Dans ce nouvel album, Bruno Loth retrace les principaux événements qui ont marqué la vie des deux anarchistes Buenaventura Durruti et Nestor Makhno qui ont en commun d’avoir réussi à mettre en pratique l’anarchie sur tout un territoire (Catalogne – Ukraine).
En 1927, après une tentative de coup d’État contre le roi d’Espagne Alphonse XIII, Durutti est emprisonné en France. Finalement libéré, il échappera à l’extradition vers l’Argentine, mais aura 10 jours pour quitter la France. C’est à Paris, dans la clandestinité, que Durrutti rencontre Nestor Makhno, figure de l’anarchisme ukrainien, communiste libertaire et fondateur de l’armée révolutionnaire insurrectionnelle Makhnovchtchina.
Cette rencontre sera pour eux l’occasion de confronter leurs expériences et leurs idéaux… ».
Le récit place donc deux des personnages importants de l’anarchisme du XXe siècle, l’Espagnol Buenaventura Durruri et l’Ukrainien Nestor Ivanovitch Mikhnienko, dit Nestor Makhno. S’ils ne se sont pas forcément rencontrés le 15 juillet 1927 à Vincennes, c’est faute de quelques jours. Sylvain Bouloque, qui a rédigé une notice biographique sur Nestor Makhno dans le Maitron indique en effet ceci : « Entre-temps, Makhno avait participé, le 21 juillet 1927, au banquet offert par le Comité international de défense anarchiste pour fêter la libération d’Ascaso, Durruti et Jover, retenus jusque là par les autorités françaises. Suite à cela, les trois révolutionnaires espagnols s’entretinrent avec Makhno, chez lui à Vincennes, pendant plusieurs heures, et discutèrent des enseignements de la révolution en Russie et de l’avenir de la révolution en Espagne. Makhno y affirma sa confiance dans le prolétariat ibérique : « En Espagne, leur dit-il, vous avez un sens de l’organisation qui nous faisait défaut en Russie, or c’est l’organisation qui assure le triomphe en profondeur de toute révolution ». La date importe peu, en réalité : le principe d’une rencontre entre les deux révolutionnaires est acquis. Bruno Loth s’en est saisi fort à propos pour livrer deux visions, non antagonistes, de l’anarchisme en actes, en laissant la parole aux parties en présence. L’un et l’autre rappellent leur parcours. Le hasard de leur exil les fait finalement se rencontrer à Paris. Provisoirement pour Durruti puisqu’il sera expulsé vers la Belgique le 23 juillet 1927, et définitivement pour Makhno, puisqu’il meurt dans la capitale en 1934, malade et épuisé.
Plusieurs autres personnages importants de l’anarchisme français assistent à la discussion, dont Sébastien Faure et Louis Lecoin, qui ont mené avec l’Union anarchiste une lutte pour faire tomber l’arrêté d’expulsion menaçant Durruti et ses compagnons et obtenir leur libération de la prison de la Santé.
L’album n’est pas agiographique : la geste de Durruti et de Makhno n’est pas exaltée. Bruno Loth insiste au contraire sur la répression extrêmement dure qui touche le mouvement anarchiste, certaines des idées qu’il porte, mais aussi ses faiblesses. Il sera une source précieuse pour qui ne connaît à cette idéologie. On attend avec impatience le second volet de Viva l’anarchie !, qui fera le récit de la makhnovtchina.
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