre du Lot. Il ne semble pas, sauf erreur, qu'il y ni canal, ni écluse, par conséquent. C'est en tout cas ce village dont Jean Fourastié a retracé l'évolution entre 1945 et 1975, étude qui lui a permis de concevoir l'idée des Trente Glorieuses[Jean Fourastié, </span><span style="font-family: Open Sans;"><span class="reference-text"><i>Les Trente Glorieuses ou la révolution invisible de 1946 à 1975</i>, Fayard, 1979)</span>. Mais les auteurs n'y ont pas fait référence. </span><span style="font-family: Open Sans;">On peut les remercier d'avoir limité les clichés sur le Sud-Ouest. Si « con » apparaît comme un signe de ponctuation vocal, les tentatives de restituer
le parler local en restent là. Cette subtilité laisse au lecteur toute
latitude pour imaginer que l'intrigue peut finalement se placer
n'importe où en France. On est ainsi, et très heureusement, bien loin des
lourdes pagnolades de Claude Berry (1986).</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">L'époque diffère également et
embrasse le troisième quart du XX<sup>e</sup> siècle. On part de la Libération de la région jusqu'au début des années soixante. Au cours de cette
quinzaine d'années, les relations au sein du village sont imprégnées par
ce qui s'est passé sous l'Occupation. Octave apparaît comme une synthèse vivante de cette atmosphère.<br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br />Le dessin décontenance un peu. La physionomie des personnages présente en effet un tracé assez anguleux, assez nerveux, comme on en trouvait sous le crayon de Jean Tabary, avec ses <i>Totoche</i> ou <i>Corinne et Jeannot</i>. Dans <i>L'Écluse</i>, on a l'impression que cette façon de les restituer est destinée à mettre certains protagonistes sur un pied d'égalité avec les infirmités d'Octave : le monstre n'est pas celui que l'on pourrait croire.<br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"> <br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">On note cependant des maladresses, avec quelques rares anachronismes ou bizarreries. Les mêmes gendarmes portent au côté un bâton de gardien de la paix, alors qu'ils en sont dépourvus dans les autres vignettes, et que, surtout, cet outil ne fait pas partie de leur équipement quotidien (sauf dans une régulation du trafic). Ils peuvent porter des cheveux exagérément longs (p. 55-56). On a aussi un drapeau nazi qui a bizarrement été placé sur la façade de l'église du village (p. 5). Sur la même page, un militaire libérateur est accoutré en soldat français de la Première Guerre mondiale. On a un modèle assez rare de 2cv (p. 24), qui présente une malle bombée à l'arrière : quelques entreprises s'y étaient essayées avant que Citroën sorte la </span><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://2cv-legende.com/accessoires/portes-malles-bombees-2cv" target="_blank">2CV AZLP</a> en 1957.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">Il n'empêche que les qualités de l'album l'emportent très largement, tant du point de vue du scénario (notamment pour l'épilogue, dont on ne dira évidemment rien) que du dessin. <br /></span></div></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-47711390540436280132022-11-21T18:09:00.012+01:002022-11-21T18:49:01.143+01:00Jean-Yves Le Naour (sc.) et Emmanuel Cassier (ill. et coul.), L' Affaire Markovic, 88 pages, coll. « Grand Angle », éditions Bamboo, 31 août 2022. ISBN : 978 2818 988 695<div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5WjRi-hn92UAB3L3qA9GbbHm5wI5X3a349l11InITQAA1Fp4Nl1NQLKREfCkXZb26z764KsFZpKnTEULerfVae69MFVRWKbEWSUujkUAbTUOur0eQEQkIIKAiHnv5XK2gH__OufOyemBXqn9qSTJTYIla0OhLYLTHoBfyqJiYlYNT-kYmieSDTYsFug/s638/Markovic.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="638" data-original-width="467" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5WjRi-hn92UAB3L3qA9GbbHm5wI5X3a349l11InITQAA1Fp4Nl1NQLKREfCkXZb26z764KsFZpKnTEULerfVae69MFVRWKbEWSUujkUAbTUOur0eQEQkIIKAiHnv5XK2gH__OufOyemBXqn9qSTJTYIla0OhLYLTHoBfyqJiYlYNT-kYmieSDTYsFug/s320/Markovic.png" width="234" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://www.angle.fr/bd/grand_angle/l__affaire_markovic/l__affaire_markovic_-_vol_01/9782818988695" target="_blank">Présentation de l'éditeur</a>. « Le scandale politique qui a fait vaciller la V<sup>e</sup> République </span></div><div class="tabsContent" id="resume" style="text-align: left;"><div class="mb-10px">
</div>
<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">En 1968, Charles de Gaulle est un président vieillissant qui semble de plus en plus déconnecté du peuple. Dans l’ombre, la guerre de succession a déjà commencé. Le 1<sup>er</sup> octobre, le corps de Stefan Markovic, un Yougoslave travaillant pour Alain Delon, est retrouvé dans une décharge. À partir de cette sordide histoire criminelle s’échafaude un incroyable complot politique destiné à mêler le nom des Pompidou à l’affaire. Une histoire de guerre de succession, de coup bas, d’affaire de mœurs inventée de toute pièce dans le but d’empêcher Pompidou d’accéder à la présidence, par tous les moyens, même les plus sales ».</span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> <br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Cinquante ans après, l'affaire </span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Marković n'est probablement plus guère dans l'esprit de beaucoup. D'autres l'ont aussi recouverte, notamment la disparition du ministre Robert Boulin, en octobre 1979, avec des points communs : scandales politiques touchant des personnalités politiques en vue et le sommet des institutions ; résolutions définitives qui n'ont jamais été acquises ; alarme d'opinion publique sensible, etc. Les principaux ingrédients sont là pour répondre à la <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/scandale" target="_blank">définition du mot <i>scandale</i></a> : « <span class="tlf_cdefinition">Ce qui paraît incompréhensible et qui, par conséquent, pose problème à la conscience », mais aussi « </span><span class="tlf_cdefinition">grave affaire à caractère immoral où sont impliquées des personnes que l'on considérait comme honorables, dignes de confiance ».</span></span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span class="tlf_cdefinition"> </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span class="tlf_cdefinition">Cette affaire </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span class="tlf_cdefinition"><span style="font-family: Open Sans;"></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Marković</span></span> n'est cependant ni la première de la V<sup>e</sup> République, ni la dernière. On renverra notamment à l'album réalisé par Bruno Collombat et Étienne Davodeau, </span><i>Cher Pays de notre enfance. Enquête sur les années de plomb de la V<sup>e</sup> République</i> (Futuropolis, 2015), dont on a <a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2015/10/etienne-davodeau-et-benoit-collombat.html" target="_blank">rendu compte sur ce même site</a>. Il y était question du Service d'action civique (SAC), organisme occulte placé au service du pouvoir gaulliste, lié au « milieu » de la délinquance (comme celle qui nous occupe ici). Ces faits permettent de nuancer l'accroche de la présentation de l'éditeur : cette affaire n'a guère fait vaciller la </span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span class="tlf_cdefinition"> V<sup>e</sup> République (qui a survécu, depuis)</span></span></span>. Mais elle a été l'un des coins enfoncés dans la crédibilité du corps politique, et notamment du pouvoir, et l'un des éléments qui ont contribué à la perte de confiance des citoyens dans la réalité de la démocratie.</span></span></div><div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Mais on y voit aussi l'importance du rôle de la presse. Les auteurs ont créé le Pierre Lefebvre, journaliste au <i>Figaro</i>, pour en faire le personnage central de l'histoire. On suit son enquête, qui prend racine assez fortuitement lors de la découverte </span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">du corps de Stevan </span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Marković</span></span> dans une décharge publique d'Élancourt</span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">. Peu à peu, il élargit son investigation à des cercles qui n'ont <i>a priori</i> pas de relations entre eux : des émigrants yougoslaves ; la police ; des services secrets ; le banditisme avec François Marcantoni ; les milieux politiques avec l'ancien député Pierre Lemarchand ; jusqu'à Alain Delon, comme employeur de Stevan </span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Marković</span></span>, </span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"> etc. </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition">Le tout évoque le principe des poupées gigognes, abritant chacun une affaire particulière. Cela aboutit à mettre en cause l'ancien Premier ministre Georges Pompidou, par le biais de sa femme qui aurait participé à des soirées réprouvées par la morale, organisées par </span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Marković</span></span>. </span></span></span></div><div><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition"><br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition">Peu à peu se dessinent les difficultés relationnelles entre Pompidou et de Gaulle, qui auraient leurs racines dans la gestion du mouvement de mai 1968. Les auteurs présentent le premier comme ambitionnant de succéder au second, ce qui fait grincer quelques dents (celles des compétiteurs à venir) : ce qu'il fit très rapidement en annonçant sa candidature potentielle avant le référendum du 27 avril 1969. Il fait aussi preuve d'un dynamisme peu commun dans la tourmente qui le vise, au lieu d'en être accablé. Le président de la République est, lui, dépeint en vieillard entouré de courtisans peu scrupuleux, multipliant les erreurs d'appréciations et courant vers un échec politique inéluctable et une sortie peu glorieuse. L'atmosphère est clairement celle d'une fin de règne…<br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition"> </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition">On le voit, les faits repris par les auteurs le sont avec une certaine liberté, qu'autorise d'autant plus le fait que leur éclaircissement n'est toujours pas fait. Mais au-delà du scandale que cette affaire a alors provoqué, l'album met en avant la nature d'une démocratie. Elle apparaît solide par ses institutions, par la protection offerte par la liberté de la presse. Mais elle se révèle </span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition">à la fois </span></span></span>fragile, par les intrigues qui se nouent au sein du pouvoir, et les rumeurs colportées par la même presse. </span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition"><br /></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition">Le développement progressif de l'intrigue permet de tenir le lecteur en haleine dès le départ, avec un regard qui se déplace au gré des différents protagonistes. Le scenario est aussi très bien soutenu par l'efficacité du dessin d'Emmanuel Cassier. Le style <i>a priori </i>classique, rappelant </span></span><span style="font-family: Open Sans;">Edgard Félix Pierre Jacobs (Edgar P. Jacobs), </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="tlf_cdefinition">permet de mieux se replacer dans le contexte de la fin des années soixante, d'autant que les détails ont été soignés : les vêtements, les coiffures, la cigarette omniprésente…</span></span></span> Le choix des différents angles de vue retenus et leur enchaînement renforcent la dynamique de l'histoire. Un petit dossier final rassemble enfin des éléments sur cette affaire et ses suites.<br /></span></span></div></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-42120053756502133702022-11-08T18:43:00.002+01:002022-11-08T18:43:56.006+01:00Martine Gasparov (sc.), Emilie Boudet (ill.), Toute la philo en BD, co-éd. La Boîte à Bulles-Belin Éducation, 26 janv. 2022, 64 pages, 9,95 €<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><p style="text-align: left;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0LmYPyVJ_hPY06Fj7ZfYR4PIbXgagQr0WisJKUfSFHKpAftvODY4rMZTBfuxz5sA-butKkJtpJ_YvuG5jq7PnJ7SrJfVlxEMCEEC6STj5_NGD38VIjjJFr4M_CiZmMyxwtScEqnSrHJ621h_jYhkOFLRDZvQh38bKk2At5FOUwdIvsBfdatk_hroqpQ/s300/l-art-couv-17139-couvsheet-206x300.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="206" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0LmYPyVJ_hPY06Fj7ZfYR4PIbXgagQr0WisJKUfSFHKpAftvODY4rMZTBfuxz5sA-butKkJtpJ_YvuG5jq7PnJ7SrJfVlxEMCEEC6STj5_NGD38VIjjJFr4M_CiZmMyxwtScEqnSrHJ621h_jYhkOFLRDZvQh38bKk2At5FOUwdIvsBfdatk_hroqpQ/s1600/l-art-couv-17139-couvsheet-206x300.jpg" width="206" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://www.la-boite-a-bulles.com/book/786." target="_blank"><i>L'Art</i></a> <br /></span><p></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">« Qu’est-ce que l’art ?<br />
Tout le monde peut-il être un artiste ?<br />
Une œuvre d’art peut-elle être immorale ? ».</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="notice-label"></span><span class="">ISBN 979-10-358-2097-8</span> <br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /> </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://www.la-boite-a-bulles.com/book/787" target="_blank"><i>La Vérité</i></a><br /></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjn-KMYHkKE9sM_xZnkbvoeKb6E-_VVL20yx3RzmIvuNFblr_tf0q61QMsb9kr17rAfJVnhNiLIcwxOBwphhZlXilxmKiUVJCQjJgH4UF6c2_lsItBKUebsZNiFRg3OMJA9WpE1jeSVvtmQYFlAL4jHFNNcmTSE-bif3o5v9ivlWcLhsyHcmzSDiI9Qfw/s300/la-verite-couv3-17092-couvsheet-206x300.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="206" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjn-KMYHkKE9sM_xZnkbvoeKb6E-_VVL20yx3RzmIvuNFblr_tf0q61QMsb9kr17rAfJVnhNiLIcwxOBwphhZlXilxmKiUVJCQjJgH4UF6c2_lsItBKUebsZNiFRg3OMJA9WpE1jeSVvtmQYFlAL4jHFNNcmTSE-bif3o5v9ivlWcLhsyHcmzSDiI9Qfw/s1600/la-verite-couv3-17092-couvsheet-206x300.jpg" width="206" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span><p></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">« Peut-on distinguer facilement le vrai du faux ? <br />
Comment être assuré de connaître la vérité ? <br />
Le mensonge est-il toujours condamnable ? ».</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="">ISBN 979-10-358-2100-5 </span><br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><span style="font-family: Open Sans;"></span><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><i><a href="https://www.la-boite-a-bulles.com/book/788" target="_blank"></a></i></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8fFly4UisYU_NqBC9oYgNQ4kwKrIQoRj1ODMqFkOl7sio7ZFk6ZsHHkKw8Vdqlrcj-B-_57sE6JF5olfNqUp3dErTKGoTgJZnRfDB8QzjD6fSJPzZxgl08AigkX8X79eAivgAKZDpkG1zTDiNeJXf-zJiFa8OLejiB_YpaYcei4xRvFG02GaWITUqKQ/s300/la-technique-couv-17093-zoomed-206x300.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="206" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8fFly4UisYU_NqBC9oYgNQ4kwKrIQoRj1ODMqFkOl7sio7ZFk6ZsHHkKw8Vdqlrcj-B-_57sE6JF5olfNqUp3dErTKGoTgJZnRfDB8QzjD6fSJPzZxgl08AigkX8X79eAivgAKZDpkG1zTDiNeJXf-zJiFa8OLejiB_YpaYcei4xRvFG02GaWITUqKQ/s1600/la-technique-couv-17093-zoomed-206x300.jpg" width="206" /></a></i></div><i>La Technique </i><p></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">« La technique est-elle une spécificité humaine ?<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">
Le perfectionnement des techniques est-il un facteur de progrès pour l’humanité ?<br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">
Les technologies modernes sont-elles libératrices ? ».</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="">ISBN 979-10-358-2164-7 </span><br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p style="text-align: left;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8tRJPqo6DrosfY5Bp8uxkwxkRZjycfVRHnK9y_HMq8GF3nEnyN8-4ddvdS72bnSu1xnuudKbBOiPQVzHXpG5aP3De8iXXZRRiBbiUVWs-hwXEGdMZha0f1Lv1X4y_YTtM8oebFaNPdGsaZBibqvx4lWz46VtxU5ctgAdDJ59TahOod9wydWxAEJ918A/s349/la-nature-couv-17102-couvsheet.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="349" data-original-width="240" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8tRJPqo6DrosfY5Bp8uxkwxkRZjycfVRHnK9y_HMq8GF3nEnyN8-4ddvdS72bnSu1xnuudKbBOiPQVzHXpG5aP3De8iXXZRRiBbiUVWs-hwXEGdMZha0f1Lv1X4y_YTtM8oebFaNPdGsaZBibqvx4lWz46VtxU5ctgAdDJ59TahOod9wydWxAEJ918A/s320/la-nature-couv-17102-couvsheet.jpg" width="220" /></a></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><i><a href="https://www.la-boite-a-bulles.com/book/789" target="_blank">La Nature</a></i><br /></span><p></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">« Peut-on distinguer la nature de l'artificiel ?<br />
La nature humaine existe-t-elle ?<br />
Avons-nous des devoirs envers la nature ? ».</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="">ISBN 979-10-358-2159-3 </span><br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></p><p style="text-align: left;"><span></span></p><a name='more'></a><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">On trouvera la biographie de Martine Gasparov sur le <a href="https://www.la-boite-a-bulles.com/profil/Martine%2BGasparov" target="_blank">site de La Boîte à bulles</a>. Elle enseigne la philosophie
à l'École et lycée des métiers
d’art et du design Auguste-Renoir, à Paris. Elle a déjà publié quelques
ouvrages de vulgarisation destinés à la jeunesse, ainsi que des manuels
pour les élèves de Terminale. </span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://www.la-boite-a-bulles.com/profil/Emilie%2BBoudet" target="_blank">Émilie Boudet</a> a réalisé quelques bandes dessinées. Elle a notamment participé aux collections de la Boîte à bulles : <em>Toute l’éco et la socio</em> <em>en BD</em> ; <em>Toute l’éco</em>.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">La structure est évidemment proche de celle de ces deux dernières collections, qui ont eu (et continuent d'avoir) un certain succès. Bien soutenu par le dessin, le propos est découpé en trois ou quatre chapitres, qui répondent à une question, subdivisés en autant de thèmes (voir la présentation faite par l'éditeur, plus haut). Le tout est ponctué de petits récits illustrés. </span><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-family: Open Sans;">Au gré des pages, o</span>n relève la présence d'encarts dévolus à des définitions, à de brèves biographies, ce qui permet de ne pas perdre le fil de la démonstration. Enfin, des points récapitulatifs, de petits organigrammes aident encore à la compréhension et à la mémorisation des éléments abordés. Le tout permet d'aborder quatre des notions qui sont au programme de philosophie de la classe de Terminale. <br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">Comme on le voit, il y a un soin didactique qui dénote un parti pris clairement pédagogique, ce qui permet de bien progresser dans l'approche d'une notion, tout en se posant des questions et renforcer sa propre opinion. À cela s'ajoute encore un souci d'ancrer la réflexion dans une interrogation de notre époque. Le fascicule sur la technique aborde ainsi le thème du transhumanisme (<i>Technique</i>, p. 43), de la place donnée à la technologie. Sont posées les questions de la procréation médicalement assistée (PMA) et de la gestation pour autrui (GPA), ce qui engage la réflexion sur l'éthique (p. 40 et suiv.). <i>La Nature</i> amène à réfléchir au</span><span style="font-family: Open Sans;"> rapport des hommes à ce qui les entoure, notamment sur l'exploitation des animaux.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span><span style="font-family: Open Sans;"></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"> Des liens sont ainsi lancés en direction des sujets abordés dans bon nombre de matières : en éducation morale et civique, dans la spécialité </span><span style="font-family: Open Sans;"><b>histoire</b>-géographie,<b> géopolitique</b> et sciences politiques (HGGSP), en sciences économiques et sociales, mais aussi dans les matières scientifiques. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">Pour autant, les fascicules ne délaissent pas le champ culturel, bien au contraire. On retrouvera ainsi l'allégorie de la caverne (<i>La Vérité</i>, p. 20 à 24). Mais on pourra découvrir qui était Lachès (<i>La Vérité</i>, p. 13) à l'occasion d'une réflexion sur les préjugés, ou l'affaire Brancusi (<i>L'Art</i>, p. 16)… <br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;">Ni bandes dessinées, ni manuels de philosophie, ces ouvrages constituent une excellente base, mais dont on ne pourrait se contenter. Très bons compléments des cours reçus, ils sont conçus dans le but de susciter l'intérêt des lecteurs, d'abord, et d'inciter à aller plus loin. En cela, ils facilitent grandement la progression dans des textes plus complexes. En cela, ils intéresseront les élèves de Terminale en premier lieu, mais aussi bien d'autres lecteurs, y compris les plus jeunes.<br /></span></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-65344960944164966572022-06-01T12:43:00.002+02:002022-06-01T12:50:59.747+02:00Colin Robineau, Devenir révolutionnaire. Sociologie de l’engagement autonome, La Découverte, coll. « Sciences humaines », 7 avril 2022, 218 p., 20 €. ISBN : 9782348066719<div><span style="font-family: Open Sans;"><span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdOdWfBaLKY8Ez2qtQ9M9ROM0BTltoUMjczKipbmCv0IX-u96DSoNFkUp-1xHTKt5e-5NQS5NUjtBBOq0Pncix78ymznDHfuDwkvzoJE_NrjWyC2N1opBiIW9j14BOj7BdwcJGnwHp3dydRLvhOSKiH9gpywIo4x1nfqxEuRogvDGjv8Vn-Ivs5O8Rlg/s1304/Revol.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1304" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdOdWfBaLKY8Ez2qtQ9M9ROM0BTltoUMjczKipbmCv0IX-u96DSoNFkUp-1xHTKt5e-5NQS5NUjtBBOq0Pncix78ymznDHfuDwkvzoJE_NrjWyC2N1opBiIW9j14BOj7BdwcJGnwHp3dydRLvhOSKiH9gpywIo4x1nfqxEuRogvDGjv8Vn-Ivs5O8Rlg/w245-h400/Revol.jpg" width="245" /></a></div><a href="https://www.editionsladecouverte.fr/devenir_revolutionnaire-9782348066719" target="_blank"><br /></a></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><a href="https://www.editionsladecouverte.fr/devenir_revolutionnaire-9782348066719" target="_blank">Propos de l'éditeur</a>. «
Composé de quelques milliers de personnes en
France, le milieu autonome rassemble des groupes aux pratiques diverses
et aux influences idéologiques hétérogènes, dont les « zadistes » et le «
black-bloc » ne sont que les fractions les plus médiatisées. Parfois
désigné sous les catégories d’« ultragauche » ou de « mouvance
anarcho-autonome », fédéré autour d’une critique anticapitaliste et
antiétatique, ce microcosme politique reste, en dépit d’une visibilité
accrue dans les mouvements sociaux, difficilement accessible. Qui sont
ces activistes ? Que pensent-ils ? Comment se sont constituées leurs
dispositions à l’action contestataire ? Quels sont leurs parcours et
leurs motivations ?</span></span><br /></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>À partir d’une vingtaine de récits de vie, cet
ouvrage invite le lecteur à se plonger dans un jeu de piste qui, depuis
la petite enfance des militants jusqu’à aujourd’hui, cherche à
comprendre la genèse de leurs révoltes, les formes de leur socialisation
politique et les ressorts de leurs engagements, pour répondre à une
question à la fois simple et ambitieuse : comment devient-on
révolutionnaire ?<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>Se dessinent ainsi, au fil des pages, des
propriétés, des expériences et des trajectoires communes qui donnent à
voir, loin des fantasmes que suscite le lexique de la radicalité, la
fabrique des militants autonomes. Car on ne conteste l’ordre social ni
par hasard ni sous le coup d’une illumination politique. Ici comme
ailleurs, les individus agissent autant qu’ils sont agis. Et c’est
précisément ce qui les pousse à agir dont ce livre entend rendre compte ». </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span> </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;">Colin Robineau est sociologue, chercheur associé au laboratoire Carism (</span></span><span><span style="font-size: medium;">Centre d'Analyse et de Recherche Interdisciplinaires sur les Médias) de l’université Paris II et enseignant à l’université de La Réunion. Sa thèse de doctorat </span></span><span><span style="font-size: medium;"><span class="field-content"> en Sciences de l’information et de la communication</span>, préparée sous la direction de Valérie Devillard, était intitulée :<i> </i></span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;"><span class="field-content"><i><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.u-paris2.fr/fr/recherche/soutenances-de-theses/la-politisation-en-terrain-militant-radical-ethnographie-dun-squat" target="_blank"><i>La politisation en terrain militant « radical ». Ethnographie d’un squat d’activités de l’Est parisien</i></a>. </span></span></i>Elle a été soutenue en novembre 2017. Il a notamment publié deux articles (entre autres) liés à ses recherches et donc directement au sujet du présent ouvrage : </span></span></span></span></p><li style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">« S’engager corps et
âme. Socialisations secondaires et modes de production du militant "autonome" », <i>Agora débats/jeunesses</i>, n° 80, 2018, p. 53-69.</span></span></li><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">
<li>« Constituer un contre-public en marge des médias :
négociations, circulations et normativités d’un discours
‘révolutionnaire’ au sein d’une cantine de quartier », <i>Études de
communication</i>, n° 47, 2016, p. 131-148.</li></span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;">Pour examiner ce qui conduit à un engagement révolutionnaire, Colin Robineau s'est intéressé au mouvement autonome, qui s'est développé en France à la fin des années soixante-dix (mais aussi en Italie et en Allemagne) notamment à la faveur de la lutte contre le nucléaire. Mais il a repris de la vigueur par la suite, notamment lors des manifestations de 2006 contre le CPE (pas conseiller principal d'éducation, mais contrat première embauche) et encore aujourd'hui, notamment dans certaines ZAD. Nuançons tout de suite le singulier utilisé : il y a autant de formes dans le mouvement autonome qu'il y a de groupes. L'étude de Colin Robineau suit l'un d'entre eux et ne prétend donc pas à recouvrir l'extrême diversité. L'intérêt de son travail tient cependant à l'étroitesse du corpus, qui permet une étude très fine de dix-huit militants et une exploration de dix-huit cas particuliers.<br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;">Comme cela a été le cas pour les Black Blocs (voir le compte rendu sur ce même site du livre de Francis Dupuis-Déri<i> </i>: </span></span><span style="font-size: medium;"><a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/francis-dupuis-deri-les-black-blocs-la.html"><i>Les Black Blocs. La liberté et l’égalité se manifestent</i>, éd. Lux, coll. « Instinct de liberté », rééd. 2019, 344 p., 14 €</a><span><span>), on retrouve la même difficulté des médias à qualifier et expliquer ce qu'est le mouvement autonome, et les mêmes clichés : l'ultra-gauche est un mot suffisamment vague pour le désigner, tout en attisant les peurs. Comme pour les Black Blocs, la distance prudente respectée par les autonomes n'a pas contribué à améliorer les choses. Bref, de tels groupes sont spontanément associés à une idée de violence : la marginalité (et surtout ce qui est inconnu) continue de faire peur.<br /></span></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>L'étude de Colin Robineau s'appuie donc sur dix-huit entretiens qu'il a menés avec des militants d'un squat parisien, La Kuizine, lors de l'observation qu'il avait faite entre 2013 et 2015 pour les besoins de sa thèse. </span></span><span style="font-size: medium;">La proximité qu'il réussi à établir lui a permis de cerner les éléments sociologiques qui conduisent à l'engagement autonome, ce processus conduisant à ce qu'il qualifie de « carrière militante ».<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Pour nous les donner à comprendre, Colin Robineau </span><span><span style="font-size: medium;">suit une voie chronologique très claire. Il </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;">cherche</span></span></span> d'abord à reconstituer les aspects qui forment le contexte personnel du militant, à commencer par la famille, puis les cercles relationnels qui se dessinent au cours de la scolarisation. Sur la base de cette socialisation, l'auteur voit ensuite comment on entre dans un mouvement et quelles trajectoires peuvent se dessiner.</span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;">Parmi les principaux déclencheurs de l'engagement, la culture joue un rôle important. Les témoignages font état de l'influence de films, ceux de Ken Loach en particulier, de la lecture</span><span style="font-size: medium;"> de journaux critiques indépendants comme Le Diplo, de livres de militants (notamment anarchistes), de penseurs comme Raoul Vaneigem, etc. Le milieu familial s'avère souvent déterminant. D'origines sociales très diverses (pas seulement les classes moyennes embourgeoisées, pour reprendre le cliché habituel) souvent mixtes (soient des milieux sociaux différents), les parents ont été influencés (à des degrés divers) par le contexte politique des années soixante à quatre-vingts</span><span style="font-size: medium;">, qu'ils ont connu comme enfant, adolescent ou jeune adulte. Cela a permis à leurs enfants de développer une sensibilité particulière et critique aux formes de la socialisation : l'école est ainsi perçue comme le lieu même de la reproduction sociale, qu'il faut donc rejeter. En cela, l'auteur dit qu'elle est le « terreau d'une </span></span></span><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;">humeur anti-institutionnelle », parfois favorisé par le rôle d'enseignants critiques dans la socialisation politique. Cela ne se traduit pas par un rejet global de la culture, notamment académique : elle est jugée au contraire comme un moyen dont il faut s'emparer pour le retourner par la suite. C'est un trait commun avec bon nombre de groupes anarchistes, très attachés à l'idée d'un développement de l'autonomie intellectuelle (et donc de la construction d'une distance au monde) grâce à l'éducation populaire et à une familiarisation avec la culture dominante. Mieux connaître et combattre l'ennemi de classe, c'est d'abord s'approprier ce qui le constitue intellectuellement.</span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span>Cette distanciation qui s'établit progressivement prend, pour ces militants, des formes de ruptures radicales. On a évoqué leur antagonisme avec l'école (au sens large), mais il y a souvent une coupure avec le milieu familial (et un rejet du modèle de socialisation que les parents ont bâti), le refus de trouver une activité professionnelle dans une entreprise, une opposition à la loi, etc. La volonté de développer une culture académique peut alors sembler étonnante (si on a lu trop vite ce qui précède) ; elle contribue au contraire à la construction d'une certaine distinction : on se situe dans les marges de la société, mais c'est un choix réfléchi et argumenté. Un certain nombre des militants se sont ainsi engagés au moment de leurs études supérieures (notamment à Tolbiac).<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans; font-size: medium;"><span>De là, une contre-culture se bâtit, qui favorise l'entre-soi en même qu'une resocialisation. Cependant, la vie commune au sein du squat (fréquenté à temps partiel ou totalement), qui a pour objectif la liberté la plus large, conduit chacun à être sous la contrainte du groupe. On retrouve ainsi les observations des historiens qui ont étudié les communautés villageoises de l'Ancien Régime : la protection qu'elles apportent plus ou moins à ses membres suppose le respect des normes sociales et un encadrement étroit. Cela montre que les groupes autonomes ont leurs règles et même des rites (pour y entrer, y demeurer, il faut faire ses preuves), et donc une organisation sociale, à rebours des stéréotypes colportés avec complaisance. C'est une véritable micro-société.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;">Cette vie de réclusion volontaire implique-t-elle de n'en plus sortir ? Évidemment non : certains militants reprennent leurs études, par exemple ; l'investissement dans la brasserie de La Kuizine est aussi un moyen de sortir du squat et de se projeter dans d'autres activités. Colin Robineau note que ces militants restent marqués par leur expérience, et demeurent engagés dans les mouvements sociaux.</span><br /></span></span></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-17929790752461205762022-05-20T16:59:00.006+02:002023-02-23T18:22:25.167+01:00Jean-Blaise Djian Pierre-Roland Saint-Dizier (sc.), Vincent (ill.), Liberty Bessie, T. 1, « Un pilote de l’Alabama », Glénat, coll. « 24x52 (Vents d'Ouest) », 2 mai 2019, 56 p., 14,50 €<p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_cHgQuqijk9a63PR-f00HMkX1Icdi-q1PEb-_E6YP9F7GZeGpNZXJ26lIsQiFfrMzqKTr2mA0cKfFLB2RaNaTlIaIVtMZxogbSna_oUVVaoqmD7GBuqBh343ncYi2LQO_WldJfweOGdRSWlWq9hBaI-tCP3Kb_hsXvI9XMoZ__zXK81QYo_wgLUlQ1Q/s800/9782749308647-001-T.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="600" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_cHgQuqijk9a63PR-f00HMkX1Icdi-q1PEb-_E6YP9F7GZeGpNZXJ26lIsQiFfrMzqKTr2mA0cKfFLB2RaNaTlIaIVtMZxogbSna_oUVVaoqmD7GBuqBh343ncYi2LQO_WldJfweOGdRSWlWq9hBaI-tCP3Kb_hsXvI9XMoZ__zXK81QYo_wgLUlQ1Q/w300-h400/9782749308647-001-T.jpeg" width="300" /></a></div><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"> <span> </span></span></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://www.glenat.com/24x32-vents-douest/liberty-bessie-tome-01-9782749308647"><span>Présentation de l’éditeur.</span></a><span> « Un rêve. Un destin à écrire. Le ciel pour théâtre.</span></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span><div class="field-items"><span style="font-size: small;">
</span><div class="field-item even" style="text-align: left;"><span style="font-size: small;">
</span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>Tuskegee,
Alabama, fin des années quarante. Bessie Bates est passionnée
d’aviation. Tous les jours, depuis trois ans, elle se rend à l’aérodrome
dans l’espoir de passer son brevet de pilote. Sauf que Bessie est une
femme, et elle est noire. Et dans l’Amérique ségrégationniste, difficile
pour elle de faire valoir sa capacité à piloter son propre
appareil…Alors quand elle reçoit un jour par la poste la plaque de son
père, héros de guerre disparu en vol en Europe, elle décide de tout
mettre en œuvre pour retrouver sa trace. Première escale : Paris, où
elle est embauchée comme copilote par une compagnie de fret. Aux côtés
de Lulu, vétéran bourru, Bessie gagne des heures de vol, de l’assurance
et de l’expérience. Le ciel sera dès lors le théâtre de son destin…</span></span></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>Découvrez le destin de <i>Liberty Bessie</i> :
la reine du ciel ! Une saga d’aviation au parfum d’histoire, mais
surtout d’aventure, librement inspirée des faits d’arme des « Tuskegee
Airmen », groupe de pilotes afro-américains originaires de Tuskegee et
qui se distingua lors de la Seconde Guerre mondiale ».</span></span></span></p>
</div>
<p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></p>
</div><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">À lire la
présentation, on craint la bluette… Et on se laisse pourtant prendre au
récit, qui est bien mené. Les illustrations de Vincent n’y sont
d’ailleurs pas pour rien. Son coup de crayon est très précis, très
minutieux, bien servi par les couleurs : la couverture reflète tout à
fait ce qu’on trouve dans l’album. On est admiratif devant les dessins
des avions, avec tous les détails de leurs caractéristiques : North
American P-51 Mustang et B-25 Mitchell, Focke-Wulf Fw 190, Douglas
DC-3, Boeing Stearman et B-17 Flying Fortress, Dewoitine D.338, Stampe
SV-4, Lockheed Constellation, etc. On y trouve même un HM-14 « Pou du
ciel » (p. 52), détoilé et dépourvu de son plan supérieur. Et tout
laisse à penser que les auteurs sont très familiers avec l’aéronautique,
puisqu’ils en maîtrisent parfaitement le vocabulaire : on parle de
« filets d’air », de « navigation », de « vent du 270 », de « pré-vol »,
de « trim de profondeur », etc. Tout cela ne s’invente pas. D’un point
de vue lexical et pour ce qui est de la documentation technique, on
attribue un <i>satisfecit</i> avec beaucoup d’enthousiasme. Le souci
du détail va jusqu’aux publicités murales, comme Peugeot, Dubonnet,
etc., aux voitures, etc.<br /></span></span>
</p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Au-delà des tribulations de Bessie Bates (personnage très librement inspiré de l'aviatrice américaine Bessie Coleman, 1892-1926), les auteurs donnent à voir la ségrégation : les places réservées aux <i>coloured</i> dans les bus, les installations des <i>Tuskegee Airmen</i>
placées à l’écart des terrains d’aviation. Car l’histoire tourne autour
de ces pilotes assez peu communs, puisque noirs américains : les <i>Tuskegee Airmen</i>. Cette unité, commandée par Benjamin Oliver Davis<a class="footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/jean-blaise-djian-pierre-roland-saint.html#bottom-footnote-1" id="footnote-1">*</a>,
fut intégrée au 332e groupe de chasseurs. Équipée en octobre 1944 (au
moment où le récit débute) de P-51 très caractéristiques, car leur
empennage, la casserole de l’hélice et les saumons sont peints en rouge,
d’où leur surnom de <i>Red Tails</i>. Leur mission est de protéger
les B-25 et B-17 du 477e groupe de bombardement qui opère en
Méditerranée. Dans l’album, l’un des Tuskegee Airmen est abattu au
retour d’une mission au-dessus de l’Italie. C’est Farell Bates, qui
pilote un P-51 baptisée « Liberty Bessie », pour la cause qu’il défend
et pour sa fille.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Quatre ans plus
tard, à Tuskegee (puisque c’est le nom d’une ville de l’Alabama), Bessie
fait tout pour passer son brevet de pilotage sur ce qui me paraît être
un Lockheed Model 12A (sauf erreur de ma part), qui effraierait plus
d’un débutant. Mais elle se heurte à la ségrégation raciale d’alors et à
l’absence de perspective d’emploi dans l’aviation civile. Elle reçoit
un jour un paquet du gouvernement dans lequel se trouve la plaque
matricule de son père, envoyée de France. Elle embarque à bord d’un
magnifique Constellation de la Lockeed pour Le Bourget, à la fois pour
retrouver la trace paternelle et pour voler, enfin. Bessie est employée
chez Auxiette frères et devient co-pilote sur un DC-3 pour des missions
de transport de matériel assez douteuses avec l’Espagne (contrebande
d’œuvres d’art, etc.). Elle finit par apprendre que la plaque a été
retrouvée près de Tripoli, en Libye, dans l’épave d’un Caproni. Quittant précipitamment Auxiette Frères, elle s’envole pour Alger, atterrit à
proximité ; elle découvre un hydravion (que je n’ai pas réussi à
identifier) dans un hangar presque abandonné. </span></span></p><p style="text-align: justify;">
<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Bref, un très bon album dont on attend le second volume (qui est paru en 2020, mais n'a pu être recensé…).</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><b>Note</b> <br /></span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><a class="bottom-footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/jean-blaise-djian-pierre-roland-saint.html#footnote-1" id="bottom-footnote-1">*</a> <span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-1">En
1954, Benjamin Oliver Davis devient le premier général noir américain
dans l’armée de l’air des États-Unis, son père ayant été le tout premier
dans l’armée de terre</span></span></span></div><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-51152195560392084022022-05-20T16:48:00.002+02:002022-05-20T16:49:08.271+02:00Amity Shlaes, Paul Rivoche (ill.), Claire Martinet (tr. fr.), The Forgotten Man. Nouvelle Histoire de la Grande Dépression, Steinkis, 14 février 2018, 320 p., 22 €. ISBN : 9782368461754<div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://steinkis.com/livres/the-forgotten-man/the-forgotten-man.html" target="_blank"></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://steinkis.com/livres/the-forgotten-man/the-forgotten-man.html" target="_blank"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv2BS9wiXph9Fj14bNnxSMXv2__Itw0OP6F2_-6TTheTTpqgy9JyvalgTI-Phk9JKEyGw9l1cGqolAI9gW9azDvUxlpD_ewcHpJVxTu8rIBLQln0MneRz_SrsmTjXTFDFfg1WNuOdxkblASvLfy33ojWOLVosK2l7MaY7geWYAev54yHic20YAuT124w/s500/arton1203.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="330" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv2BS9wiXph9Fj14bNnxSMXv2__Itw0OP6F2_-6TTheTTpqgy9JyvalgTI-Phk9JKEyGw9l1cGqolAI9gW9azDvUxlpD_ewcHpJVxTu8rIBLQln0MneRz_SrsmTjXTFDFfg1WNuOdxkblASvLfy33ojWOLVosK2l7MaY7geWYAev54yHic20YAuT124w/w264-h400/arton1203.jpg" width="264" /></a></div><br />Présentation de l'éditeur. « </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;">L’adaptation d’un ouvrage économique de référence sur la Grande
Dépression [Robert Crais, </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><i>The Forgotten Man : A New History of the Great Depression</i>, traduit en français par </span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>Hubert
Tézenas</span>, et publié notamment en poche chez </span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>Pocket, 2007, sous le titre : <i>L'Homme sans passé</i>]</span></span></span>, traduit en allemand, en italien, en chinois, en coréen et en
japonais, <i>The Forgotten Man : A New History of the Great Depression</i> est utilisé comme support pédagogique dans les écoles et universités américaines.</span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"></span></span><p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;">1929.
Les États-Unis plongent dans une crise sans précédent. L’Amérique
sombre et ressemble à l’Angleterre de Dickens… Prenant à rebours
l’historiographie classique qui fait la part belle au New Deal, l’angle
d’Amity Shlaes est celui de la petite histoire, de l’anecdote et du
détail. Elle décrypte l’envers du New Deal et propose une analyse à
hauteur d’homme. Captivant, original, révisant complètement notre point
de vue sur la Grande Dépression, <i>The Forgotten Man </i> est un ouvrage de référence et un outil pour analyser notre époque contemporaine ».<br /></span></span></p></div><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></p><div class="post_excerpt" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Les éditions Steinkis ont fait un pari ambitieux en publiant une version française de <i>The Forgotten Man</i>, pour ce qui est du graphisme et du fonds.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><img alt="" class="spip_img entered error" data-lazy-src="https://clio-cr.clionautes.org/wp-content/uploads/cliotheque/IMG/" data-ll-status="error" src="https://clio-cr.clionautes.org/wp-content/uploads/cliotheque/IMG/" style="float: right;" /></span></span></div>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Précisons tout de suite qu’Amity Shlaes a une formation d’économiste.
Sa sensibilité la place du côté des libertariens, qui font de la
liberté individuelle la valeur sur laquelle doit être fondée une
société. En conséquence, l’État doit être réduit à sa plus simple
expression. En résumant peut-être de façon excessive, on a là une forme
de libéralisme exacerbée.<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
Amity Shlaes fait aussi partie de la Fondation présidentielle Calvin
Coolidge (qui a précédé Franklin D. Roosevelt à la Maison blanche), ce
qui est un autre élément important pour comprendre <i>The Forgotten Man</i>.</span></span></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Il s’agit d’une adaptation graphique de l’ouvrage éponyme paru en
juin 2007, traduit dans plusieurs langues. L’objectif est, comme le
sous-titre le suggère fortement, de faire pièce à l’interprétation
habituelle du New Deal<a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/amity-shlaes-paul-rivoche-ill-claire.html#bottom-footnote-1">1</a></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">.
Faut-il le croire quand il prétend être une « nouvelle Histoire de la
Grande Dépression » ? On sait que les avancées sociales et économiques
obtenues à partir de 1933 ont été combattues dès cette époque, notamment
par l’école de Chicago et Milton Friedman. Partisan de la politique de
Roosevelt (et porte-parole du Trésor), il en est devenu l’un des
contempteurs les plus virulents ; son ouvrage <i>Capitalisme et liberté</i> (paru en 1962) a fait date, et reste une référence essentielle. Ajoutons l’opposition de Friedrich Hayek au keynésianisme<a class="footnote-number" data-duration="1000" href="https://clio-cr.clionautes.org/the-forgotten-man-nouvelle-histoire-de-la-grande-depression.html#bottom-footnote-1" id="footnote-1">1</a> ,
qui a aspiré le New Deal. Bref, en matière de nouveauté, on ne voit pas
bien ce qu’Amity Shlaes apporte. Cette impression est renforcée par le
choix de l’illustrateur, Paul Rivoche. Ses dessins sont en noir, et le
trait rappelle les comics des années quarante, notamment ceux qui
traitaient des super-héros. Cela permet toutefois au lecteur d’être
plongé dans un univers graphique qui ne lui est guère familier, un brin
désuet.</span></span></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">L’histoire est menée par Wendell Willlkie, qui donne son
interprétation des années trente à une éditrice qui est aussi une
éditorialiste (au <i>New York Times</i>) en vue, Irita Bradford Van
Doren, dont il est très proche. Démocrate, il soutient activement la
candidature de Roosevelt. Devenu président d’une importante compagnie de
production électrique en 1933, ses intérêts sont bousculés par la mise
en œuvre de la Tennessee Valley Authority, société publique constituée
par le gouvernement fédéral pour développer la production de la même
énergie, mais à un prix de consommation moindre. Wendell Willkie devient
alors opposant au New Deal, passe au parti républicain, à tel point
qu’il est désigné pour le représenter lors des élections présidentielles
de 1939.</span></span></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Dès lors, on voit sur quels sentiments s’appuie son interprétation
des faits. Il décrit la société américaine aux mains d’un État
omniprésent, dont la puissance ne cesse de se renforcer. L’argument
d’une soviétisation est évidemment amené, s’appuyant notamment sur le
voyage en URSS de conseillers du nouveau président, en 1927 : Paul
Douglas, Rexford Guy Tugwell, Start Chase. Willkie fait ainsi de la
coopérative agricole Casa Grande (Arizona) le symbole de ce que les
États-Unis sont en train de devenir, avec ses paysans dépossédés, sans
ambition, travaillant à peine dans un cadre collectif inadapté. Cette
dénonciation de l’omnipotence de l’État, insoucieux des conséquences de
son administration calamiteuse, est à l’image de ce qu’on peut lire dans
<i>Atlas Shrugged</i> <a class="footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/amity-shlaes-paul-rivoche-ill-claire.html#bottom-footnote-2" id="footnote-2">2</a> , le roman d’une autre libertarienne, Ayn Rand.</span></span></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Le récit est chronologique. Les auteurs ont pris soin de rappeler à
chaque fois l’évolution du taux de chômage et de l’indice Dow Jones,
pour bien marquer l’échec patent du New Deal. Ils font de cette
politique une suite de mesures sans cohérence les unes par rapport,
Roosevelt se laissant porter par ses conseillers et par ses lubies.
Lui-même n’apparaît que comme une ombre, un fantôme malfaisant qui a
fait main basse sur le pays. Au contraire, son prédécesseur républicain,
Calvin Coolidge, est montré comme l’auteur des initiatives qui ont été
ultérieurement couronnées de succès. En somme, la voie était déjà tracée
par ce républicain qui n’a pas démérité, mais que l’électorat a
délaissé au profit d’un démagogue qui a su trouver les mots pour
l’emporter. Rien n’est dit, cependant, des réélections de Roosevelt
jusqu’en 1944, alors que le titre du livre semble suggérer qu’il n’a
rien fait pour ce <i>Forgotten Man</i>, expression vague désignant
symbolisant les «obscurs et les sans-grade» chers à un populiste
français, que les classes moyennes menacées de déclassement.</span></span></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">On voit clairement le parti pris idéologique de l’ouvrage.
L’avant-propos indique qu’«il est enseigné dans les écoles et
universités américaines» : on frémit à l’idée qu’il soit utilisé sans un
solide appareil critique. Toutefois, si l’on doit accorder un mérite à
ce livre, c’est effectivement d’apporter un contre-point à la version du
New Deal. Il délaisse cependant des éléments importants de la politique
de l’administration de Roosevelt, notamment le <i>Social Security Act</i>,
l’extension des libertés syndicales, les initiatives visant à protéger
les travailleurs et les agriculteurs, etc. Ces éléments doivent être
réintroduits pour avoir une vision plus objectives des choses. On y
ajoutera le travail de l’historien Howard Zinn pour faire bonne mesure.</span></span></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Enfin, cette hésitation à en recommander la lecture à des élèves
repose repose également sur le caractère très dense de l’histoire, qui
requiert une bonne connaissance du contexte (ce qui permettra de
conserver un indispensable recul critique). La multiplicité des
personnages, que le dessin ne permet pas toujours de bien distinguer,
vient renforcer ces préventions.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><b>Notes</b> <br /></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><a class="bottom-footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/amity-shlaes-paul-rivoche-ill-claire.html#footnote-1" id="bottom-footnote-1">1.</a> <span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-1">Fr. Hayek, <i>Droit, législation et liberté</i>, PUF, coll. « Quadrige », 2007.</span><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><a class="bottom-footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/amity-shlaes-paul-rivoche-ill-claire.html#footnote-2" id="bottom-footnote-2">2. </a><span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-2">Paru en 1957, l’ouvrage a été traduit en français sous le titre <i>La Grève</i>,
2011 et 2017 (éd. L</span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-2"><span>es Belles Lettres ; tr. fr. : </span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-2"><span><span>Sophie
Bastide-Foltz</span>)</span>. L’auteur montre ce que devient un pays dominé par l’État, et ce
qui se passerait si la meilleure partie de la société, à commencer par
les patrons, en venait à quitter leurs fonctions.</span></span></span></div><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-17294940380463949642022-05-20T16:30:00.002+02:002022-05-20T16:50:14.182+02:00Kelly Nyks, Peter D. Hutchinson, Jared P. Scott, Malcolm Francis (compositeur), avec la participation de Noam Chomsky, Requiem pour le rêve américain, Les Mutins de Pangée, sept. 2018, 71', 10 €<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXuGICdsoI4GaBKu6hoio1JBHIEm3VvQi6AeBVHKStainWPCHMyCAgrH_982-teN1IjiYR5zjJD2w37sgD9UfBJ4iIwuuCkKs4FkqSrkHGEm18vJhL1zdZOdobrsI9K5rX-od-QP8GNTFXxiudJt2coKAmcB-qBwNY9FniGYQ89xrtsqeK9G2Hz85mNg/s390/requiem-opt.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="390" data-original-width="285" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXuGICdsoI4GaBKu6hoio1JBHIEm3VvQi6AeBVHKStainWPCHMyCAgrH_982-teN1IjiYR5zjJD2w37sgD9UfBJ4iIwuuCkKs4FkqSrkHGEm18vJhL1zdZOdobrsI9K5rX-od-QP8GNTFXxiudJt2coKAmcB-qBwNY9FniGYQ89xrtsqeK9G2Hz85mNg/w293-h400/requiem-opt.png" width="293" /></a></span></div><span style="font-size: small;"><br /> <span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://www.lesmutins.org/noam-chomsky-requiem-pour-le-reve">Présentation de l’éditeur</a>.
« COMPRENDRE CE QUI NOUS ARRIVE. </span></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;">Avec la force d’une analyse toujours
très argumentée et documentée, le célèbre linguiste américain Noam
Chomsky s’exprime sur les mécanismes de concentration des richesses,
avec une lucidité contagieuse. Il expose clairement les principes qui
nous ont amenés à des inégalités sans précédent, retraçant un
demi-siècle de politiques conçues pour favoriser les plus riches. <i>Une boite à outils pour comprendre le Pouvoir et gagner beaucoup de temps</i> »<i>.</i></span></span></p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span><hr /><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Le sous-titre de ce nouveau DVD édité par Les Mutins (disponible également en VOD et en téléchargement sur <a href="https://www.lesmutins.org/noam-chomsky-requiem-pour-le-reve">leur site</a>)
est plus révélateur du contenu du film que le titre ne le laisse
paraître. Bien sûr, il est question des États-Unis, mais on peut tirer
de l’entretien avec Noam Chomsky des enseignements valables pour la
France et bien d’autres pays. <span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-1">On se reportera à l’ouvrage qui reprend le propos du film : Noam Chomsky, <a href="https://editions.flammarion.com/Catalogue/climats/essais/requiem-pour-le-reve-americain"><i>Requiem pour le rêve américain</i></a> [<i>Requiem For The American Dream]</i>, Flammarion, coll. « Climats. Essais », 27 sept. 2017, 144 p., 14 €.</span></span></span></p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">On ne fera pas
l’injure de rappeler qui est Noam Chomsky, éminent linguiste américain
au MIT, et militant de très longue date. Pour ceux qui n’en savent rien,
ou pas grand chose, et ceux qui voudraient en savoir davantage, on se
reportera à ses écrits mais aussi aux productions des Mutins. Le présent
film donne d’ailleurs quelques-unes de ses interventions publiques dans
les années 1960. Autrement dit, son expérience (avec son lot d’erreurs)
donne suffisamment de crédit à l’analyse qu’il délivre ici, qui rejoint
en cela bien d’autres auteurs.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Le film est très
didactique, s’organisant sur la base de dix principes, qui conduisent à
comprendre « les principes de la concentration de la richesse et du
pouvoir ». En se basant sur l’exemple des États-Unis, Noam Chomsky
démontre en quoi les concepteurs du projet politique américain a, dès
l’origine, cherché à limiter fortement la démocratie : en se méfiant du
peuple, le pouvoir ne devait revenir qu’aux meilleurs, seuls aptes à
comprendre et à agir dans l’intérêt de tous, d’où le choix d’un système
basé sur la représentation par des élus, et non par les citoyens
eux-mêmes. L’alliance entre le pouvoir politique et la richesse a de
même tout de suite été conclue, engageant un cercle vicieux : pour être
élu, il faut avoir de l’argent ; en se tournant vers les entreprises,
l’élu ne pourra pas faire moins que les favoriser, etc.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Il a fallu
attendre les années soixante pour voir s’organiser des franges de la
population qui étaient jusque là passives, et voir progresser les
« droits des minorités, ceux des femmes, la défense de l’environnement,
le combat contre la violence, l’empathie pour les autres ». Mais s’est
ensuivi une forte réaction consécutive des possédants et des
conservateurs pour ne pas perdre leurs positions. Le <a href="http://reclaimdemocracy.org/powell_memo_lewis/">mémorandum de Lewis Powell</a>
(août 1971) a alerté sur les dangers de cette situation : le monde des
affaires risquait de perdre le contrôle de la société, notamment de la
jeunesse qu’il faut reprendre en main (par le biais d’un contrôle des
universités et des écoles) et de l’opinion publique (par la télévision
et toutes les formes de communication). Pour Powell, l’« homme oublié »
qu’est l’entreprise (voir la <a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/amity-shlaes-paul-rivoche-ill-claire.html">recension du très libéral <i>The Fortoggen Man</i></a>, publiée ici)
exige qu’on lui redonne toute sa place et toute son influence, en
utilisant tous les moyens : information, tribunaux, lobbies, etc. Il a
donc été fait appel aux entreprises (les plus importantes) pour contrer
et attaquer l’approfondissement de la démocratie. L’une des armes a été
constituée par la Commission trilatérale, rassemblant des dirigeants et
des intellectuels occidentaux (dont le sociologue français Michel
Crozier, Samuel Huntington, etc.), qui a notamment publié <i>The Crisis of Democracy</i>
(1975), qui s’émeut d’un « excès de démocratie » et des droits concédés
aux « intérêts spéciaux » (entendez la majorité de la population, mais
considérée comme autant de groupes sociaux qui ont obtenu une
amélioration de leur sort). L’endoctrinement des jeunes est
particulièrement jugé préoccupant : ils doivent être contenus.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">La réaction
s’engage également sur le terrain économique (principe 3. « Redessiner
l’économie »), en donnant un rôle plus important aux institutions
financières (banques, assurances, fonds de pension…). De fait, le
résultat est aujourd’hui une « financiarisation de l’économie », les
gestionnaires issus des grandes écoles de commerce ayant remplacé les
ingénieurs à la tête des entreprises, dont l’objet est d’abord de
satisfaire les actionnaires quel que soit le type de production. C’est à
ce moment-là qu’il est mis fin à la séparation entre banques
d’investissement et banques commerciales. La dérégulation débouche sur
une instabilité : les crises se succèdent les unes aux autres, alors que
le phénomène avait disparu entre les années quarante et soixante-dix.
La mondialisation des échanges et le libre-échange sans contrôle a fait
le reste : le capital doit circuler, principe qui ne vaut pas pour les
hommes (sauf pour les élites). Les conséquences sociales ont été
désastreuses, avec une mise en concurrence des salariés, toujours plus
exploités.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">À cela, on a
ajouté un « déplacement du fardeau » (principe 4). Dans les années
fastes et stables, les bénéfices étaient fortement imposés, ce qui a
permis de développer un État-providence, et en particulier les
conditions sanitaires, l’éducation, etc. La reprises en main amorcée
dans les années soixante-dix y a mis fin. Les entreprises ont réussi à
obtenir que « les charges » financières soient allégées en leur faveur,
de façon à libérer l’investissement, avec ou sans contrepartie sur
l’emploi. Aujourd’hui, des firmes comme Apple ne sont imposées qu’à
hauteur de 8 %. En revanche, l’impôt a été aggravé pour le reste de la
population, quelle qu’en soit la forme. Les services publics se sont
dégradés. L’accès à l’université s’est ainsi fermé : dans
l’après-guerre, les GI’s démobilisés ont pu bénéficier de bourses
d’étude ; aujourd’hui, il faut s’endetter lourdement pour étudier, ce
qui place les étudiants dans une situation de précarité et de dépendance
à l’égard de leurs créanciers.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Dans le même
temps, on s’en en pris à la solidarité (principe 5). La méthode est
simple : alourdir les contributions et amoindrir les prestations. De
cette façon, on a obtenu une insatisfaction de la population, laquelle
s’est tourné vers des assurances privées. À la solidarité du groupe
s’est substitué un système basé sur l’individu, seul face aux risques.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">On a également
assisté à un renforcement des intérêts économiques (le « marché ») pour
mieux contrôler les législateurs (principe 6), par l’intermédiaire des
groupes de pression (les « lobbies »). Le moment a été donné par
l’adoption de mesures progressistes par l’administration Nixon, en
faveur des consommateurs et des salariés, et également de
l’environnement ; Chomsky considère que ce républicain a été le dernier
président du New Deal. À partir de là, les lobbies n’ont eu de cesse que
d’obtenir une dérégulation. Au mépris des principes du libéralisme,
pourtant défendu par les entreprises, le gouvernement est constamment
intervenu pour renflouer les pertes des sociétés en difficulté, ce qui
est une perversion du système capitaliste. Autrement dit, le
contribuable a été appelé au secours de ceux qui ont pris des risques
inconsidérés et garantir les profits de ceux qui cherchent à échapper à
l’impôt. Bien évidemment, l’endettement excessif des particuliers n’est
pas pris en charge par les pouvoirs publics : il y a donc une double
mesure.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Le principe 7
concerne la manipulation des élections. On a dit que la collusion entre
les élus et les groupes économiques qui finançaient leurs campagnes
électorales. Un degré a été franchi dans les années 1970, quand les
entreprises ont obtenu un droit d’expression équivalent à celui des
particuliers. cela s’est traduit par une absence de plafond pour le
financement politique, entendu comme un moyen d’expression comme un
autre. Sauf qu’il s’agit alors de défendre l’intérêt particulier face à
l’intérêt commun. On peut donc facilement prédire qui pourra être le
prochain président : celui qui aura obtenu davantage de dons que ses
concurrents. Cela s’est vérifié lors des dernières élections
présidentielles. Clinton avait reçu le plus de don ; si elle n’a pas été
élue, en raison de l’archaïsme du système électoral américain, elle a
tout de même eu deux millions de suffrages de plus que Trump. Plus
encore, on voit que de grands groupes financent les uns et les autres,
certains de s’y retrouver par la suite : il s’agit d’un investissement
toujours rentable. L’électorat n’est pas dupe, ce qui explique la
faiblesse de la participation aux élections. Il faut y voir aussi
l’effet de la « maîtrise de la populace » (principe 8). Pour cela, il a
fallu s’employer dès les années 1920 à détruire le syndicalisme, force
démocratique importante contre les excès des entreprises. Il a cependant
pu renaître à partir de 1935, mais la contre-offensive s’est vite fait
ressentir, avec la loi Taft-Hardley (1947) qui limite les actions
syndicales, et le développement du maccarthysme. Un sentiment
anti-syndical a pu alors se diffuser dans la population : aujourd’hui, 7
% des employés privés sont syndiqués (comme en France). En même temps,
on s’est acharné à sortir l’idée même d’une lutte des classes de
l’esprit des Américains, en cherchant à « modeler le consentement »
(principe 9). On s’est peu à peu rendu compte que la violence ne pouvait
être un moyen efficace pour façonner les croyances et les comportements
de l’opinion publique, et que des moyens plus subtils se révélaient
beaucoup plus efficaces comme la consommation, comme l’ont très tôt
montré Thorstein Veblen, Walter Lippmann ou Edward Bernays (non cité
dans le film). Le consommateur ne s’intéresse alors plus qu’à la
superficialité des choses, enfermé dans des émotions et mu par elles
sous l’effet de la publicité et des moyens de communication (télévision
ou Internet). Le but est donc de favoriser des comportements
irrationnels, sans aucune réflexion critique : l’électeur pourra voter
contre ses propres intérêts.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">De proche en
proche, cet électeur ne sera même plus nécessaire. Peu importe même
qu’il en soit conscient : 70 % de la population américaine estime
qu’elle n’a aucune influence sur la définition des politiques publiques.
On en arrive alors au principe 10 : « marginaliser la population ».
L’effet recherché est un rejet des institutions, contre lesquelles
l’opinion publique exprimera sa colère, sans aucune conscience d’une
auto-destruction. Il suffira alors de gérer ces émotions populaires, la
passivité ayant été obtenue. Pire encore : dans ce développement de
tensions sociales, on aura réussi à introduire l’idée de ne rien faire
pour les autres et l’illusion que la solution est dans les propres
capacités individuelles.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">En conclusion,
Chomsky ne cède pas au pessimisme. Il rappelle que John Dewey pensait
qu’il ne peut y avoir de démocratie forte tant que les institutions de
production, de commerce et les médias ne seront pas sous un contrôle
participatif et démocratique. Il faut démanteler les formes d’autorité
qui ne peuvent pas se justifier. Mais il ne faut pas oublier qu’il n’y a
eu de progrès obtenu sans une forte mobilisation populaire : les droits
n’ont pu été arrachés en établissant un rapport de force, au risque de
la violence. Or, nous sommes dans des sociétés libres : il est possible
de manifester, de réclamer, de se défendre. Noam Chomsky termine en
évoquant Howard Zinn, autre grand intellectuel et militant dont on s’est fait l’écho à plusieurs reprises sur ce site :
« Seules importent les innombrables petites actions des inconnus qui
sont à la base des événements les plus significatifs de l’Histoire ».</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
Il y a ici des
leçons à tirer pour tout enseignant, et d’abord en tant que citoyen : ce
film agit en tant qu’éveilleur de conscience. Le contexte de l’élection en 2017
(et de sa réélection en 2022) en France d’un président dont on sait qu’il a bénéficié des moyens
financiers les plus importants, d’une dégradation de la participation
électorale, de la défiance à l’égard des institutions, de la crise dite
des « gilets jaunes », de sa répression, de la réclamation d’une
démocratie directe qui puisse permettre aux citoyens de jouer leur rôle,
tout cela tombe à point nommé pour qu’on prête à ce<i> Déclin du rêve américain</i> toute l’attention qu’il mérite d’avoir.</span></span></div>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-70720726633579984832022-05-20T16:20:00.000+02:002022-05-20T16:20:00.313+02:00Javier Cosnava, Rubén del Rincón (tr. fr. : Isabelle Kaempp et Roger Seiter), Insoumises, éd. du Long Bec, 96 p., 22 août 2018, 19 €. ISBN 979-10-92499-27-8<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><a href="http://www.editions-du-long-bec.com/index.php/catalogue/8-catalogue/26-insoumises.html"><span></span></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.editions-du-long-bec.com/index.php/catalogue/8-catalogue/26-insoumises.html"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyRakIGHRXgtFpJMbEN1fmmlhz_WIw9QI1fr1Kv-BDSAzKR811ilLzfz6d73nr8M65NcsVWHV8nQRe9iH58tkH8eMtyYncwMHCY4OBkhVAYCrRF06WgWE2vW31H2cTlABCNJY62GlaV7I87XOgyQ2jhAQVAzxE-I8bzg2O01QpNRWdKtHr-ecmYaAeKQ/s500/insoumises-opt.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="392" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyRakIGHRXgtFpJMbEN1fmmlhz_WIw9QI1fr1Kv-BDSAzKR811ilLzfz6d73nr8M65NcsVWHV8nQRe9iH58tkH8eMtyYncwMHCY4OBkhVAYCrRF06WgWE2vW31H2cTlABCNJY62GlaV7I87XOgyQ2jhAQVAzxE-I8bzg2O01QpNRWdKtHr-ecmYaAeKQ/w314-h400/insoumises-opt.jpg" width="314" /></a></div><br />Présentation de l’éditeur</span></span><span style="font-size: small;"><span>.
« Ce récit du destin croisé de trois femmes (Fé, Esperanza et Caridad)
est constitué de trois chapitres relatant les événements dramatiques
majeurs survenus successivement en Espagne et en France, tels que perçus
par les trois héroïnes: la révolte des Asturies (1934), la fin de la
Guerre civile espagnole (1938) et un raccourci de la défaite, de
l’occupation et de la libération de la France (1939- 1945).</span></span></div><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">Mais
au delà de cette dimension historique, reste l’essentiel du récit :
l’amitié de ces trois femmes combattant dans la guerre, comme dans leur
vie quotidienne… La liberté romanesque exercée dans le prologue et
l’épilogue fait aussi intervenir Albert Camus, à deux moments clés de
son existence ».</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></p><span style="font-family: Open Sans;">
</span><hr style="text-align: left;" /><span style="font-family: Open Sans;">
</span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: 17px;"> </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span>La jeune maison d’édition du Long Bec, sise à Erstein (Bas-Rhin), vient de réédit</span>er <em>Insoumises</em>,
originellement paru en espagnol. C’est cette version qui avait remporté
le prix BD 2012 de la ville de Palma de Majorque, sous le titre <em>Las Damas de la Peste</em>. L’allusion au célèbre ouvrage d’Albert Camus ne doit rien au hasard, comme le présentation de l’éditeur l’a déjà indiqué.</span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">L’angle sous
lequel est proposée la guerre civile espagnole est originale, puisqu’il
met en avant trois jeunes femmes. On trouve également Albert Camus tout
au long du récit, jusqu’à sa mort. S’il n’a jamais mis les pieds en
Espagne (quoi que son nom se trouve sur des voies de Minorque…), les auteurs ont considéré que son action pour la liberté et la
démocratie le rapproche des idéaux défendus par les révolutionnaires
ibériques, que ce soit par son œuvre littéraire, la part qu’il prit dans
la Résistance et le journal <em>Combat</em>, ou ses prises de position
en faveur de la lutte algérienne. Il aurait pu se trouver en Espagne, ou
aurait au moins mérité d’y être.</span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Les trois
chapitres s’organisent autour des trois héroïnes, trois moments
différents : Fé, lors de l’insurrection des Asturies en 1934, à Oviedo
(p. 14) ; la française Caridad, à Barcelone en novembre 1938 (p. 36) ;
Esperanza (p. 59). On les suit à travers leur combat pour la liberté, en
combattantes farouches qui savent ce que l’indépendance signifie, tant
dans ces circonstances politiques où elle reste à conquérir, que dans la
vie quotidienne où il faut s’affirmer face au pouvoir des hommes mais
aussi de l’Église. Esperanza a été contrainte d’entrer dans les ordres,
et en sera délivrée par ses deux futures compagnes. Elle trouve ensuite
sa pleine liberté dans le ciel (ce qui est cocasse pour une ancienne
nonne), en tant que pilote. Par ailleurs, les trois femmes sont des
féministes qui cherchent à convaincre leurs semblables de ne plus vivre
dans la honte de leur corps : l’éducation est aussi leur arme.</span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">L’album se ferme
par un épilogue prenant place en mai 1968. On y trouve Albertine (p.
86), la fille qu’eut Esperanza, continuant le combat des trois
compagnes, expliquant la sexualité féminine à des étudiants. C’est à ce
moment qu’elle découvre la fille de Caridad. Leur enfant est ainsi une
expression de leur liberté chèrement acquise.<br />
</span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Au fond, les
circonstances qu’ont choisies les auteurs apparaissent assez
secondaires, mais elles permettent de révéler et de restituer toute
l’importance du combat des femmes, au-delà du trio. Ils rendent hommage à
toutes celles qui ont combattu pour défendre la liberté en Espagne, et
en même temps à celles qui se sont engagées dans les luttes féministes.</span></span></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-12106220975334844602022-05-20T11:48:00.004+02:002022-05-20T11:48:34.614+02:00Monique et Michel Pinçon-Charlot, Étienne Lécroart, Les Riches au tribunal. L’affaire Cahuzac et l’évasion fiscale,co-éd. Seuil-Delcourt, 5 sept. 2018, 128 p., 18,95 €. ISBN 978-2-413-00984-9 <div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: 14px;"><a href="https://www.editions-delcourt.fr/serie/riches-au-tribunal.html"></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://www.editions-delcourt.fr/serie/riches-au-tribunal.html"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhULLdB3MZtFGxIOl2t4YB2nGImmOMDkbvYP7w7ou4ig9urVPS4HbTG1hBvZpzYG1qsWh34XtW-H8jcWgMu3YbGSCFRrUdxD6QmTDb-rUteIRYCvM20VOa5BHSxluz7OwwS_muFM0Sbk7ToyX4qohd_WwNbqEdyqRDRr3_jiSa88W6H4juZPNnlEmRfHw/s500/riches-opt.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="377" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhULLdB3MZtFGxIOl2t4YB2nGImmOMDkbvYP7w7ou4ig9urVPS4HbTG1hBvZpzYG1qsWh34XtW-H8jcWgMu3YbGSCFRrUdxD6QmTDb-rUteIRYCvM20VOa5BHSxluz7OwwS_muFM0Sbk7ToyX4qohd_WwNbqEdyqRDRr3_jiSa88W6H4juZPNnlEmRfHw/w301-h400/riches-opt.jpg" width="301" /></a></div><br /><span style="font-size: small;">Présentation de l’éditeur</span><span style="font-size: small;">. « <span class="revealText"></span></span></span><span style="font-size: small;"><span>En
suivant le procès Cahuzac, les fameux « sociologues des riches »
s’associent à Étienne Lécroart pour démonter les mécanismes de l’évasion
fiscale, et montrer comment, chez les classes dirigeantes, la fraude se
gère en famille.</span></span></span></div><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>« Les yeux dans les yeux », Jérôme Cahuzac, ancien ministre du Budget,</span><span> avait
assuré ne pas avoir de comptes en Suisse… Monique et Michel
Pinçon-Charlot, sociologues, sont spécialistes de la classe dominante. À
la faveur du procès Cahuzac, ils décrivent comment la classe au
pouvoir, sans distinction de couleur politique, se mobilise pour
défendre l’un des leurs et le système organisé de la fraude fiscale ».</span></span></span></p><span style="font-family: Open Sans;">
</span><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><span style="font-family: Open Sans;">
</span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><em>Les Riches au tribunal </em>est
le troisième album que « les » Charlot-Pinçon réalisent avec Étienne
Lécroart, membre de l’Oubapo (ouvroir de bande dessinée potentielle, ce
qui transparaît au travers de certains procédés graphiques et jeux de
mots). Ces sociologues (retraités, paraît-il, depuis 2007, mais
heureusement encore très actifs), spécialisés dans l’étude des élites,
ont travaillé en 2013 avec une autre dessinatrice, Marion Montaigne
(auteur de la série <em>Tu mourras moins bête</em>) à un réjouissant <a href="http://www.dargaud.com/bd/RICHE-POURQUOI-PAS-TOI"><em>Riche : pourquoi pas toi ?</em></a>,
publié chez Dargaud. La bande dessinée raconte les turpitudes de Daniel
Brocolis qui, venant de gagner une fortune, s’aperçoit qu’elle ne fait
pas de lui un véritable « riche » ; il lui reste à intégrer les codes et
les valeurs de l’élite à laquelle il prétend, mais aussi de s’en faire
accepter.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;"><em>Les Riches au tribunal</em> poursuit avec humour dans la même veine<a class="footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/monique-et-michel-pincon-charlot.html#bottom-footnote-1" id="footnote-1">1</a>,
en nous donnant à comprendre comment ce qu’on appelle « l’élite
sociale » (entendre par là l’ensemble de ceux qui détiennent les
différentes formes de pouvoir) contourne ce qui s’impose à tous, à
commencer par la déclaration de ses revenus. Le cas de l’ancien ministre
Cahuzac — vous vous rappelez ? Celui qui voulait pourfendre les
ignominieux qui camouflent leur argent dans les paradis fiscaux — n’est
qu’un prétexte à voir les dérives d’une oligarchie qui estime avoir
toute légitimité pour protéger leurs intérêts en utilisant la loi (grâce
à des conseillers fiscaux) ou de façon parfaitement illégale. Mais les
auteurs ne se placent pas sur un terrain moral. Ces pratiques ont des
conséquences sociales, qui découlent d’un comportement qui visent à
placer ce groupe hors des normes habituelles : une marginalisation ou
une ségrégation volontaire. Ce faisant, il échappe en toute conscience à
la solidarité nationale — quatre-vingt milliards d’euros<a class="footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/monique-et-michel-pincon-charlot.html#bottom-footnote-2" id="footnote-2">2</a>, tout de même, ce qui correspond plus ou moins au déficit public<a class="footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/monique-et-michel-pincon-charlot.html#bottom-footnote-3" id="footnote-3">3</a>, lequel sert à justifier l’ « austérité » budgétaire —, ce qui contribue à maintenir et même renforcer les inégalités sociales.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Ces pratiques
répréhensibles ne le sont en réalité pas tant que cela, même s’il existe
désormais un parquet national financier — heureuse conséquence de
l’affaire Cahuzac, mais qui est très mal pourvu : vingt-deux magistrats
au départ, et quinze aujourd’hui. L’étude montre en réalité un jeu de
connivence qui dépasse les clivages politiques, et montre les inégalités
de traitement judiciaire en comparant le système des comparutions
immédiates et la délinquance en col blanc. D’un côté, on a une défense
assurée par des avocats commis d’office et peu expérimentés, ce qui se
traduit par des peines d’emprisonnement sévères et applicables sans
délai ; en quarante-huit heures, l’affaire est réglée. De l’autre, les
choses prennent nettement plus de temps, avec des recours, une
utilisation systématiques des procédures d’appel, des avocats réputés,
ce qui donne finalement peu de peines d’emprisonnement, sinon avec
sursis, et des aménagements qui évitent d’être derrière les barreaux.
Seule la réputation est atteinte, et il semble bien que cela soit
considéré comme un sanction largement suffisante : inutile donc d’aller
plus loin.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Elles ne le sont
pas moins au niveau institutionnel. En dépit des rodomontades de certain
président de la République, la lutte contre les paradis fiscaux ne
s’est soldée, si l’on peut dire, que par des mots et des mouvements de
menton. Les auteurs montrent ce qu’il en est au niveau communautaire :
les États membres se livrent à une concurrence dont la fraude fiscale
est l’un des moyens. Le fait que le président de la Commission
européenne, J.-C. Juncker, ait exercé les fonctions de Premier ministre,
de ministre des finances au Luxembourg, mais aussi de président de
l’Eurogroupe en matière fiscale, explique suffisamment l’absence de
volonté d’en finir avec ces pratiques, malgré les révélations des
LuxLeaks sur les accords fiscaux très avantageux consentis par
l’administration luxembourgeoise à de grands groupes<a class="footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/monique-et-michel-pincon-charlot.html#bottom-footnote-4" id="footnote-4">4</a> .</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Sous une forme
extrêmement agréable et très didactique (les Pinçon-Charlot en
Dékonstructors), l’ouvrage présente néanmoins un contenu très dense et
très riche. Il permettra à un large public de comprendre un peu mieux
les pratiques d’une partie minoritaire de la population. Et s’il donne
envie d’aller plus loin et de lire la littérature sociologique, ce sera
encore mieux.</span></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><p style="text-align: left;"><b><span style="font-family: Open Sans;">Notes</span></b></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><a class="bottom-footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/monique-et-michel-pincon-charlot.html#footnote-1" id="bottom-footnote-1">1.</a> <span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-1">Voir
d’ailleurs l’ouvrage de Monique et Michel Pinçon-Charlot, Tentative
d’évasion fiscale, La Découverte, coll. « Zones », sept. 2015, 256 p.,
17 €. Présentation de l’éditeur : « Comment planquer son magot ?
Inspirés par les récents exemples de Jérôme Cahuzac et de Liliane
Bettencourt, deux sociologues décident à leur tour d’extrader leur
maigre fortune. Un jeu de rôle commence, qui va les mener au cœur du
système de l’évasion fiscale.</span></span><br /><span style="font-family: Open Sans;"><span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-1">
Cette tentative d’évasion les conduit d’abord en Suisse, où ils se livrent à une observation<em> in vivo </em>du
petit monde doré des exilés fiscaux. De banques en trusts, ils
expliquent au passage comment les milliards fugitifs s’abritent derrière
un maquis touffu de montages financiers.</span></span><br /><span style="font-family: Open Sans;"><span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-1">
Mais si la grande évasion fiscale finit sa course sous les palmiers ou
au pied de grands sommets enneigés, elle s’organise en réalité beaucoup
plus près de chez nous. Où l’on découvre, de retour en France, les
petits arrangements entre amis qui se trament sous la houlette de Bercy…</span></span><br /><span style="font-family: Open Sans;"><span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-1">
Au-delà des scandales qui font la une, voilà une enquête vivante et
accessible permettant de comprendre les rouages de l’évasion fiscale et
ses enjeux politiques. Une investigation éclairante dont l’objectif est
de battre en brèche le pouvoir symbolique lié à l’opacité de la
spéculation financière, à la cupidité et au cynisme des plus riches
mobilisés pour accumuler toujours plus d’argent ».</span></span><br /><span style="font-family: Open Sans;"><a class="bottom-footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/monique-et-michel-pincon-charlot.html#footnote-2" id="bottom-footnote-2">2.</a> <span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-2">À
quoi on peut ajouter quatre-vingt dix-huit milliards de « niches
fiscales » (voir annexes de l’ouvrage), qui ne sont donc pas faites pour
les chiens.</span></span><br /><span style="font-family: Open Sans;"><a class="bottom-footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/monique-et-michel-pincon-charlot.html#footnote-3" id="bottom-footnote-3">3.</a> <span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-3">Au
niveau de l’Union européenne, on estime que la fraude fiscale équivaut à
mille milliards d’euros, soit l’ensemble des dépenses de santé des pays
membres.</span></span><br /><span style="font-family: Open Sans;"><a class="bottom-footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/monique-et-michel-pincon-charlot.html#footnote-4" id="bottom-footnote-4">4.</a> <span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-4">Le procès a tout de même abouti à la condamnation de… deux salariés qui ont été à l’origine des révélations.</span></span></span></div><p style="text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></span></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-12741913735157097382022-05-20T11:36:00.003+02:002022-05-20T11:36:43.823+02:00René Pétillon, Rencontres improbables, éd. Dargaud, 64 p., 25 janv. 2019, 14,99 €<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"><span><a href="http://www.dargaud.com/bd/Petillon-Recueil/Rencontres-Improbables/Rencontres-Improbables-tome-0-Rencontres-Improbables"></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.dargaud.com/bd/Petillon-Recueil/Rencontres-Improbables/Rencontres-Improbables-tome-0-Rencontres-Improbables"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTGwj1pO22GQeCTmFhHtfi1L45F77kTS5oaRfbY1u8JYn5Mf5_xXPXiIAeETbmjKl9MISIoXvHUG5QZwwCeWDsUEFXGRYr7eb7kwRWvIDYvPWWbyxTEUY801Co2C759PjAFFd3k_g8OS1GMTiqrjvDkhiiZkHOzNEQtBTzHNfgZZCWZyKFjdwpL4KxyQ/s392/rencontres-improbables.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="392" data-original-width="320" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTGwj1pO22GQeCTmFhHtfi1L45F77kTS5oaRfbY1u8JYn5Mf5_xXPXiIAeETbmjKl9MISIoXvHUG5QZwwCeWDsUEFXGRYr7eb7kwRWvIDYvPWWbyxTEUY801Co2C759PjAFFd3k_g8OS1GMTiqrjvDkhiiZkHOzNEQtBTzHNfgZZCWZyKFjdwpL4KxyQ/w326-h400/rencontres-improbables.jpg" width="326" /></a></div><br />Présentation de l’éditeur.
« Disparu en septembre dernier, René Pétillon a travaillé jusqu’au bout
sur ce recueil de dessins, de strips et de planches, inédits en album.
Le portrait impitoyablement drôle de notre époque par un des tous
meilleurs dessinateurs de presse et humoriste en bande dessinée que la
France ait connu. Indispensable ! ».</span>
</span></span></div><p><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">Il est des
moments où, entre deux paquets de copies, entre deux cours à préparer
(exemples pris au hasard), il ne faut pas négliger certains plaisirs.
Aussi, la publication de l’ultime album de René Pétillon tombe
parfaitement bien. Dargaud a rassemblé des dessins inédits, parfois
réunis en de petites bandes dessinées, très brèves, qui démontrent le
talent de leur auteur à rendre compte d’une situation en deux coups de
crayon et deux phrases bien sentis. Ou guère plus (j’exagère peut-être
un peu…). Comme l’indique la préface, « on retrouve surtout sa
détestation des nuisances graves : la finance triomphante, les arrogants
et les pourris en tout genre ». Sans haine marquée, sans trait appuyé.
Avec lui, on se contente de sourire et de rire, et c’est bien cela comme
cela qu’on attendait ses dessins dans <em>Le Canard</em>, chaque
semaine. Un autre exercice, complémentaire, de ses albums qui, comme
ceux qui mettent en scène son calamiteux enquêteur Jack Palmer, ont
directement prise avec l’actualité.</span></span></p><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">Mais assez parlé : les mots (surtout les miens) ne seront jamais à la hauteur de ses dessins (on en trouvera d’autres sur le <a href="http://www.dargaud.com/bd/Petillon-Recueil/Rencontres-Improbables/Rencontres-Improbables-tome-0-Rencontres-Improbables">site de Dargaud</a>).</span></span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"> </span></span></p><p><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhu9NS-lyl42ZhLqQmd4mzqU22hg_M8ip5XR2O0yStGX3Vy8i-wVV77xZqi_NKRNCAdmpIqJ8GWc01BY0p74teKI3yk81y0FMu8ixwvPBQ79OHUWqX3q3Jx9cq6EWLuUBZJyeMFuU_BkeHgS9sND-hleY_1R9lRgKFNwQUSFaMwdB7VRKH39W7TjJyjKQ/s300/petillon-300x282.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="282" data-original-width="300" height="376" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhu9NS-lyl42ZhLqQmd4mzqU22hg_M8ip5XR2O0yStGX3Vy8i-wVV77xZqi_NKRNCAdmpIqJ8GWc01BY0p74teKI3yk81y0FMu8ixwvPBQ79OHUWqX3q3Jx9cq6EWLuUBZJyeMFuU_BkeHgS9sND-hleY_1R9lRgKFNwQUSFaMwdB7VRKH39W7TjJyjKQ/w400-h376/petillon-300x282.jpg" width="400" /></a></span></div><span style="font-size: small;"><br /> </span><p></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-19425723541751004802022-05-20T11:31:00.001+02:002022-05-20T11:31:15.446+02:00Antonio Fischetti (sc.), Guillaume Bouzard (ill.), La Planète des sciences. Encyclopédie universelle des scientifiques, Dargaud, 25 janv. 2019, 84 p., 19,99 €. ISBN 978-2-205-07513-7 <div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"></span><div style="text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><a href="http://www.dargaud.com/bd/Planete-des-sciences/La-Planete-des-sciences/Planete-des-sciences-La-tome-1-Planete-des-sciences-La"></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.dargaud.com/bd/Planete-des-sciences/La-Planete-des-sciences/Planete-des-sciences-La-tome-1-Planete-des-sciences-La"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3Z3fT5bRJfuvtJXROnd-QyRxI1BYq_Z2ELeE8QXUfgFDkn_R_KTVDjYSmO75GmaWHTXQx58y3Bhdj-SLg5i8QdG3-REXxEr9M4Q9O6Igmn14zEDOceGAaM3FW5nJeqUwbWEWpDIPuZKxksMxEoPiCWqvHZD2y9DDsvgHawZEVJQw-XUgVqQ4IRZqtEw/s422/planete-des-sciences-la.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="422" data-original-width="320" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3Z3fT5bRJfuvtJXROnd-QyRxI1BYq_Z2ELeE8QXUfgFDkn_R_KTVDjYSmO75GmaWHTXQx58y3Bhdj-SLg5i8QdG3-REXxEr9M4Q9O6Igmn14zEDOceGAaM3FW5nJeqUwbWEWpDIPuZKxksMxEoPiCWqvHZD2y9DDsvgHawZEVJQw-XUgVqQ4IRZqtEw/w304-h400/planete-des-sciences-la.jpg" width="304" /></a></div></span></span></span></div><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><a href="http://www.dargaud.com/bd/Planete-des-sciences/La-Planete-des-sciences/Planete-des-sciences-La-tome-1-Planete-des-sciences-La"><br />Présentation de l’éditeur</a>.
« </span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>Saviez-vous qu’Archimède fut le premier ingénieur ? Que Pythagore
interdisait à ses disciples d’uriner en direction du Soleil ?
Qu’Ambroise Paré avait été barbier avant de devenir chirurgien ? Et
qu’Alfred Nobel, fondateur du célèbre prix, avait inventé la dynamite ?
C’est fou, tout ce que l’on découvre en lisant <em>La Planète des sciences</em> ! Docteur en sciences physiques et journaliste à <em>Charlie Hebdo</em>,
Antonio Fischetti brosse le portrait de trente-sept savants dans cette
encyclopédie universelle des scientifiques, illustrée par le drôlissime
Guillaume Bouzard (lequel peut prétendre au titre de docteur en sciences
de l’humour et de la franche rigolade).</span></span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span>Une amusante promenade dans l’histoire des sciences, à travers le
portrait de trente-cinq scientifiques. Les époques sont balayées, depuis
les anciens Grecs, tels Pythagore ou Thalès, jusqu’à des scientifiques
encore vivants, comme la généticienne Emmanuelle Charpentier ».</span></span></span></p><span style="font-family: Open Sans;">
</span><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><span style="font-family: Open Sans;">
</span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Antonio Fischetti est chercheur en acoustique. Il publie régulièrement des chroniques dans <em>Charlie Hebdo</em>
depuis 1997, dans la rubrique « L’Empire des sciences », qui ont fait
l’objet de publications. Mais il a également l’auteur d’ouvrages de
vulgarisation, comme <em>Questions idiotes et pertinentes sur le genre humain : 36 réponses pour en finir (ou pas) avec les idées reçues</em> (2012).<br /></span></span>
</p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Guillaume Bouzard est l’auteur d’albums à l’humour complètement décalé : <em>Les Poilus</em> (Fluide glacial, 2016) vaut vraiment le détour. Son super-héros à la manque, <em>Plageman</em> (1997 et 2000), et <em>Les Pauvres Types de l’espace</em> (1995) sont à conseiller. Récemment, il a ajouté un volume aux « Lucky Luke » en mettant en valeur son cheval : <em>Jolly Jumper ne répond plus</em>
(2017). Il n’empêche que Guillaume Bouzard donne aussi dans le sérieux
(bon, OK : avec de nombreuses entorses) : on a ainsi bien apprécié<em> Le Rugby. Des origines au jeu moderne</em>, co-écrit avec Olivier Bras (2017). Au fait, j’interdis à qui que soit de prétendre que je suis de parti pris…<br /></span></span>
</p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Sa collaboration avec Antonio Fischetti partait donc sur d’excellentes bases. On retrouve, dans cette <em>Planète des sciences</em>, une structure similaire à <em>La Planète des sages</em>,
de Jul et Charles Pépin. On a ainsi une page sur un savant, qui donne
un aperçu de ses travaux de recherche, l’autre étant réservée à une
bande dessinée qui exploite un événement particulier. Trente-sept
personnages sont ainsi abordés. Mais si la majorité est constituée
d’hommes, comme on pouvait s’y attendre, les auteurs ont pris soin de
donner une place aux femmes : outre le personnage récurrent, Gründüne,
quelles que soient les époques, on trouvera Marie Curie, Jane Goudall,
Emmanuelle Charpentier, ainsi que, indirectement, Rosalind Franklin (par
le biais de James Watson). Comme ces noms l’indiquent, des célébrités
sont mêlées à des scientifiques plus obscurs, dont l’apport a tout de
même été important. Qui se souvient d’Antonie Van Leewenhoek, par
exemple, d’Erwin Schrödinger, Alexander Grothendieck ou de Konrad
Lorenz ? Je n’en dirai pas davantage. Vous savez lire : vous irez voir
par vous-même. De plus, il n’y a pas que des morts (comme pour les
poètes). À James Watson, Jane Goodall et Emmanuelle Charpentier, déjà
évoqués, s’ajoutent Yves Coppens et Peter Higgs.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">L’alliance du
texte et de la bande dessinée fonctionne parfaitement. Des enfants assez
jeunes (j’en ai fait l’expérience) peuvent très bien s’emparer de
l’ouvrage pour développer leur culture scientifique, accompagnés par un
adulte. L’entrée par le dessin facilite bien les choses, et permet
ensuite de se pencher sur la notice biographique. La Planète des
sciences a donc toute sa place dans les bibliothèques scolaires, dès le
premier degré et, à plus forte raison, dans les niveaux supérieurs. Mais
l’âge ne fait rien à l’affaire : on prendra beaucoup de plaisir à sa
lecture.</span></span></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-51844532104268312832022-05-07T18:03:00.005+02:002022-05-20T11:10:06.769+02:00Roxanne Dunbar-Ortiz (trad. fr. : Pascal Menoret), Contre-Histoire des États-Unis, éd. Wildproject, coll. « Le monde qui vient », 17 mai 2018, 336 p., 22 €. Réédition du 21 nov. 2021, ISBN : 9-782-381140-278. <div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><a href="https://wildproject.org/livres/contre-histoire-des-etats-unis" target="_blank"></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://wildproject.org/livres/contre-histoire-des-etats-unis" target="_blank"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5QG4GbTZVXHwuPfMU1XhYJxsugZWLPLOjCCWHHCYYNsDyx8mwWTmNj3JEaby2yFe_0x0oaqioSIs81J2Js3AWUGMK3_aeN-ZpM7_mvYh1VF-mTNdUb3SEI0zU2R4D59hNTUROXRv0lB5sDoRSbgbGjrV_TutT0JJ9rdJ1_xBIVp0fM11BHmIvkMCkVw/s389/contre-histoire-des-etats-unis-dunbar-ortiz.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="389" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5QG4GbTZVXHwuPfMU1XhYJxsugZWLPLOjCCWHHCYYNsDyx8mwWTmNj3JEaby2yFe_0x0oaqioSIs81J2Js3AWUGMK3_aeN-ZpM7_mvYh1VF-mTNdUb3SEI0zU2R4D59hNTUROXRv0lB5sDoRSbgbGjrV_TutT0JJ9rdJ1_xBIVp0fM11BHmIvkMCkVw/w258-h400/contre-histoire-des-etats-unis-dunbar-ortiz.jpg" width="258" /></a></div><br />Propos de l'éditeur. « </span><span style="font-family: Open Sans;">Ce livre répond à une question simple : pourquoi les
Indiens dʼAmérique ont-ils été décimés ? Nʼétait-il pas pensable de
créer une civilisation créole prospère qui permette aux populations
amérindienne, africaine, européenne, asiatique et océanienne de partager
lʼespace et les ressources naturelles des États-Unis ? Le génocide des
Amérindiens était-il inéluctable ? </span></span>
</div><div id="texts" style="text-align: justify;"><div class="introduction"><p><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: small;">La thèse dominante au</span>x États-Unis est quʼils ont souvent été tués par
les virus apportés par les Européens avant même dʼentrer en contact
avec les Européens eux-mêmes : la variole voyageait plus vite que les
soldats espagnols et anglais. Les survivants auraient soit disparu au
cours des guerres de la frontière, soit été intégrés, eux aussi, à la
nouvelle société dʼimmigrés. </span></p>
<p><span style="font-family: Open Sans;">Contre cette vision irénique dʼune histoire impersonnelle, où les
virus et lʼacier tiennent une place prépondérante et où les intentions
humaines sont secondaires, Roxanne Dunbar-Ortiz montre que les
États-Unis sont une scène de crime. Il y a eu génocide parce quʼil y a
eu intention dʼexterminer : les Amérindiens ont été méthodiquement
éliminés, dʼabord physiquement, puis économiquement, et enfin
symboliquement ».</span></p></div></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Le présent ouvrage est la traduction française de <span class="reference-text"><cite class="citation book">An Indigenous Peoples’ History of the United States</cite></span><a class="footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/roxanne-dunbar-ortiz-contre-histoire.html#bottom-footnote-1" id="footnote-1">*</a> [<i>Une Histoire des peuples indigènes des États-Unis</i>], paru en 2014. On remarquera l’infidélité du titre français, toute relative car, en réalité, on a bien là une <a href="https://www.wildproject.org/contrehistoire"><i>Contre-Histoire des États-Unis</i></a> comme on va pouvoir le voir.
</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Roxanne
Dunbar-Ortiz est née à San Antonio (Texas) en 1939. Elle s’est engagée
dans les mouvements de libération à partir des années 1960, s’impliquant
notamment dans la cause féminisme et celle des Indiens. Elle prend une
part active au sein de l’<i>American Indian Movement</i> (AIM) et de l’<i>International Indian Treaty Council</i>, dont le but est de faire progresser le droit des peuples autochtones.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Dans son ouvrage,
l’auteur déconstruit l’Histoire des États-Unis, telle qu’on la perçoit
et telle qu’elle est enseignée. Elle met en lumière les mythes qui ont
été mis en place pour justifier l’accaparement du territoire par les
colons immigrés. Le découpage chronologique en est d’ailleurs
l’héritage. Et son propos prend une force importante dès lors qu’elle
prend le soin de le placer dans un cadre spatial beaucoup plus large.
Cela lui permet de mettre fin à l’idée d’un « Nouveau Monde », prétendument « découvert » par Ch. Colomb, une terre vierge propre à
être conquise et mise en valeur. Elle s’attache au contraire à rendre
compte de la richesse des activités menées par tout un réseau de
communautés complémentaires, qui ont développé une agriculture
suffisante pour les faire vivre : on est loin de l’image de l’Indien
nomade, chasseur et à peine cueilleur, davantage cousin des hommes du
Paléolithique que des paysans européens du XVI<sup>e</sup> s.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Avec une grande
minutie, Roxanne Dunbar-Ortiz décrit l’extrême violence qui a accompagné
la progression de la colonisation, véritable « guerre totale » menée
contre les communautés autochtones. Elle en retrouve tous les éléments,
de l’extermination à la déportation des survivants dans d’infimes
réserves qu’on n’a cessé de réduire jusque dans les années 1950. Elle
montre l’effort exceptionnel pour effacer les traces de la civilisation
indienne, multiforme, qui est allée jusqu’à l’appropriation des
squelettes à des fins pseudo-scientifiques, ce qui ramène dans nos
esprits le traitement infligée à Sarah Bartmann, la « vénus » hottentote
promenée en Europe, et dont la dépouille a été disséquée pour en
montrer ce qui sépare l’homme noir de l’homme blanc. Elle montre
également comment le droit américain, avec le concept de « pays
indien », a contribué à écraser les Indiens en leur déniant toute
légitimité à résister.Et cette qualification est restée, à tel point que
l’armée américaine l’a utilisée pour désigner le Viêt Nam, et,
aujourd’hui encore, tout territoire ennemi.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">On a eu là un
génocide qui n’a jamais dit son nom. Dès les premières pages, on sent ce
que violence qui caractérise la société étatsunienne doit à ce crime
originel. De fait, Roxanne Dunbar-Ortiz en fait l’un de ses arguments.
Elle va plus loin en montrant qu’elle est le trait fondamental de la
politique extérieure du pays : les exactions commises à Guantánamo, en
Irak, en Afghanistan ou ailleurs ne sont pas fortuites. Rien que de bien
normal, puisqu’il s’agit de « pays indien ». Dans le même temps, un
lecteur occidental ne pourra pas ne pas penser aux conditions dans
lesquelles les Européens ont accaparé le monde à partir du XV<sup>e</sup> s. L'<a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2018/11/gerard-noiriel-une-histoire-populaire.html"><i>Histoire populaire de la France</i></a> (v<a href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2018/11/gerard-noiriel-une-histoire-populaire.html" target="_blank">oir le compte rendu sur ce même site</a>) de Gérard Noiriel va exactement dans ce sens.<br /></span></span>
</p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;">Aussi, l’auteur
en appelle à une décolonisation des esprits, qui passe notamment par le
travail d’historienne qu’elle mène depuis près de cinquante ans. Cela
passe également par la reconnaissance des droits fondamentaux des
Indiens, à qui sont dus des réparations et d’abord une restitution de
leurs terres, de leur dignité, de leur culture, ce qui ne peut se solder
par une poignée de dollars.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;">
</span></span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;">L’ouvrage de
Roxanne Dunbar-Ortiz vient ainsi s’ajouter à la liste des auteurs
essentiels qu’il faut lire pour aborder l’Histoire des États-Unis avec
beaucoup plus de nuances. On le lira avec d’autant plus d’intérêt qu’un
historien comme Howard Zinn n’avait guère abordé l’Histoire des
États-Unis sous l’angle des peuples autochtones.</span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;"> </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;"> </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><b><span style="font-family: Open Sans;"><span><span style="font-size: medium;">Plan de l'ouvrage</span></span></span></b></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;">Introduction. Cette terre</span></p><span style="font-family: Open Sans;">
</span></div><ol style="text-align: left;"><li><span style="font-family: Open Sans;">Suivez le maïs</span></li><li><span style="font-family: Open Sans;">La culture de la conquête</span></li><li><span style="font-family: Open Sans;">Le culte de lʼalliance</span></li><li><span style="font-family: Open Sans;">Des empreintes de sang</span></li><li><span style="font-family: Open Sans;">Naissance dʼune nation</span></li><li><span style="font-family: Open Sans;">Le Dernier des Mohicans et la république blanche dʼAndrew Jackson</span></li><li><span style="font-family: Open Sans;">Dʼun océan à lʼautre, étincelant</span></li><li><span style="font-family: Open Sans;">Pays indien</span></li><li><span style="font-family: Open Sans;">Triomphalisme et colonialisme en temps de paix</span></li><li><span style="font-family: Open Sans;">La prophétie de la danse des esprits : une nation arrive</span></li><li><span style="font-family: Open Sans;">La Doctrine de la Découverte</span></li></ol><p><span style="font-family: Open Sans;">Conclusion. Lʼavenir des États-Unis</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><b>Note</b></span></span></p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><a class="bottom-footnote-number" data-duration="1000" href="https://bullesetbouquins.blogspot.com/2022/05/roxanne-dunbar-ortiz-contre-histoire.html#footnote-1" id="bottom-footnote-1">* </a> <span class="footnote" data-duration="1000" data-id="bottom-footnote-1"><i>An Indigenous Peoples’ History of the United States</i>, New York, Beacon, 2014</span></span></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: small;"> </span><br /></span></span></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1922690619540786201.post-12890822523658902092022-05-07T17:53:00.005+02:002022-05-07T17:53:45.944+02:00Peter Van Dongen, Rampokan, éd. Dupuis, coll. « Aire libre », 176 pages, 16 nov. 2018, 26 euros <div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Open Sans;"><br /></span></div><div class="post-meta vcard" style="text-align: left;">
<p><span style="font-family: Open Sans;"><span class="clio-ink-pen-streamline"></span> <span class="rating-stars" title="Note : 0.00"><span class="post-meta-icon rating-star rating-star-empty rating-star-1"></span>
<span class="post-meta-icon rating-star rating-star-empty rating-star-2"></span>
<span class="post-meta-icon rating-star rating-star-empty rating-star-3"></span>
<span class="post-meta-icon rating-star rating-star-empty rating-star-4"></span>
<span class="post-meta-icon rating-star rating-star-empty rating-star-5"></span>
</span></span></p>
</div><span style="font-family: Open Sans;">
</span><figure class="post-thumbnail header featured-image-right" style="text-align: left;">
<span style="clear: left; float: left; font-family: Open Sans; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="<em>Rampokan</em>" class="entered lazyloaded" data-lazy-src="https://clio-cr.clionautes.org/wp-content/uploads/cliotheque/2019/01/rampoken-opt.jpg" data-ll-status="loaded" height="400" src="https://clio-cr.clionautes.org/wp-content/uploads/cliotheque/2019/01/rampoken-opt.jpg" width="305" /></span> </figure><span style="font-family: Open Sans;">
</span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Open Sans;"><span><a href="https://www.dupuis.com/rampokan/bd/rampokan-rampokan/76669">Propos de l’éditeur</a>
(extraits). « 1946. Les Pays-Bas, chassés d’Indonésie par l’invasion
japonaise, ne reconnaissent pas la déclaration d’indépendance et
cherchent à reprendre le contrôle de leur colonie. L’intervention de
l’armée de métier coloniale ne suffisant pas, un contingent de conscrits
est appelé pour combattre les « terroristes ». Johan Knevel, lui, se
porte volontaire. Sa seule motivation est affective : savoir ce qu’est
devenue sa nourrice indonésienne. Faute de retrouver le paradis de
l’enfance perdue, il sera confronté aux complexités de l’époque ».</span></span></span></p><span style="font-family: Open Sans;">
</span><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Open Sans;"> </span></p><span style="font-family: Open Sans;">
</span><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Il y a quelques années, <a href="https://www.lambiek.net/artists/d/dongen_van.htm">Peter Van Dongen</a> avait livré une première édition de <em>Rampokan</em> en deux tomes : <em>Java</em> (1998), et <em>Celebes</em> (2004). Les voici réunis en un seul volume, cette fois-ci en couleurs, mais le chapitrage respecte l’édition originale.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Comme l’indique
la présentation ci-dessus, le contexte retenu est celui de la guerre
d’indépendance en Indonésie, qu’ont connu son père, Néerlandais, et sa
mère, Indonésienne. Sans être autobiographique, des souvenirs familiaux
ont évidemment servi à la constitution de cette relation. Un dossier
permettra d’en savoir davantage, mêlant des photographies à des
témoignages, mais aussi à des esquisses de Peter Van Dongen.<br /></span></span>
</p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">L’album s’ouvre
sur son retour, soit trois cents ans après la conquête coloniale. Les
Japonais ont fui l’archipel, non sans avoir propagé le « virus
nationaliste ». Depuis, les tentatives de réappropriation néerlandaises
se heurtent à des embuscades et des attentats. Le gouvernement fait
appel à des conscrits métropolitains pour rétablir son autorité, par la
violence, l’armée s’appuyant sur des supplétifs indonésiens. </span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Le personnage
principal est ici Johan Knevel, né aux Célèbes en 1922. Parti aux
Pays-Bas, il y a été bloqué pendant toute la durée de la guerre, et il
revient aux Indes néerlandaises en octobre 1946 avec plusieurs
compatriotes. En remettant les pieds dans l’archipel, c’est un univers
bouleversé qu’il trouve, et surtout beaucoup plus complexe que sa vision
d’enfant lui avait imprimé dans sa mémoire. Consécutivement, c’est à
ses souvenirs qu’il va se trouver confronté, notamment à celui de Ninih,
qui l’a pratiquement élevé. On suit alors Johan Knevel dans son
périple, guidé par le journal qu’il tient. Toute la force du récit tient
à ce personnage hybride, dont on ressent le trouble qui l’agite. Il est
de nationalité néerlandaise et Européen, mais il a été élevé avec des
éléments de la culture des Célèbes. C’est aussi son enfance qui est
opposée à l’adulte qu’il est devenu, les six années de sa présence aux
Pays-Bas marquant une césure nette dans son évolution. Johan Knevel est
une synthèse entre un monde qui a presque disparu, à l’image de son
enfance, auquel il s’accroche néanmoins, et un autre qui émerge dans la
douleur.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Dès les premières pages, <em>Rampokan</em>
nous renvoie à notre imaginaire concernant l’Indochine. On y retrouve
toute l’ambiguïté des relations entre colonisés et colonisateurs, entre
colonisés (selon leurs intérêts et leur position sociale),
métropolitains et Européens implantés de longue date (même si
l’occupation française est beaucoup plus récente qu’en Indonésie). On a
également toute la violence du conflit qui oppose à l’armée de
reconquête aux nationalistes, dynamisés par le slogan japonais de
« L’Asie aux asiatiques ». Mais <em>Rampoken</em> nous ramène aussi au
contexte algérien, en particulier, en tant que colonie de peuplement,
avec une implantation européenne établie sur une durée relativement
longue (cent cinquante ans) et une rupture dans la douleur avec la
guerre d’indépendance et l’exode des « Pieds noirs », porteurs d’une
culture mixte originale.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Le style
graphique de Peter Van Dongen évoque fortement le trait d’Edgar P.
Jacobs (et de ses successeurs) que l’on trouve dans la série des <em>Blake et Mortimer</em>,
depuis 1947. De fait, le premier est l’auteur de l’une des suites de la
série, avec « La Vallée des Immortels » (deux volumes, l’un paru en
novembre 2018, l’autre à venir). Il rappelle également la mythique
« ligne claire » belge, qui contribue à apporter un côté désuet au
récit, non sans satisfaction pour le lecteur.</span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">On pourra
peut-être avoir quelques difficultés à entrer dans une histoire qui
éprouve nos marques culturels. Le cadre géographique n’est pas familier
aux Français ; le contexte historique est désormais relégué bien loin de
nous, à deux ou trois générations. Pourtant, on se laisse emporter dans
un univers dans lequel on trouve peu à peu des repères, avec les
analogies que l’on pourra faire. </span></span></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">
</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Open Sans;">Enfin, on ne peut que saisir l’occasion de lire <em>Rampokan</em> pour aller visiter l’excellent et très riche <a href="https://www.tropenmuseum.nl/nl">Tropenmuseeum</a>
d’Amsterdam, dont les collections ne concernent d’ailleurs pas que les
anciennes Indes néerlandaises, mais aussi les autres territoires
conquis.</span></span></p>LeFredhttp://www.blogger.com/profile/10099148504246281157noreply@blogger.com0