21/08/2019

Philippe Thirault (sc.), Roberto Zaghi (ill.), Le Vent des libertaires, T. 1

Philippe Thirault (sc.), Roberto Zaghi (ill.), Le Vent des libertaires, T. 1, Les Humanoïdes associés, 21 août 2019, 56 p., 14,50 €


Présentation de l’éditeur. « Ukraine, début du XXe siècle. Issu de la paysannerie très pauvre et adopté par une famille bourgeoise, le jeune Nestor Makhno ne trouve pas sa place dans un monde impitoyable, dominé par les riches. L’histoire romancée du plus grand des anarchistes ukrainiens qui, défiant à la fois les Bolcheviques et les Allemands, a traversé un demi-siècle de révoltes et de révolutions ».

 

Il est question de la vie de Nestor Ivanovitch Mikhnienko, dit Nestor Makhno, dans un va-et-vient chronologique entre son séjour en France, à la veille de sa mort en 1934, et l’Ukraine à partir de 1898. Il s’agit en réalité d’un bilan que le personnage fait de ce qu’il a vécu. Les auteurs montrent ce qui a pu contribuer à l’émergence de son attachement idéologique. Issu d’un milieu paysan ukrainien très pauvre, une famille aristocratique (les Vynnitchenko) l’adopte et le prend en charge pour lui donner une éducation, des plus rigides : on retrouve les caractères récurrents des livres de la comtesse de Ségur. Au passage, il est assez cocasse de remarquer qu’un Vynnitchenko, Volodymyr, fut un socialiste révolutionnaire et le second président de la République populaire ukrainienne : est-ce un hasard ? Quoi qu’il en soit, c’est la chance de sa vie, mais Nestor Makhno s’y refuse.

À cela s’ajoutent des relations avec deux personnages qui sont en opposition. Il s’agit d’abord de sa sœur adoptive, Katrin, double de Nestor, et dont celui-ci s’éprend. On a également un autre fils adopté par la famille, qui se distingue par sa brutalité à l’égard des paysans qui travaillent sur le domaine, et son aversion pour Nestor Makhno, pour mieux se départir de ses origines sociales. Ce dernier ne supporte pas les contraintes et le sentiment de trahison à l’égard de ses origines : épris de justice sociale, il décide de revenir parmi les siens. La Russie tsariste est cependant en proie aux tensions révolutionnaires : c’est dans ce contexte que se révèle Nestor Makhno, qui commence à mettre en pratique ses idées. Après son emprisonnement, il est libéré en mars 1917 : la Makhnovstchina commence.

Pour les besoins du récit biographique, les auteurs ont imaginé et mis en scène des situations que le véritable Nestor Makhno n’a pas connues, son arrestation et sa condamnation à mort (commuée en peine de prison) mises à part. Chacun jugera de leur crédibilité. Elles montrent cependant l’existence de deux mondes parallèles : une aristocratie pleine de morgue, et la paysannerie opprimée. Tout cela définit cependant un Makhno pleinement déterminé par ses origines sociales et ses contacts avec l’aristocratie : ces expériences ont évidemment joué un rôle. Mais on voit aussi les influences idéologiques qui ont contribué à sa formation, notamment avec le libertaire Piotr Archinov, enfermé lui aussi dans la même prison. Makhno accède ainsi aux écrits de penseurs comme Kropotkine. On voit également les prémisses de l’opposition entre les communistes libertaires et les bolcheviques.

Le personnage de Makhno est une source d’inspiration depuis sa mort en 1934 : une bande dessinée lui avait été consacré par les éditions libertaires en 1999. La légende s’est emparée du personnage, et il est parfois difficile de distinguer le vrai du faux. Le présent album n’y fait pas exception, bâti sur un souffle épique et un rythme séduisants.

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