Car la prospérité de l’Europe soviétique tient uniquement au travail exténuant des Zeks sur la Lune, prisonniers de droits communs et surtout politiques qui partent régulièrement des bases de lancement du Sahara pour un voyage sans retour… Mais cette situation pourrait changer… ».
Delcourt poursuit notre voyage en dystopie. Comme la couverture l’annonce, la Lune sert désormais de lieu de relégation pour les dissidents d’une Europe sous emprise soviétique. La situation des zeks est simple : ils sont livrés à eux-mêmes, et plus particulièrement aux bandes rivales qui s’affrontent. La tension et la violence sont bien rendues par les auteurs. Les gardiens ? Il n’y en a pas, ou à proximité dans un module qui est un passage obligé pour venir ou retourner sur Terre. Un couple (pas encore constitué au début de l’album, mais les premières pages ne laissent guère de place à l’équivoque) va perturber cet univers carcéral ; on le sent, en tout cas : les deux volumes à paraître devraient nous rassurer sur ce point. Il s’agit de Babette Goss, une journaliste dissidente qui a été condamnée à cinq années de relégation ; Félix Ardan a eu plus de chance, puisqu’il ne fera que deux ans, pour colportage et contrebande de musique décadente (les Beatles) et de blue jeans.
Cela m’a remis en mémoire le tout premier volume de la série paru en 2010 : « Les Russes sur la Lune » (qui vient d’être réédité le 24 avril dernier). Les auteurs nous avaient placé au 19 septembre 1969, et on avait assisté à la conquête de la Lune par les Soviétiques, avant les Américains. Le président avait demandé à la NASA s’établir une base permanente, ce qui, en pleine guerre froide, pouvait constituer un nouveau point de friction. Dix ans plus tard, une issue intéressante fut trouvée. Il est intéressant de relire ce volume, plus optimiste que le premier. En tout cas, l’établissement d’un camp du Goulag n’y était pas prévisible. Mais la dystopie permet ces dérives, toujours intéressantes.
On note la différence dans l’illustration. Je n’ai pas été très convaincu par le dessin de Jean-Michel Ponzio, qui s’approche de la photographie, avec une sorte de dissonance entre les expressions des personnages avec les paroles.
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