05/01/2022

Malika Rahal, Algérie 1962. Une histoire populaire, La Découverte, 6 janv. 2022, 493 pages, 25 €. ISBN : 9782348073038

 Présentation de l'éditeur. « En Algérie, l’année 1962 est à la fois la fin d’une guerre et la difficile transition vers la paix. Mettant fin à une longue colonisation française marquée par une combinaison rare de violence et d’acculturation, elle voit l’émergence d’un État algérien d’abord soucieux d’assurer sa propre stabilité et la survie de sa population. Si, dans les pays du Sud, cette date est devenue le symbole de l’ensemble des indépendances des peuples colonisés, en France, 1962 est connue surtout par les expériences des pieds-noirs et des harkis. En Algérie, l’historiographie de l’année 1962 se réduit pour l’essentiel à la crise politique du FLN et aux luttes fratricides qui l’ont accompagnée. Mais on connaît encore très mal l’expérience des habitants du pays qui y restent alors.

D’où l’importance de ce livre, qui entend restituer la façon dont la période a été vécue par cette majorité. L’année 1962 est scandée par trois moments : cessez-le-feu d’Évian du 19 mars, Indépendance de juillet, proclamation de la République algérienne le 25 septembre. L’histoire politique qu’ils dessinent cache des expériences vécues, que restitue finement Malika Rahal au fil d’une enquête mobilisant témoignages, autobiographies, photographies et films, chansons et poèmes. Émerge ainsi une histoire populaire largement absente des approches classiques : en faisant place au désespoir des Français d’Algérie dont le monde s’effondre – désarroi qui nourrit la violence de l’OAS –, elle relate le retour de 300 000 réfugiés algériens de Tunisie et du Maroc, la libération des camps de concentration où était détenu un quart de la population colonisée, ou la libération des prisons, ainsi que les spectaculaires festivités populaires. L’ouvrage décrit des expériences collectives fondatrices pour le pays qui naît à l’Indépendance : la démobilisation et la reconversion de l’Armée de libération nationale, la recherche des morts et disparus par leurs proches, l’occupation des logements et terres laissés par ceux qui ont fui le pays. Une fresque sans équivalent, de bout en bout passionnante.

Malika Rahal, historienne, chargée de recherche au CNRS, est spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Algérie. Elle dirige, depuis 2022, l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP). Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages, notamment d’une biographie d’Ali Boumendjel, avocat et militant nationaliste assassiné en 1957 (Belles Lettres, 2011 ; réed. poche : La Découverte, 2022) et d’Algérie 1962. Une histoire populaire (La Découverte, 2022) »

 

 

La vision de la guerre d'Algérie, telle qu'elle s'est constituée en France, repose trop souvent sur un regard français sur son ancienne colonie. Cette vision reste encore trop unilatérale, faute de se nourrir du travail de fourmi des historiens algériens, et encore moins de ceux qui n'appartiennent pas à ces deux pays. L'ouvrage que propose aujourd'hui Malika Rahal se révèle donc des plus intéressants. Il offre non seulement un regard sur l'année 1962 vue par les Algériens eux-mêmes, mais sa documentation — des plus riches — embrasse un très large horizon. Pour aller vite, ses sources archivistiques, françaises (y compris les fonds audio-visuels) pour beaucoup du fait des difficultés d'accès aux dépôts algériens, sont complétées par d'autres éléments. Aux témoignages d'Algériens qui ont vécu cette période, l'auteur a exploité la presse algérienne, des documents réalisés par des diplomates étrangers (notamment le consulat américain à Alger) le CICR (Comité international de la Croix-Rouge), jusqu'aux films tournés sur place, des poèmes, des chansons, etc. Tous ces matériaux ont été combinés très subtilement pour restituer ce que fut cette année 1962, mais en partant du point de vue interne : le sous-titre donné en guise de programme, « Une histoire populaire », est donc parfaitement respecté. On a déjà souligné l'intérêt de cette histoire vue d'en-bas, notamment avec l'ouvrage de Gérard Noiriel, Une Histoire populaire de la France.

La proposition de Malika Rahal est d'éclairer la « dimension révolutionnaire » (p. 19) de cette année particulière, à la fois dans ses ruptures (la prise d'indépendance en est la plus évidente) et ses continuités (les conséquences de la guerre sur les corps, par exemple), le tout exprimé sous quatre angles : les violences ; les corps ; les espaces ; le temps

Comme souvent en histoire, 1962 n'est pas à limiter aux bornes chronologiques de cette seule année : elle se dilate avec souplesse dans un temps qui la dépasse largement. Sans s'enfermer (et les lecteurs en même temps) dans cet espace, Malika Rahal  estime qu'on peut considérer comme point de départ le mois de décembre 1960, avec les manifestations pour l'indépendance violemment réprimées, qui marquent une reconquête de l'espace (notamment urbain) par les Algériens, et par là même leur volonté de se le réapproprier. Elle se prolonge au moins jusqu'en 1965, si l'on considère la limite temporelle du choix de la nationalité, française ou algérienne, imposé par la loi de mars 1963 (c'est d’ailleurs le terme que retient Malika Rahal). En réalité, ses traces sont encore perceptibles au plus près de nous, le mouvement de l'hirak cha`bi reprenant par exemple le slogan « Un seul héros, le peuple » de cette année-là. 

On ne fera pas de résumé de l'ouvrage, qui sera forcément approximatif et incomplet. Mais sa lecture permet de s'arrêter sur certains points que le travail de Malika Rahal a permis de reconsidérer. On sait que le cessez-le-feu de mars 1962 n'a pas mis un terme définitifs aux violences en même temps qu'il arrêtait les combats. Les exactions de l'OAS se sont multipliées, pesant pour beaucoup dans le départ précipité de ceux qu'on appelle alors les « Français de souche européenne » (FSE), par opposition aux « musulmans », pour reprendre les qualificatifs utilisés alors. L'un des secteurs les plus exposés s'est trouvé à Oran (p. 81 et suiv.), avec le massacre du 5 juillet qui a fortement marqué les imaginaires. Or, Malika Rahal en explore la genèse pour en montrer que cet événement ne survient pas spontanément. Il est le point culminant d'un cycle de violences qui n'a cessé de se renforcer tout au long de l'année, et dont un moment important a glissé dans l'oubli : il s'agit de l'attentat du 28 février, pourtant qualifié par la presse du « plus sanglant de la guerre d'Algérie » (p. 92 et suiv.).

Cette remise en perspective concerne aussi le drame des harkis, dont la mémoire (en France, tout du moins, à tel point — phénomène exceptionnel — que le président de la République a présenté les excuses du pays) a conservé l'idée d'une extermination, d'exactions répondant à un désir de vengeance. Malika Rahal démontre que la réalité a été beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Si beaucoup ont été emprisonnés (dans les centres de détention vidés des prisonniers algériens faits par les autorités françaises), torturés, exécutés sommairement, faute d'avoir pu rejoindre la France métropolitaine, un bon nombre a traversé la période sans encombre. Elle en a trouvé qui ont rallié les rangs de l'ALN (pratique qui précède largement l'année 1962), mais aussi d'autres qui ont pu regagner leur quartier ou leur village. Cela rappelle des sorties de guerre telles celle que la France a connues à la Libération : des collaborateurs (ou jugés ainsi) ont été abattus. Mais les nouvelles autorités ont cherché à instaurer une justice pour canaliser la violence. C'est aussi le cas de chefs de secteurs de l'ALN dans certaines wilayas, qui ont très vite cherché à établir des formes légitimes de procès, de façon à apaiser les tensions. 

L'une des préoccupations est de retrouver les siens (p. 198). Des familles se sont mises en quête des disparus, patient et très difficile travail complété par la restitution tardive de corps (parfois partiels) par la France. Malika Rahal s'y joint également, par le site biographique 1000 autres, : « Alger 1957 - des Maurice Audin par milliers », qui cherche à recenser et renseigner les « enlevés, détenus clandestinement, torturés et parfois assassinés par l’armée française ». La question du deuil se trouve au centre de la population, en même temps que se constitue la mémoire des hommes et des événements, notamment dans la toponymie.

Un autre aspect intéressant tient au retour de la population qui a été enfermée dans des camps de regroupement souvent précaires, mais aussi des exilés en Tunisie et au Maroc, sans parler de l'ALN extérieures. Malika Rahal montre les difficultés de cette entreprise. Le passage des frontières a été un premier péril, du fait du minage du terrain par l'armée française. Une fois arrivés, se pose la question des besoins élémentaires : se loger, manger. Or, les villages des zones interdites ont souvent été pulvérisés. Des mines ont aussi été placées ça et là (environ douze millions), qui font des dégâts sur le long terme. Des forêts ont été incendiées, facilitant le travail de l'érosion. Les champs (les plus mauvais, qui n'ont pas été accaparés par la colonisation française) sont devenus des friches. Le départ massif des « Européens » offre des terres, du matériel, des logements, mais comment les répartir ? On a là l'un des défis les plus importants des autorités algériennes, confrontées à l'indigence des moyens disponibles. 

Se pose également le manque de cadres et la formation intellectuelle des plus jeunes (deux millions). Sur ce dernier point, un effort considérable a été fait, auquel la France s'était refusé. Au premier point, les réponses trouvées ont été diverses. On a assisté à un développement spontané de l'autogestion (qui a été observé comme modèle par des délégations étrangères), dans un certain nombre d'entreprises industrielles aussi bien qu'agricoles. De très jeunes, parce que diplômés ou ayant fait preuve d'un sens de l'organisation pendant la guerre, ont été placés à la tête d'établissements. On retrouve ici la façon dont la France révolutionnaire a dû répondre au départ des aristocrates. Malika Rahal nuance, là encore, l'exode européen qui représente environ 60 à 70 % de la population. Beaucoup sont donc restés, certains sont revenus, souvent temporairement, posant la question de la légitimité de la propriété du foncier et des biens matériels vacants, qui a exclu d'emblée les Algériens spoliés à partir de 1830 : trop de temps était passé.


Beaucoup d'autres aspects de cette nouvelle Algérie ont été abordés (notamment les rivalités entre les autorités, à l'été 1962 ; l'éviction du MNA de Messali Hadj, etc.), qui font du travail de Malika Rahal un ouvrage des plus intéressants sur la période. Outre cela, il faut relever la présence d'un index des personnes, ce qui devient une rareté, d'autant plus remarquable qu'il est doublé de nombreuses fiches biographiques. A également été appréciée l'iconographie. On aurait aimé une synthèse de termes peu communs à un lecteur francophone (fïddaï, chouhadas, etc.), dont la signification n'est pas donnée d'emblée. De la même façon, on regrette que l'effort fait pour proposer des illustrations intéressantes soit limité par l'échelle exiguë d'un certain nombre de cartes (comme celle des camps de regroupement, p. 307), ou mal orientées (les sources se présentant à l'envers). Il en est de même pour quelques reproductions photographiques, parfois d'un format trop petit pour être lisibles, ou dont les originaux ne sont visiblement pas de bonne qualité (p. 220, par exemple)

22/12/2021

Joseph Andras, De nos Frères blessés, Actes Sud, mai 2016, 17 €. ISBN : 978-2-330-06322-1

Présentation de l'éditeur. « Alger, 1956. Fernand Iveton a trente ans quand il pose une bombe dans son usine. Ouvrier indépendantiste, il a choisi un local à l’écart des ateliers pour cet acte symbolique : il s’agit de marquer les esprits, pas les corps. Il est arrêté avant que l’engin n’explose, n’a tué ni blessé personne, n’est coupable que d’une intention de sabotage, le voilà pourtant condamné à la peine capitale.

Si le roman relate l’interrogatoire, la détention, le procès d’Iveton, il évoque également l’enfance de Fernand dans son pays, l’Algérie, et s’attarde sur sa rencontre avec celle qu’il épousa. Car avant d’être le héros ou le terroriste que l’opinion publique verra en lui, Fernand fut simplement un homme, un idéaliste qui aima sa terre, sa femme, ses amis, la vie – et la liberté, qu’il espéra pour tous les frères humains.

Quand la Justice s’est montrée indigne, la littérature peut demander réparation. Lyrique et habité, Joseph Andras questionne les angles morts du récit national et signe un fulgurant exercice d’admiration ».

 

Jeune auteur, Joseph Andras nous propose son premier ouvrage. Sans attendre, je ne peux que dire le plaisir que j’ai pu avoir à lire De nos Frères blessés, qui tient à la fois pour le sujet retenu et la façon de raconter.Le roman prend pour cadre les premières années de la guerre d’indépendance algérienne, et l’année 1956 en particulier, et pour personnage principal Fernand Iveton (aucune erreur de frappe : non pas « Yveton », mais « Iveton », comme l’administration coloniale — et le socialiste Robert Lacoste, alors ministre résident et gouverneur général de l’Algérie — tend à l’écrire systématiquement). Joseph Andras s’est donc reposé sur la réalité pour la restituer sous la forme d’un roman, car Fernand Iveton a réellement existé ; l’éditeur nous en propose d’ailleurs la photographie, de face et de profil, à la manière des fiches anthropométriques pénitentiaires. René Gallissot a d’ailleurs publié une notice biographique sur lui, dans le Dictionnaire « Algérie » du « Maitron », laquelle pourra fournir des renseignements qui viennent compléter ce qu’on peut lire dans le roman. Et vérifier au passage le travail documentaire réalisé par Joseph Andras.

Pour résumer, disons que Fernand Iveton appartient à la classe populaire européenne qui vit à Alger, dans un quartier du Clos-Salembien (El Madania) où elle cohabite avec des musulmans dont elle partage les difficiles conditions d’existence. Comme son père, Fernand Iveton milite au parti communiste et à la CGT ; il travaille également dans une usine à gaz. En 1953, il rencontre Hélène Ksiazek, qu’il épouse. L’activité militante de Fernand Iveton s’accentue : en 1955, il crée le Commando du grand Alger avec d’autres indépendantistes, et participe à des actions terroristes. Préparant un attentat contre les canalisations de l’usine à gaz, qui ne doit pas faire de victimes, une bombe est découverte dans son casier, où il l’a cachée provisoirement. Il est arrêté à son travail, torturé.

Joseph Andras nous fait entrer dans la vie de Fernand Iveton au moment où il doit recevoir le matériel. On le suit alors, pas à pas, dans son interpellation, les séances de torture qu’il subit, son procès, la pression de l’opinion publique des Européens d’Algérie attisée par la presse colonialiste, laquelle conduit à sa condamnation à mort prononcée par un tribunal militaire (en vertu des « pouvoirs spéciaux » votés sous le ministère Mollet, avec l’appui des députés communistes). On suit également les espoirs suscités par l’action d’Hélène, celle des avocats, et principalement du « ténor du barreau » communiste Joé Nordman, qui fait le déplacement à Alger. On suit les atermoiements de Fernand Iveton qui doit faire face à l’échafaud qui lui est promis, et l’échec du recours en grâce qui a été rejeté par René Coty (sur proposition du ministre du Garde des sceaux d’alors, François Mitterrand), et à l’absence de mobilisation en métropole. Son exécution (et celle de deux autres militants algériens) a lieu dans la cour de la prison Barberousse, à Alger, le lundi 11 février 1957. Un an plus tard, Jean-Paul Sartre commençait un article par ces mots : « Nous sommes tous des assassins ». Il paraphrasait très probablement (et à dessein) le titre du film d’André Cayatte, sorti en 1952, dont le héros (la victime) était René Le Guen (interprété par Marcel Mouloudji), jeune résistant qui avait basculé dans la délinquance après la libération[Jean Meckert a publié la même année un roman librement inspiré du scénario du film, et sous le même titre, chez Gallimard, dans la collection Blanche. L’ouvrage est aujourd’hui disponible aux éditions Joëlle Losfeld, collection « Arcanes », 2008, 224 pages, 10,15 €.].

Joseph Andras se place dans le sillage de Jean-Paul Sartre. On sent à quel point il s’est identifié à son héros (car c’est bien comme cela qu’il nous le donne à percevoir), dans un exercice d’écriture où il ne cherche à produire un livre objectif, mais très consciemment subjectif. Comment ne pourrait-on pas être du côté de Fernand Iveton ? Et surtout comment comprendre, et donc prendre parti pour la peine capitale qui lui a été infligée ?
De plus, sa façon d’écrire, très alerte, ne permet de lâcher le livre jusqu’à la dernière ligne : les cent quarante pages sont absorbées sans qu’on puisse reprendre son souffle. L’ouvrage a reçu le Goncourt du premier roman cette année, ce qui est parfaitement mérité.

01/12/2021

Olivia Burton, Mahi Grand, L’Algérie, c’est beau comme l’Amérique, coll. « 10 Ans », Steinkis, 7 oct. 2021, 177 p., 22 €. ISBN 9782368465417

Présentation de l'auteur. «  Lauréat du prix du festival BD de Sainte-Livrade - 2016

Petite-fille de pieds-noirs, Olivia a toujours entendu parler de l’Algérie. Mais ces récits familiaux lui pesaient : entre nostalgie, images de cartes postales et blessures de guerre, elle trouvait cet héritage plutôt gênant.

Dans les années 1990, alors que l’Algérie plonge dans la guerre civile, Olivia a envie d’en savoir plus sur l’histoire familiale. Elle demande à sa grand-mère d’écrire ses mémoires mais n’obtient d’elle qu’un sourire fatigué. Pourtant, en triant ses affaires après son décès, Olivia tombe sur un dossier qui lui est destiné. À l’intérieur : ses souvenirs d’Algérie.

Dix ans plus tard, elle décide d’aller sur place, pour confronter ces récits à la réalité.
Olivia part seule, avec dans ses bagages le numéro de téléphone d’un contact sur place, Djaffar.

Ce roman graphique raconte ce voyage : quête des origines, travail de la mémoire entre souvenirs et fantasmes, questionnement sur l’héritage, la honte et le sentiment d’exil et amitié improbable et cocasse entre les héritiers d’une histoire brûlante.
Une quête initiatique remplie de rencontres fortes et savoureuses, sensible et souvent drôle, le tout dans un décor de western et de barrages policiers ».


03/11/2021

Stein van Oosteren, Pourquoi pas le vélo ? Envie d'une France cyclable, Écosociété, 6 mai 2021, 200 pages, 16 euros. ISBN : 978 2897 197 131

Présentation de l'éditeur. « "Le vélo, c’est pour s’amuser et ça grille les feux rouges. C’est culturel. Ça ne marchera jamais en France".  "Le vélo, c’est dangereux !". Qui de mieux pour démonter ces idées reçues qu’un Néerlandais installé en France ? Peu savent que les Pays-Bas, reconnus comme le paradis du vélo, étaient eux-mêmes un "pays de la bagnole" dans les années 1970, avant que la population ne déclenche une révolution du vélo spectaculaire. Comme quoi la révolution de la pédale relève avant tout d’une volonté citoyenne et politique.
Avec un humour redoutable, Stein van Oosteren nous explique pourquoi il faut rendre le pays du Tour de France cyclable : parce que c’est bon pour la santé, le moral, l’autonomie des enfants, la vie de quartier, la planète… Il démonte les multiples freins à la pratique du vélo, qu’ils soient politiques ou bien souvent situés "entre nos deux oreilles". Car pour cet auteur rompu aux débats avec les élu.e.s municipaux,il est temps de se poser les bonnes questions à propos du transport. Par exemple, non pas combien de voitures peuvent circuler sur une rue, mais plutôt combien de personnes ? Une piste cyclable faisant passer sept fois plus de personnes qu’une voie pour les voitures, le calcul est vite fait !

Pour croire au changement, il faut le vivre. À défaut de pouvoir vous emmener aux Pays-Bas, Stein van Oosteren vous propose de revisiter l’espace public avec son regard de Néerlandais. De ce voyage, vous reviendrez heureux et étonné, comme vous revenez d’un séjour au royaume du vélo: pourquoi pas le vélo, en effet ? ». 

02/10/2021

Manuel Cervera-Marzal , Le Populisme de gauche. Sociologie de la France insoumise, La Découverte, coll. «Sciences humaines», 2 sept. 2021, 392 pages, 22 €. ISBN : 9782348054921


Présentation de l'éditeur. «Le 23 avril 2017, Jean-Luc Mélenchon rassemblait 19,58 % des voix lors du scrutin présidentiel, réalisant le meilleur score d’un candidat situé à la gauche du PS depuis 1969. À quoi tient cette réussite ? Comment expliquer la chute électorale qu’a ensuite connue son mouvement ? La France insoumise peut-elle rebondir en 2022 ? Manuel Cervera-Marzal s’est immergé trois ans durant au sein de ce parti et en aborde ici toutes les facettes (genèse, programme, stratégie, discours, idéologie, fonctionnement interne, base militante, direction et électorat).

Au fil de l’enquête, on comprend que, loin de constituer une exception, la France insoumise s’inscrit dans une dynamique internationale qui, après la crise de 2008, a vu émerger le populisme de gauche. À l’instar de Bernie Sanders, Jeremy Corbyn, Pablo Iglesias ou Alexis Tsipras, Jean-Luc Mélenchon a redéfini les règles du jeu politique, obligeant la gauche à se défaire de ses vieux réflexes. L’objectif : mettre un terme aux politiques néolibérales. Les moyens : délaisser les symboles traditionnels du mouvement ouvrier (le rouge, l’Internationale, etc.), réinvestir des thèmes traditionnellement accaparés par la droite (l’ordre, la nation, la souveraineté), se doter d’un leader charismatique, insuffler plus d’affects en politique et prendre appui sur les mobilisations sociales.
À partir de données empiriques d’une grande richesse, Manuel Cervera-Marzal propose ainsi une définition innovante du populisme de gauche et des clés de compréhension des enjeux politiques contemporains».

01/10/2021

Patrice Leconte (sc.), Jérôme Tonnerre (sc.), Alexandre Coutelis (ill., coul.), Deux Passantes dans la nuit, tome 2, « Anna », éd. Bamboo, coll. « Grand Angle », 1sup>er sept. 2021, 64 p. 16,90 €. ISBN 978-2-81897-548-0


Présentation de l'éditeur. « La longue nuit de deux jeunes femmes que tout oppose dans le Paris désert de l’Occupation.


Arlette sort de prison, heureuse d’être libre dans Paris occupé. Anna, magicienne, est flanquée à la porte du cabaret dans lequel elle se sentait à l’abri. Les chemins de ces deux femmes se croisent, le hasard sachant si bien organiser les rencontres inattendues. Autant Arlette est insouciante et légère, autant Anna semble se méfier de tout, comme si elle était traquée. Elles sillonneront en une nuit Paris, la Ville Lumière sans lumières, à la recherche de ce qui pourra leur sauver la vie, deviendront amies par la force des choses, ne pourront éviter les contrôles d’identité, les silhouettes sombres, les menaces diverses, les désillusions, toutes ces choses qui obligent à fuir, encore et toujours, jusqu’au lever du jour ». 


29/09/2021

Hervé Mazurel, L’Inconscient ou l’oubli de l’histoire. Profondeurs, métamorphoses et révolutions de la vie affective, La Découverte, coll. « SH / Écritures de l'Histoire », 2 sept. 2021, 592 p. ISBN : 9782707197085. 25 €


Présentation de l'éditeur. «Et si l’inconscient lui-même n’échappait pas à l’histoire ? En le situant au-delà du social, au-delà de l’histoire, Freud a laissé la psychanalyse prisonnière d’un postulat encombrant. Il a fait comme si la structure de la personnalité qu’il observait chez ses patients viennois à la fin du XIXe siècle touchait à l’homme éternel et non aux représentants d’une époque, d’une culture, d’un univers social particuliers.

Nourri d’histoire des sensibilités, de sociologie psychologique et d’anthropologie critique, ce livre voudrait montrer en quoi notre vie psychique profonde est tout imprimée d’histoire. Pour s’en convaincre, il n’est qu’à scruter, sur la longue durée, les lentes transformations du refoulement pulsionnel et du contrôle des émotions. Elles sont étroitement corrélées aux révolutions silencieuses de nos mœurs, aux altérations souterraines de notre vie affective, aux déplacements discrets des désirs et des interdits, des seuils de pudeur et des frontières de l’intime. De là il faut conclure à l’existence de troubles d’époque et de névroses de classe. Et puis songer aussi au perpétuel renouvellement des fantasmes à partir desquels se meuvent les êtres intérieurs, aux variations du symbolisme des rêves, calquées sur les évolutions de l’imaginaire social et non sur des archétypes universels, ou encore aux mutations sourdes des complexes psycho-affectifs (dont l’Œdipe) au gré des métamorphoses de la famille, de la parenté et des rapports de genre.

Cet ouvrage invite ainsi la psychanalyse et toutes les sciences psychologiques à considérer qu’il a sans doute fallu des siècles d’histoire pour façonner les inconscients qui sont les nôtres. Une chose paraît d’ailleurs certaine : à trop séparer la psyché du social-historique, nous avons longtemps ignoré jusqu’à quel point notre vie affective et psychique demeure, dans ses strates les plus enfouies et obscures, pétrie de social et d’histoire».


Jean-Yves Le Naour (sc.), Iñaki Holgado et Marko (ill.), Aretha Battistutta (coul.), <i>Le réseau Comète. La ligne d'évasion des pilotes alliés</i>, Bamboo, coll. « Grand Angle », 56 p., 31 mai 2023. ISBN 978 2 8189 9395 8

Présentation de l'éditeur . « Des centaines de résistants de « l’armée des ombres », discrets, silencieux, un « ordre de la nuit » fait...