Présentation de l'éditeur. « La longue nuit de deux jeunes femmes que tout oppose dans le Paris désert de l’Occupation.
Arlette sort de prison, heureuse d’être libre dans Paris occupé. Anna, magicienne, est flanquée à la porte du cabaret dans lequel elle se sentait à l’abri. Les chemins de ces deux femmes se croisent, le hasard sachant si bien organiser les rencontres inattendues. Autant Arlette est insouciante et légère, autant Anna semble se méfier de tout, comme si elle était traquée. Elles sillonneront en une nuit Paris, la Ville Lumière sans lumières, à la recherche de ce qui pourra leur sauver la vie, deviendront amies par la force des choses, ne pourront éviter les contrôles d’identité, les silhouettes sombres, les menaces diverses, les désillusions, toutes ces choses qui obligent à fuir, encore et toujours, jusqu’au lever du jour ».
On avait rendu compte ici du premier volume, paru il y a plus d'un an. Les solides qualités graphiques et narratives ne sont pas démenties dans le second : elles garantissent le plaisir du lecteur.
Les deux passantes échappent de justesse à une arrestation, suite à la dénonciation d'une concierge. Elles parviennent à trouver un faussaire, fabriquant de faux papiers d'identité : Anna (Bernstein) pourra échapper à la traque permanente. Au cours de leur pérégrination, Arlette retrouve le domicile de ses anciens employeurs : ceux-là aussi sont traqués, par la police française. Anna finit par trouver un passeur, vénal, qui l'aidera à quitter la France. Le récit se concentre alors sur Arlette à l'été 1945, dans le quartier des Halles. Anna aussi est rentrée en France : elle effectue une tournée mondiale sous le nom de Miss Mystère.
Deux amies qui se sont rencontrées par les hasards de la guerre, dans les rues de Paris occupé. Deux amies qui sont séparées par d'autres hasards de la guerre, et qui finissent par se retrouver. Résumé ainsi, le scénario frise la banalité. Pourtant, l'originalité des deux albums tient à plusieurs éléments. Il s'agit d'abord de femmes dans la guerre, qui la subissent, bousculées par les événements : elles sont bien des passantes, qui déambulent sans pouvoir s'arrêter. Il n'y a pas de traces d'un engagement politique dans la Résistance : elles cherchent seulement à survivre. Et pour cela, c'est leur solidarité qui est mise en avant par les auteurs des Passantes, malgré les compromissions des uns, la veulerie des autres, et grâce à la compréhension de quelques-uns.
Un autre trait qui caractérise les Passantes, c'est la subtilité avec laquelle les choses sont présentées. Inutile de savoir pourquoi les employeurs d'Arlette vivent au fond de leur chambre ; il suffit d'une allusion :
— Quand on a entendu la sonnette, on a cru qu'ils revenaient nous chercher…
— Qui ça ?
— La police… La police française…
De la même façon, la phrase d'Arlette : « L'important, c'est pas tellement de partir. C'est de revenir… ». À la suite de quoi on a cinq vignettes sans aucune parole : il suffit qu'elle montre son avant-bras à Anna.
On retrouve aussi le goût du cinéaste Patrice Leconte pour les détails, dessinés par Alexandre Coutelis : la boîte d'allumettes de la régie française des tabacs, le pied de téléphone de la concierge… Tout cela contribue à restituer tout un passé révolu par leur seule présence.
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