26/08/2020

Patrice Leconte et Jérôme Tonnerre, Alexandre Coutelis, Deux Passantes dans la nuit. Tome 1, « Arlette »,


Présentation de l’éditeur. « La longue nuit de deux femmes en fuite dans le Paris désert de l’Occupation.

Après des années de détention, Arlette recouvre la liberté dans un Paris occupé par les nazis. Et elle entend bien rattraper le temps perdu. Anna, elle, cherche à sauver sa peau. Magicienne et israélite, elle a fui un danger qui l’a rattrapée. La ville occupée est une cage dont elle doit s’échapper au plus vite.

Elles sillonneront en une nuit ce Paris obscurci. L’inquiétante étrangeté de l’Occupation, avec ses contrôles d’identité, ses fonctionnaires tatillons, ses sombres ombres et ses connaissances qu’on ne connaît pas si bien que ça et à qui il ne faut pas faire confiance… ».



Philippe Collin, Sébastien Goethals, La Patrie des frères Werner

Philippe Collin (sc.), Sébastien Goethals (sc. et ill.), La Patrie des frères Werner, Futuropolis, 26 août 2020, 152 p., 23 €

 

Présentation de l’éditeur. « Mai 1945. Dans les ruines de Berlin, deux orphelins juifs assistent apeurés à la victoire soviétique. Réfugiés à Leipzig, Konrad et Andreas Werner deviennent citoyens est-allemands. C’est la marche de l’histoire.
Juin 1956. Les deux frères ont rejoint les rangs de la Stasi pour échapper au camp de rééducation. Ils seront les fils de l’Est.
Juin 1974. Lors de la 10e coupe du monde de football, un match historique va opposer la RFA et la RDA.

C’est le match de la guerre froide. Le retentissement est mondial. Pour faire gagner la RDA, Erich Honecker décide d’impliquer les meilleurs agents de la Stasi. Il faut prouver la supériorité du régime socialiste sur le monde capitaliste. Konrad Werner est infiltré depuis des mois dans l’équipe de la RFA. Andreas Werner fait partie de la délégation de RDA. Voilà douze ans qu’ils ne se sont pas vus.
Le choc des deux blocs va ébranler leurs convictions ».

21/08/2020

Sylvaine Bulle, Irréductibles. Enquête sur des milieux de vie. De Bure à Notre-Dame-des-Landes, UGA Éditions, collection « Écotopiques », janvier 2020, 370 p., 25 €. EAN : ISBN : 978-2-37747-161-4

Présentation de l’éditeur. « D’où viennent les ZAD (zones à défendre) ? Qu’est-ce que l’« autonomie politique » comme régime d’action ?

En donnant à lire l’autonomie politique dans son contexte actuel puis s’appuyant sur une enquête menée en grande partie sur la ZAD Notre-Dame-Des-Landes, cet ouvrage analyse des occupations territoriales associant stratégie défensive et déploiement de formes de vie totales. Se plaçant en dehors du système marchand et capitaliste, l’autonomie politique défend jusque dans ses alliances les plus récentes avec l’écologie, l’idée que des formes politiques et sociales émergentes sont irréductibles et doivent résister à toute tentative de formalisation (notamment par la sociologie) ou d’institutionnalisation. L’étude menée par Sylvaine Bulle restitue l’épaisseur d’un monde, celui des ZAD, qui par sa nouveauté et sa radicale différence, échappe au regard de la sociologie classique et en questionne la posture.

L’enquête permet d’identifier la diversité au sein des groupes autonomes et affinitaires, mais également les fondements normatifs, économiques d’un projet incarné spatialement et dont les grammaires sont structurées autour de principes : la non domination, la solidarité ainsi que le refus de toute extériorité renvoyant à l’État.

Sylvaine Bulle tente une incursion dans ce que certains ont appelé la "zone du dehors", auprès d’acteurs qui bousculent l’ordre social jusqu’à la démarche sociologique même ».

 
Sylvaine Bulle est sociologue, et c’est en sociologue qu’elle nous donne à voir ce qu’est une ZAD (zone à défendre), en prenant les exemples de Bure (Meuse) et de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Beaucoup a été dit sur ces lieux et les personnes qui y vivent. Beaucoup, et surtout n’importe quoi, résultat logique d’observations trop brèves, trop distantes, emplies de préjugés, d’un travail bâclé. Or, prétendre décrire ce milieu humain et son territoire demande du temps, exige d’établir des liens de confiance. Sylvaine Bulle ne cache d’ailleurs pas les préventions éprouvées par les zadistes à l’égard de l’extérieur, pour vraisemblablement les avoir vécues elle-même. Elle appuie son enquête sur un appareil documentaire très diversifié, qui prend en compte différentes disciplines (philosophie, etc.) mais aussi des documents de natures diverses. On a ainsi des périodiques édités par les groupes zadistes (ou ceux qui en sont proches), des extraits de sites Internet, etc. On pourra éventuellement qu’il n’y ait guère le contrepoint d’un regard étranger : celui des pouvoirs publics, etc. Mais ce n’est pas l’objet de cette enquête, et si on voulait le connaître, la matière ne manque sûrement pas. À vrai dire, la majorité des points de vue disponibles ou colportés par les médias ne font qu’en rendre compte. On les a donc en tête.

Disons tout de suite qu’on ne va pas chercher à synthétiser un travail très exigeant : la tâche serait vaine, et on espère seulement ne pas en déformer le propos. Car le présent ouvrage n’a rien d’un livre de vulgarisation : il s’appuie sur un vocabulaire qui demande d’être bien maîtrisé, et sur une syntaxe qui réclame la relecture de certains passages pour limiter les contresens. Il s’adresse donc à un public averti, ou qui ne rechignera pas à des efforts pour accéder au propos de l’auteur. Cela fait, on pourra découvrir un monde qui ne se laisse pas appréhender facilement.

Car on a une société alternative se construit, avec des contradictions, des expériences qui n’aboutissent pas forcément aux résultats escomptés : un projet humain de cette nature repose sur la valorisation de la différence, la confrontation de différentes options, une certaine conflictualité. C’est d’ailleurs l’un des points que cherche à développer la recherche de l’autonomie la plus large. Sylvaine Bulle montre que si les expériences se développent parfois avec une certaine lenteur, les zadistes se rassemblent autour du rejet de l’autorité (ce qui n’exclue pas l’émergence de personnalités fortes, avec lesquelles il faut composer), principalement de l’État et du système capitaliste. L’existence même d’une ZAD, telles que celles de Bure et de Notre-Dame-des-Landes, est un moyen de poser en contrepoint de l’État : elle cherche à prouver qu’il est possible de s’organiser autrement que sous une autorité, en prenant en compte les aspirations d’êtres sensibles, capables de réfléchir, de définir leurs besoins et d’y répondre. C’est d’ailleurs ce que le confinement a démontré, au moins pendant un temps, avec la découverte qu’il était possible de s’organiser soi-même, d’établir des solidarités : à la verticalité, dont l’impuissance est subitement devenue flagrante, se sont substituées des horizontalités, qui pouvaient alors apporter une meilleure sécurité, une meilleure protection. Mieux encore, les ZAD dévoilent la véritable nature de l’État. En réagissant par la brutalité, c’est sa nature policière, inquisitoriale qui apparaît. En défendant des projets économiques qui ne répondent pas à des besoins humains exprimés, à un mieux-être pour la population, il démontre qu’il prend le parti du capitalisme au détriment des citoyens, quitte à favoriser des projets complètement absurdes. Mais l’existence des ZAD est précisément un moyen de mettre l’État à distance, en proposant d’autres principes d’organisation, notamment dans la prise de décision, d’autres règles collectives de fonctionnement, mais librement adoptées et aisément modifiables : celles que l’on se donne véritablement à soi-même, qui valent pour le présent, pour le groupe tel qu’il se compose à un moment donné.

Pour autant, les ZAD s’érigent-elles en modèles ? Sylvaine Bulle montre qu’il n’en est rien. Une ZAD naît d’un contexte précis, sur un territoire et avec des personnes particuliers : aucune ne ressemble à une autre, même si l’on peut retrouver des points communs, notamment sur les principes que l’on vient d’évoquer rapidement. Dans chacune se développent des expériences spécifiques, qui peuvent ensuite être diffusées, reprises, adaptées. Dans une même ZAD, étendue comme celle de Notre-Dame-des-Landes par exemple, on peut repérer des groupes relativement autonomes qui conduisent un projet qui dépend des besoins et des compétences des personnes qui les composent. C’est aussi le résultat d’un regroupement par affinités, dont le but est surtout de proposer une autre logique au système dominant. Sylvaine Bulle montre d’ailleurs que les zadistes ont la conscience de vivre sur un territoire « libéré ».

Les ZAD sont-elles des mondes à part ? Probablement. Mais cela ne signifie pas qu’elles sont vivent en autarcie complète, repliées sur elles-mêmes. Ce faisant, c’est probablement cette difficulté de ne pas pouvoir considérer les ZAD comme un tout homogène, cette extrême diversité très mouvante du fait de la progression des expérimentations, des rapports entre les personnes qui les composent, qui gênent la compréhension de quelqu’un qui voudrait en rendre compte de l’extérieur. Elles ne sont pas réductibles à une point de vue univoque.

Enfin, le contexte de la pandémie, qui n’est évidemment pas évoqué dans l’ouvrage, montre la pertinence des expériences zadistes. De petits groupes, hétérogènes, polyvalents, favorisant les solidarités, les échanges, sont aussi mieux à même d’apporter l’attention nécessaires aux proches et aux plus fragiles.

19/08/2020

Harry Mulisch (sc.), Milan Hulsing (ill., couleurs), L’Attentat , La Boîte à bulles, 19 août 2020, 176 pages, 22 €, 176 pages. EAN 9782849533116


Présentation de l’éditeur. « Un soir de janvier 1945 à Haarlem, alors que les Pays-Bas sont encore occupés, Anton Steenwijk, douze ans, voit sa vie s’effondrer. Fake Ploeg, un collaborateur nazi tristement célèbre pour sa cruauté est abattu dans la rue par des résistants hollandais. Le corps est retrouvé devant la porte de la maison familiale des Steenwijk. En représailles les Allemands brûlent la maison et assassinent les parents et le frère aîné. Des années plus tard, Anton devenu médecin offre l’image d’une tranquille réussite. Et pourtant, dans l’apparente quiétude de sa vie, des rencontres fortuites, des moments de crise font revivre le drame… jusqu’à ce qu’Anton apprenne finalement ce qui s’est réellement passé cette nuit-là, en 1945 — et pourquoi ».

 

24/06/2020

Marie Donzelli (sc.), Mademoiselle Caroline (ill., coul.), Adoleschiante, Delcourt, 24 juin 2020, 264 p., 27,95 €


Présentation de l’éditeur. « Chronique d’une famille soumise au dictat d’une adolescente standard, Adoleschiante doit beaucoup au quotidien de sa scénariste. Son regard lucide et bienveillant a trouvé en Mademoiselle Caroline l’interprète idéale.

Pour Laura, à qui l’adolescence a transmis le virus de la révolte, rien n’est vraiment plus supportable et elle le fait savoir à toute personne prête à l’écouter. C’est-à-dire sa mère, objet principal de sa contestation. Si proche et pourtant tellement différente comment imaginer qu’elle puisse la comprendre… ce serait comme croire au Père Noël. Alors que c’est elle, le Père Noël ! ».

18/06/2020

Cédric Taling, Comme une bête [ou comment je suis devenu végétarien]

Cédric Taling, Comme une bête [ou comment je suis devenu végétarien], Rue de l’Échiquier, 18 juin 2020, 127 p., 14,90 €. EAN 9782374252254

 

 Présentation de l’éditeur. « Acteur quadra de la région parisienne, Richard entretient une relation filiale avec sa filleule Camille, 13 ans. Quand il découvre, lors d’un barbecue, qu’elle a décidé de devenir végétarienne, cela déclenche chez lui une profonde remise en question. En tant qu’adulte, il est ébranlé par les choix radicaux et cohérents de l’adolescente, d’autant plus que Camille est très au fait des enjeux climatiques liés à nos pratiques alimentaires et au sujet de la maltraitance des animaux. Au fil des pages, Richard va peu à peu s’intéresser et s’éveiller à l’antispécisme, au végétarisme et au vivant en général. En discutant avec Camille, son véritable guide, il sent poindre en lui le désir de devenir végétarien à son tour. Mais parviendra-t-il à changer son mode de vie et à se défaire de ses automatismes ?

Auteur de Thoreau et moi (Rue de l’échiquier, 2019), adaptation en bande dessinée de la pensée du philosophe Henry David Thoreau, Cédric Taling explore ici la question de l’alimentation, avec l’originalité et l’humour qui lui sont propres.

Dans Comme une bête (ou comment je suis devenu végétarien), il fait la chronique des grandes étapes du passage à une alimentation végétarienne, en décrivant les relations passionnantes qu’ont d’autres cultures non européennes au monde animal et en rendant accessibles les toutes dernières découvertes scientifiques sur le règne végétal. Cette bande dessinée montre également comment l’alimentation, et plus généralement les enjeux écologiques, peuvent être le terrain de confrontations entre deux générations qui ne partagent pas la même vision du monde ».

17/06/2020

Théo Grosjean (sc., ill., coul.), L’Homme le plus flippé du monde, T1, « Petites terreurs du quotidien » Delcourt, coll. « Shampooing », 17 juin 2020, 128 p., 17,50 €. EAN : 9782413024095


 
Présentation de l’éditeur. « Agoraphobie, astrophobie, glossophobie, ochlophobie, scopophobie, thanatophopbie... Vous connaissez ? L’homme le plus flippé, lui, il sait, il a déjà tout testé.

L’homme le plus flippé du monde, alter ego de l’auteur, tente chaque jour de survivre à son odyssée dans cet univers impitoyable qu’est la vie moderne : couloirs de métro, TGV, soirée, covoiturage... Autant de situations où tous ses sens fébriles sont mis à mal. Survivra-t-il à cette aventure impitoyable, ou finira-t-il prostré chez lui à s’empiffrer de séries, vaincu par le monde réel et ses dangers ? ».



L’Homme le plus flippé du monde se présente comme une biographie de Théo Grosjean. Sur la troisième de couverture, il est indiqué qu’ « il n’a connu aucune guerre et sa courte vie [il est né en 1995] n’a été le théâtre d’une drame majeur, ce qui n’est pas très pratique pour écrire une biographie ». Il est aussi précisé que Théo Grosjean a mis en scène « son existence sous les signes du malaise et de l’anxiété » pour en faire une série autobiographique qu’il a d’abord publiée sur Instagram.
Le style de l’auteur est assez original. Il repose sur une gamme de couleurs très restreinte et un dessin qui ne s’encombre guère de détails, même si certaines vignettes sont chargées à dessein. Il rappellera également celui qu’a développé Riad Sattouf, sans que le trait de Théo Grosjean soit une réplique exacte.
L’intérêt de la bande dessinée tient aux situations incongrues dans lesquelles l’auteur se trouve plongé. Qu’elles soient imaginaires ou réelles importe assez peu : c’est le ressort comique qui retient l’attention, mais aussi, finalement, l’identification que le lecteur ne manquera pas d’établir parfois avec le personnage principal : le sentiment d’être observé en permanence, l’angoisse d’être en groupe sans y avoir sa place, d’être en décalage, etc.
Cependant, on perçoit les limites du genre. Si ces chroniques autobiographiques avaient un intérêt en étant publiées au fur et à mesure, la lecture continue que propose le format éditorial d’un album tourne trop vite à un sentiment de répétition. Il y a là un problème de conception que l’on regrette, car il vient ternir les qualités de cette bande dessinée.

Jean-Yves Le Naour (sc.), Iñaki Holgado et Marko (ill.), Aretha Battistutta (coul.), <i>Le réseau Comète. La ligne d'évasion des pilotes alliés</i>, Bamboo, coll. « Grand Angle », 56 p., 31 mai 2023. ISBN 978 2 8189 9395 8

Présentation de l'éditeur . « Des centaines de résistants de « l’armée des ombres », discrets, silencieux, un « ordre de la nuit » fait...