Le con est endémique, on n’arrive pas à s’en débarrasser, comme le chiendent, c’est à désespérer.
L’histoire
que vous allez lire prouve pourtant qu’avec un zeste de bonne volonté,
une dose de lucidité et un plan d’action solide, on peut s’attaquer au
problème à la racine. L’élimination systématique des cons n’est
cependant pas une entreprise ordinaire. Ça n’a rien d’un hobby innocent,
c’est un job à plein temps. Mieux : un combat.
Mort aux cons raconte le parcours de Ben, ce combattant qui a un jour décidé de franchir le pas… ».
« Les cons, ça ose tout ; c'est même à ça qu'on les reconnaît » : la formule que place Michel Audiard dans la bouche de Fernand Naudin (Georges Lautner, Les Tontons flingueurs, 1963) aurait pu servir de titre (quoi que trop long) à la bande de ssinée de Corbeyran et Saint-Georges (et probablement aussi au roman de Carl Aderhold, si je l'avais lu). Car c'est bien la destinée cachée du protagoniste principal, Ben, passablement désœuvré, qui se dessine dans sa quête du con : on est toujours le con de quelqu'un d'autres…
C'est le hasard qui détermine le héros dans son action. Avachi devant un talk-show télévisé, il en vient à jeter par-dessus son balcon le chat de sa voisine qui vient de le griffer sans raison. Le lendemain matin, le voisinage bruie au pied de l'immeuble où l'animal a été retrouvé. Mais ce que constate Ben, c'est que les individus sont sortis de leur torpeur habituel : la mort du chat provoque un élan de compassion qui rassemble les gens. La connerie serait-elle vaincue par la sociabilité ? Ben poursuit l'expérience en tuant d'autres animaux de compagnie, qui ne révèle finalement pas concluante. Il s'attaque alors directement aux personnes, sans la moindre émotion : il s'agit de lutter contre la connerie. L'hécatombe est engagée, mais, peu à peu, l'ampleur de la tâche pousse Ben à mieux cerner le sujet : qu'est-ce qu'un con ? Il sera aidé dans son essai de définition par un commissaire de police (qui ressemble étrangement au commandant Roger van der Weyden, joué par Bernard Pruvost dans la série P'tit Quinquin, de Bruno Dumont, 2014), venu d'abord enquêter sur les assassinats qui se multiplient.
En lisant les premières pages, on se prend à se demander comment les auteurs vont tenir pendant plus de cent pages. Tout le monde s'est posé la question de savoir ce qu'est un con, et a une petite idée de la chose, mais il n'y a pas de quoi en faire une thèse. Mais l'argument est soutenu par des relances qui permettent au lecteur de se laisser prendre au jeu, et peut-être même de se glisser subrepticement dans la peau d'un Ben cynique à souhait, histoire de se défouler aussi. Mais il suffit de prendre l'histoire au second degré pour en profiter, qui rappelle d'autres situations : Le Couperet, de Donald Westlake ; C’est arrivé près de chez vous, de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde, etc.
Le dessin d'Alexis Saint-Georges aide au plaisir de la lecture de l'album. Les teintes sont assez sombres, comme il sied à une histoire de ce genre, limitées à quelques nuances de brun. Les dialogues sont restreints à l'essentiel, alors que l’adaptation d'un ouvrage peut toujours laisser craindre le contraire.
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