Sur la Résistance, née de façon spontanée hors des cadres politiques, militaires ou syndicaux traditionnels et par définition clandestine, les fonds documentaires sont aussi dispersés et multiples que les parcours individuels l’ont été.
Les premiers dossiers de résistants constitués à la Libération, consultables au Service historique de la Défense, étaient ceux de « l’homologation » de services par le ministère des Armées. Mais seuls étaient pris en compte les engagements se rapprochant de ceux des combattants réguliers.
En 1949 est créé le titre de Combattant volontaire de la Résistance attribué par le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre, sur des critères plus vastes et sur la foi de plusieurs témoignages. Les dossiers correspondants sont conservés dans les services d’archives départementales.
Les fonds émanant des forces du maintien de l’ordre, tout comme les archives judiciaires et pénitentiaires, apportent de précieux compléments.
Enfin, d’autres dossiers ont été créés pour l’attribution d’une décoration (médaille de la Résistance française, médaille de la France libérée…).
Compte tenu de la multiplicité des documents et des lieux de conservation, ce guide était indispensable : il vous indique où et comment chercher pour retracer au mieux un parcours individuel.
Avec le parrainage de la Fondation de la Résistance et du Service historique de la Défense ».
À lire l’intitulé de la collection, nombre d’historiens, ou prétendus tels, dédaigneront ce guide d’orientation dans les fonds d’archives, car il s’agit d’un ouvrage qui est bien davantage qu’un guide. La légitimité de l’auteur s’appuie en effet sur les fonctions qu’il exerce, mais aussi ses origines familiales qui le placent directement dans la Résistance. Historien, Fabrice Bourrée est en effet responsable du département AERI et du musée de la Résistance de la Fondation de la Résistance. L’ouvrage est parrainé par la fondation et le ministère des Armées.
De fait, ce guide s’adresse aux généalogistes. En réalité, les chercheurs y trouveront un grand bénéfice à voir rassembler les sources éparses d’une histoire difficile à établir : non seulement celle des résistants de l’intérieur, mais aussi celle de ceux qui ont combattu avec la France libre. Rappelons qu’il s’agit principalement ici de savoir comment retracer des parcours personnels, et non des organisations résistantes. Toutefois, par la force des choses, les individus se rassemblèrent : le lecteur trouvera donc des sources pour pouvoir les connaître (en particulier les séries GR17 P, 18 P, 19 P des archives du ministère des Armées à Vincennes).
On a beaucoup apprécié le soin avec lequel Fabrice Bourrée a précisé les limites des fonds qu’il propose, notamment en attirant notre attention sur les finalités et les modalités de leur constitution, ainsi que sur le contexte de leur élaboration. Car il s’agit bien souvent d’archives établies après la guerre, ne serait-ce que pour fonder les droits des combattants à des pensions ou à des titres de reconnaissance, au travers de leur homologation. C’est la raison pour laquelle ont été privilégiés les fonds publics, tant au niveau national (ministère des Armées, Archives nationales) que locales (Archives départementales). Fabrice Bourrée ne néglige pas pour autant des sources auxquelles on ne penserait pas a priori : les bibliothèques, les musées (à commencer, bien sûr, par celui de la Résistance à Champigny), les organismes habilités à délivrer les décorations, y compris à l’étranger (sans prétendre à l’exhaustivité, l’auteur s’est surtout concentré sur le Royaume-Uni), mais aussi des services publics (la SNCF, les PTT…).
Pour autant, on trouvera également une incitation à explorer les fonds des organismes de la répression, notamment ceux des Brigades spéciales des renseignements généraux (par exemple), de la justice française mais aussi allemande (quand elles ont pu être sauvegardées), des centres de détention, ce qui amène aux archives de la déportation. On retiendra en particulier la mise en ligne de millions de documents relatifs aux déportés, collection conservée à Bad-Arolsen.
De ce petit ouvrage (une centaine de pages), qui comporte tout de
même des illustrations particulièrement pertinentes, il faut absolument
insister sur la richesse et le souci de la précision. Dans un cadre
éditorial aussi restreint, Fabrice Bourrée offre au chercheur, qu’il
soit amateur ou non, un panorama des plus exhaustifs et des plus précis
(on a ainsi l’adresse des organismes à solliciter, une carte des régions
FFI), de sources de natures très différentes. Il évite d’ailleurs de
tomber dans le piège offert par cette profusion, grâce à un plan
thématique particulièrement réfléchi.
Bien entendu, tout ne pouvait être évoqué, mais le même chercheur
perspicace pourra aussi trouver d’autres renseignements dans la presse
(avec des articles relatifs à des commémorations, des inhumations, des
nécrologies, etc.), en parcourant villes et campagnes (et ainsi
découvrir des plaques et des monuments commémoratifs), les archives
d’associations (dont Fabrice Bourrée évoque les bulletins), etc. Mais là
encore, l’auteur apporte une issue, en proposant une bibliographie
sélective mais commentée, sur les dossiers administratifs des
résistants.
À tout cela s’ajoute un exemple de parcours, particulièrement éclairant sur les possibilités offertes : celui de Michel Guillerm [1]. Né en 1924 à Ciboure (Basses-Pyrénées), qui appartint au détachement Liberté des FTP avant d’être arrêté le 1er ou le 7 octobre 1943, détenu en France puis déporté au camp de Dachau. C’est là qu’il meurt le 31 janvier 1945. Là encore, Fabrice Bourrée donne les limites du genre : on ne sait rien (ou très peu) de ce qui poussa Michel Guillerm à entrer dans un mouvement de résistance. Il est à noter que d’autres exemples de parcours sont proposés, comme ceux d’Yvette Gouineau ou d’Henri Rol-Tanguy.
Outre son prix très modique, les qualités indéniables de ce guide le rend décidément indispensable à tous ceux qui s’intéressent à la Résistance, outre ceux qui voudraient s’investir dans des recherches.
Notes
[1] Dont la notice manque encore dans le Maitron.
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