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15/03/2023

Julien Hervieux (sc.), Virginie Augustin (ill.), Le Petit Théâtre des opérations. Toujours prêtes !, Fluide Glacial, 56 p., 8 mars 2023, 15,90 €. ISBN 979 1 0382 0470 6


Propos de l'éditeur. «
Découvrez le spin-off de la série du Petit théâtre des opérations, qui met à l'honneur le destin de femmes d'exception oubliées des deux Guerres mondiales.

Saviez-vous que les Allemands avaient affronté un régiment de sorcières durant la Seconde Guerre mondiale ? Ou que l'armée serbe en 1914 comptait dans ses rangs "Milun", la Mulan locale, qui faisait régner la terreur à coups de grenades ? Et quid de Marie Marvingt, qui a été tour à tour soldat, infirmière, et qui pilotait encore un hélicoptère à réaction à 86 ans ? Ça ne vous dit rien, ou si peu ?
 
Avec Toujours Prêtes ! de Virginie Augustin et Julien Hervieux, vous allez pouvoir corriger cela, et bien plus encore. Car si l'on parle souvent des femmes de pouvoir et des militantes qui ont fait la Grande Histoire, les combattantes qui sont allées au feu, elles, restent toujours dans l'ombre.
 
Avec ce tome spécial du Petit Théâtre des Opérations, série dédiée aux histoires méconnues des deux guerres mondiales, les auteur·e·s mettent un coup de projecteur sur des destins oubliés, des injustices absurdes et surtout... sur des femmes qui, quand l'Histoire a frappé à leur porte, ont répondu d'une seule voix : Toujours Prêtes ! ».
 

La série du Petit Théâtre des opérations se poursuit (voir les comptes rendus de lecture des trois premiers tomes sur ce site). Le quatrième volume semble d'ailleurs le premier d'une nouvelle volée d'albums, consacrés cette fois aux femmes dans les deux guerres mondiales. Et pour l'occasion, la dessinatrice Virginie Augustin a remplacé Monsieur Le Chien aux crayons, stylos et feutres (la publication de l'album un 8 mars est purement fortuite). Julien Hervieux (oui : l'Odieux Connard…) reste aux manettes du scénario. Bien évidemment, le style graphique a changé : il s'agissait pas de faire une imitation des précédents volumes. Mais le scénario demeure ce qu'il était. L'histoire des deux guerres est vue en prenant l'angle d'un personnage particulier, le tout sur un ton humoristique (on est chez Fluide, enfin…). Huit femmes en guerre sont présentées dans l'album. En voici une présentation rapide.

Marie Marvingt (1875-1963) s'est signalée par une activité sportive débordante. Elle en pratique de nombreux à un niveau très honorable, malgré les obstacles posés sur sa route : alpinisme, tir, ski, etc. Elle est ainsi la première femme à faire et terminer le Tour de France cycliste, en 1908, en dehors de la compétition bien sûr réservé aux hommes. Elle passe son brevet de pilote d'avions puis d'hélicoptères (à 88 ans…). Elle est la première aéronaute (brevetée) à réussir la traversée de la Manche en ballon (1909). Elle échoue à entrer dans un escadrille de bombardement en 1914 (malgré deux missions réussies, sans autorisation), renvoyée aux soins infirmiers. Marie Marvingt réussit tout de même à combattre dans les tranchées pendant une cinquantaine de jours, avec le 42e bataillon de chasseurs à pied, avant qu'on la démasque. Elle créée un service d'infirmières pilotes ; elle est à nouveau engagée dans l'aviation sanitaire pendant la seconde guerre mondiale. Surnommée « la fiancée du danger », elle conserve une activité physique hors du commun jusqu'à sa mort.
 
Nancy Wake (1912-2011) est une journaliste australienne qui participe très activement à la Résistance en France, ce qui lui vaut le surnom de « la souris blanche ». D'abord infirmière, elle entre au service du réseau d'évasion Pat O'Leary, puis du SOE (Special Operations Executive), chargé de soutenir les groupes résistants dans les pays occupés par les forces de l'Axe, afin d'aider à la réussite des opérations alliées (sabotage, renseignement…). C'est ainsi qu'elle est parachutée en avril 1944, pour une mission en Auvergne. Elle participe à de multiples opérations, dont l'attaque du siège du SD (la Gestapo) de Montluçon (Allier). Nancy Wake est la femme la plus décorée de la guerre.
 
Milunka Savić (1890-1973). La combattante serbe s'engage dans les guerres balkaniques sous un nom masculiné (Milun Savić). Le subterfuge tient jusqu'à sa blessure, en 1913. Elle poursuit le combat pendant la première guerre mondiale, démontrant une aptitude au tir à la grenade assez peu commune. Milunka Savić tombe dans l'oubli après 1918, jusqu'à la diffusion d'un documentaire qui lui est consacré en 2013. Son corps est aujourd'hui enterré dans l'Allée des Grands, au cimetière de Belgrade.
 
Octavie Delacour (1858-1937). Le hasard conduit cette modeste Normande à participer à un fait peu connu. En septembre 1914, après la bataille de la Marne, commence la Course à la mer : les armées cherchent à se déborder. Plusieurs expéditions allemandes motorisées s'infiltrent à l'arrière des troupes alliées, chargées d'organiser des sabotages. Le 13 septembre, l'une d'entre elles part de l'Aisne (Leuilly-sous-Coucy). Elle parvient dans le département de la Seine-Inférieure trois jours plus tard, ses membres étant pris pour des Anglais. Près de Neuf-Marché, le groupe est reconnu par Octavie Delacour, tout à fait par hasard, qui donne l'alerte. Il est difficilement arrêté le lendemain, à proximité de la Seine, après quelques escarmouches.
 
Yoshiko Kawashima (1907-1948). Princesse mandchoue, elle est élevée au Japon. Elle participe à des opérations d'espionnage pour le compte de l'armée impériale. Elle crée un groupe de cavalerie en 1932, qui combat la résistance aux troupes japonaises dans le Mandchoukouo. Yoshiko Kawashima est arrêtée en novembre 1945 par le contre-espionnage chinois, au service du gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek. Jugée, elle est fusillée en 1948.
 
Marie Curie (1867-1934) est probablement la plus connue des femmes évoquées dans l'album, grâce à ses travaux en chimie et physique qui lui valurent un double prix Nobel, notamment sur des éléments nucléaires. Elle prend cependant part à la première guerre mondiale, non comme combattante, mais en mettant son expérience scientifique au service des soins médicaux. Elle conçoit une unité d'automobiles radiologiques, vite surnommées les petites Curies, qui circulent à proximité des champs de bataille pendant toute la guerre. Le dispositif permet de repérer rapidement les débris des projectiles dans le corps des blessés recueillis : les soins sont administrés avec précision et célérité.
 
Les « Sorcières de la nuit ». Le premier tome du Petit Théâtre avait déjà retenu l'une des aviatrices soviétiques, Anna Iegorova (1916-2009). Des femmes furent en effet engagées dans au moins trois unités aériennes : 586e régiment d'aviation de chasse ; 587e régiment d'aviation de bombardement ; 588e régiment d'aviation de bombardiers de nuit. C'est dans ce dernier que l'on trouve les « sorcières de la nuit », qui effectuaient leurs missions nocturnes à bord de Polikarpov Po-2, en toile et bois. Volant d'abord à basse altitude, les Po-2 remontaient à l'approche de leur cible, avant de plonger moteur éteint, ce qui créait un fort effet de surprise. Au sol n'était perçu que le sifflement de l'air sur la structure de l'avion, avant l'éclatement des bombes.
 
Marie Depage (1872-1915), issue de la haute bourgeoisie bruxelloise, est devenue infirmière au service de l'armée belge. Avec son mari Antoine, médecin et président de la Croix-Rouge belge, elle fonde en 1907 l'École belge d'infirmières diplômées, dont la direction est assurée par la Britannique Édith Cavell, qui prit part à la Résistance en Belgique. Après avoir créé une unité d'ambulances lors de la guerre balkanique de 1912, le couple transforme un hôtel de La Panne en hôpital dès 1914, ainsi que des unités chirurgicales mobiles installées au plus près des lignes. Au retour d'une tournée caritative aux États-Unis, Marie Depage embarque sur le Lusitania, coulé le 7 mai 1915 par des sous-marins allemands au large de l'Irlande. Elle donne les premiers soins aux blessés, mais meurt noyée après s'être jetée à l'eau. Un monument érigé à Uccle rend hommage à Marie Depage et Édith Cavell, fusillée le 12 octobre 1915.

Il est à noter que le Petit Théâtre fait (ou va faire) l'objet d'une exposition itinérante et de fiches pédagogiques.
 
Enfin, on pourra compléter ces évocations par la série « Les Femmes ou les « oublis » de l'Histoire », que Juliette Raynaud a commencé à publier sur son blog de Médiapart. En voici les sept premières, mais bien d'autres sont à découvrir sur son site Team Colibri :


20/05/2022

Javier Cosnava, Rubén del Rincón (tr. fr. : Isabelle Kaempp et Roger Seiter), Insoumises, éd. du Long Bec, 96 p., 22 août 2018, 19 €. ISBN 979-10-92499-27-8


Présentation de l’éditeur
. « Ce récit du destin croisé de trois femmes (Fé, Esperanza et Caridad) est constitué de trois chapitres relatant les événements dramatiques majeurs survenus successivement en Espagne et en France, tels que perçus par les trois héroïnes: la révolte des Asturies (1934), la fin de la Guerre civile espagnole (1938) et un raccourci de la défaite, de l’occupation et de la libération de la France (1939- 1945).

Mais au delà de cette dimension historique, reste l’essentiel du récit : l’amitié de ces trois femmes combattant dans la guerre, comme dans leur vie quotidienne… La liberté romanesque exercée dans le prologue et l’épilogue fait aussi intervenir Albert Camus, à deux moments clés de son existence ».

 


 

La jeune maison d’édition du Long Bec, sise à Erstein (Bas-Rhin), vient de rééditer Insoumises, originellement paru en espagnol. C’est cette version qui avait remporté le prix BD 2012 de la ville de Palma de Majorque, sous le titre Las Damas de la Peste. L’allusion au célèbre ouvrage d’Albert Camus ne doit rien au hasard, comme le présentation de l’éditeur l’a déjà indiqué.

L’angle sous lequel est proposée la guerre civile espagnole est originale, puisqu’il met en avant trois jeunes femmes. On trouve également Albert Camus tout au long du récit, jusqu’à sa mort. S’il n’a jamais mis les pieds en Espagne (quoi que son nom se trouve sur des voies de Minorque…), les auteurs ont considéré que son action pour la liberté et la démocratie le rapproche des idéaux défendus par les révolutionnaires ibériques, que ce soit par son œuvre littéraire, la part qu’il prit dans la Résistance et le journal Combat, ou ses prises de position en faveur de la lutte algérienne. Il aurait pu se trouver en Espagne, ou aurait au moins mérité d’y être.

Les trois chapitres s’organisent autour des trois héroïnes, trois moments différents : Fé, lors de l’insurrection des Asturies en 1934, à Oviedo (p. 14) ; la française Caridad, à Barcelone en novembre 1938 (p. 36) ; Esperanza (p. 59). On les suit à travers leur combat pour la liberté, en combattantes farouches qui savent ce que l’indépendance signifie, tant dans ces circonstances politiques où elle reste à conquérir, que dans la vie quotidienne où il faut s’affirmer face au pouvoir des hommes mais aussi de l’Église. Esperanza a été contrainte d’entrer dans les ordres, et en sera délivrée par ses deux futures compagnes. Elle trouve ensuite sa pleine liberté dans le ciel (ce qui est cocasse pour une ancienne nonne), en tant que pilote. Par ailleurs, les trois femmes sont des féministes qui cherchent à convaincre leurs semblables de ne plus vivre dans la honte de leur corps : l’éducation est aussi leur arme.

L’album se ferme par un épilogue prenant place en mai 1968. On y trouve Albertine (p. 86), la fille qu’eut Esperanza, continuant le combat des trois compagnes, expliquant la sexualité féminine à des étudiants. C’est à ce moment qu’elle découvre la fille de Caridad. Leur enfant est ainsi une expression de leur liberté chèrement acquise.

Au fond, les circonstances qu’ont choisies les auteurs apparaissent assez secondaires, mais elles permettent de révéler et de restituer toute l’importance du combat des femmes, au-delà du trio. Ils rendent hommage à toutes celles qui ont combattu pour défendre la liberté en Espagne, et en même temps à celles qui se sont engagées dans les luttes féministes.

01/10/2021

Patrice Leconte (sc.), Jérôme Tonnerre (sc.), Alexandre Coutelis (ill., coul.), Deux Passantes dans la nuit, tome 2, « Anna », éd. Bamboo, coll. « Grand Angle », 1sup>er sept. 2021, 64 p. 16,90 €. ISBN 978-2-81897-548-0


Présentation de l'éditeur. « La longue nuit de deux jeunes femmes que tout oppose dans le Paris désert de l’Occupation.


Arlette sort de prison, heureuse d’être libre dans Paris occupé. Anna, magicienne, est flanquée à la porte du cabaret dans lequel elle se sentait à l’abri. Les chemins de ces deux femmes se croisent, le hasard sachant si bien organiser les rencontres inattendues. Autant Arlette est insouciante et légère, autant Anna semble se méfier de tout, comme si elle était traquée. Elles sillonneront en une nuit Paris, la Ville Lumière sans lumières, à la recherche de ce qui pourra leur sauver la vie, deviendront amies par la force des choses, ne pourront éviter les contrôles d’identité, les silhouettes sombres, les menaces diverses, les désillusions, toutes ces choses qui obligent à fuir, encore et toujours, jusqu’au lever du jour ». 


26/08/2020

Patrice Leconte et Jérôme Tonnerre, Alexandre Coutelis, Deux Passantes dans la nuit. Tome 1, « Arlette »,


Présentation de l’éditeur. « La longue nuit de deux femmes en fuite dans le Paris désert de l’Occupation.

Après des années de détention, Arlette recouvre la liberté dans un Paris occupé par les nazis. Et elle entend bien rattraper le temps perdu. Anna, elle, cherche à sauver sa peau. Magicienne et israélite, elle a fui un danger qui l’a rattrapée. La ville occupée est une cage dont elle doit s’échapper au plus vite.

Elles sillonneront en une nuit ce Paris obscurci. L’inquiétante étrangeté de l’Occupation, avec ses contrôles d’identité, ses fonctionnaires tatillons, ses sombres ombres et ses connaissances qu’on ne connaît pas si bien que ça et à qui il ne faut pas faire confiance… ».



Jean-Yves Le Naour (sc.), Iñaki Holgado et Marko (ill.), Aretha Battistutta (coul.), <i>Le réseau Comète. La ligne d'évasion des pilotes alliés</i>, Bamboo, coll. « Grand Angle », 56 p., 31 mai 2023. ISBN 978 2 8189 9395 8

Présentation de l'éditeur . « Des centaines de résistants de « l’armée des ombres », discrets, silencieux, un « ordre de la nuit » fait...