08/01/2020

Philippe Pelaez (sc.), Victor Lorenzo Pinel (ill., coul.), Puisqu'il faut des hommes. Joseph, éd. Bamboo, coll. « Grand Angle », 8 janvier 2020, 64 pages, 15,90 €. EAN 9782818969076

 

Présentation de l'éditeur. « Parfois, il est des secrets qu’il vaut mieux taire.

1961 - Joseph revient d’Algérie. Pour les habitants du village, il n'est qu'un planqué qui officiait dans un bureau plutôt que sur les zones de combat, un lâche qui a esquivé les durs travaux de la ferme. Personne ne lui pardonne d’avoir abandonné sa famille, alors que son frère est cloué sur une chaise roulante, victime d’un accident de tracteur pendant son absence. D’enfant du pays, Joseph revient en paria. Heureusement, l'honneur du village est sauf : le fils du cafetier, lui, s'est battu en Algérie. Mais quand il revient à son tour de la guerre et révèle aux habitants le secret de Joseph, l'invraisemblable vérité éclate au grand jour ».

03/01/2020

Jean-Patrick Lebel, Cité de la Muette

Jean-Patrick Lebel, Cité de la Muette, Ciné-Archives - Périphérie, deux DVD et un livret, 4 h 30, 2020

 

Présentation de l’éditeur. « Réalisé par Jean-Patrick Lebel, Cité de la Muette est le premier documentaire consacré au camp de Drancy, principal centre d’internement des juifs français et étrangers avant leur extermination en Europe de l’Est durant la Seconde Guerre mondiale. Le film ausculte les lieux de l’internement, exhume des archives et, surtout, donne la parole à des témoins encore jeunes, dont beaucoup livrent leur expérience pour la première fois devant une caméra.

Ces entretiens, captés entre 1982 et 1983 par Dominique Chapuis (chef-opérateur de Shoah de Claude Lanzmann), constituent un précieux matériau pour l’histoire de la déportation et de la résistance. Parmi ceux-ci, celui de Paulette Sarcey, résistante au sein d’un groupe de jeunes communistes de la M.O.I. (Main d’œuvre immigrée), est exceptionnel, par son parcours militant, la précision de ses souvenirs et son sens du récit ».

 

24/12/2019

Gérard Noiriel, Le Venin dans la plume. Édouard Drumont, Éric Zemmour et la part sombre de la République

Gérard Noiriel, Le Venin dans la plume. Édouard Drumont, Éric Zemmour et la part sombre de la République, La Découverte, coll. « L'envers des faits », 12 sept. 2019, 252 p., 19 €. ISBN : 9782348045721
 

Présentation de l’éditeur. « La place qu’occupe Éric Zemmour dans le champ médiatique et dans l’espace public français suscite l’inquiétude et la consternation de bon nombre de citoyens. Comment un pamphlétaire qui alimente constamment des polémiques par ses propos racistes, sexistes, homophobes, condamné à plusieurs reprises par la justice, a-t-il pu acquérir une telle audience ?
Pour comprendre ce phénomène, ce livre replace le cas Zemmour dans une perspective historique qui prend comme point de départ les années 1880, période où se mettent en place les institutions démocratiques qui nous gouvernent encore aujourd’hui. Ce faisant, il met en regard le parcours d’Éric Zemmour et celui d’Édouard Drumont, le chef de file du camp antisémite à la fin du XIXe siècle. Car les deux hommes ont chacun à leur époque su exploiter un contexte favorable à leur combat idéologique. Issus des milieux populaires et avides de revanche sociale, tous deux ont acquis leur notoriété pendant des périodes de crise économique et sociale, marquées par un fort désenchantement à l’égard du système parlementaire.
Dans ce saisissant portrait croisé, Gérard Noiriel analyse les trajectoires et les écrits de ces deux polémistes, en s’intéressant aux cibles qu’ils privilégient (étrangers, femmes, intellectuels de gauche, etc.) et en insistant sur les formes différentes que ces discours ont prises au cours du temps (car la législation interdit aujourd’hui de proférer des insultes aussi violentes que celles de Drumont). L’historien met ainsi en lumière une matrice du discours réactionnaire, et propose quelques pistes pour alimenter la réflexion de ceux qui cherchent aujourd’hui à combattre efficacement cette démagogie populiste ».

 

22/11/2019

Cédric Taling, Thoreau et moi

Cédric Taling, Thoreau et moi, Rue de l'Échiquier, coll. « BD », 11 avril 2019, 128 p., 17,90 euro. EAN : 9782374251523


Présentation de l’éditeur. « Élégant et subtil, Thoreau et moi est une brillante quête intérieure née de nos angoisses environnementales, très librement inspirée du maître-livre de Henry David Thoreau, Walden.

 

Nourri de lectures sur les risques écologiques et l’urgence d’une descente énergétique radicale, Cédric, artiste peintre quadragénaire parisien, est traversé par de profondes angoisses existentielles. Cette sensibilité particulière le met mystérieusement en contact avec l’esprit de Henry David Thoreau (1817-1862), figure fondatrice de la philosophie décroissante. Celui-ci apparaît régulièrement à Cédric, tel un Jiminy Cricket d’aujourd’hui, empruntant au fil de leurs rencontres diverses formes animales et végétales plus ou moins abouties – une sorte d’incarnation animiste de leur empathie commune pour la nature. Ils poursuivent ainsi une conversation philosophique intermittente qui leur permet de constater qu’à deux siècles d’écart, les problématiques issues de l’exacerbation du capitalisme et du consumérisme demeurent inchangées. Malgré les avancées scientifiques et technologiques, les humains persistent à succomber aux mêmes folies plutôt que de rechercher les plaisirs simples.

Temporairement séduit par les thèses des collapsologues puis des survivalistes, Cédric finit par trouver un terrain à la campagne, près d’un lac, pour y construire une maison hobbit autosuffisante.

Très librement inspirée de Walden, ou la vie dans les bois, le chef-d’œuvre de Henry David Thoreau, cette bande dessinée retrace la prise de conscience écologique d’un homme d’aujourd’hui et pose la question universelle du changement de vie : face aux impasses de notre modèle social, comment mener une existence qui a du sens ? ».

 

Étienne Davodeau, Joub, Christophe Hermenier, Les Couloirs aériens

Étienne Davodeau (sc. et ill.), Joub (sc. et coul.), Christophe Hermenier (sc. et photo.), Les Couloirs aériens, Futuropolis, 23 oct. 2019, 112 p., 19 €


Présentation de l’éditeur. « Cette année, Yvan a eu 50 ans. Plus jeune, il s’est souvent demandé ce qu’il serait à cet âge-là. Eh bien voilà, il y est.
Cette année, il a perdu son boulot, sa mère, son père. Sa femme, Florence, bosse beaucoup, prend souvent l’avion et vit dans les décalages horaires. « Il y a de la distance et de l’attachement », dit Yvan. Et les enfants ont quitté le nid, normal. Alors, forcément, Yvan est un peu paumé.
Il a quitté l’appartement parisien, et s’est réfugié dans le Jura, chez ses amis Thierry et Sandra. Avec ses fringues, ses bouquins, et autres objets divers. Toute une vie, ou presque, dans quelques cartons.
Dans la neige, sous le ciel froid et bleu, Yvan marche, respire, semble revivre ».

 

 

 

Arnaud Floc'h, Emmett Till. Derniers jours d’une courte vie, et Mojo Hand

Arnaud Floc'h, Emmett Till. Derniers jours d’une courte vie, et Mojo Hand, éd. Sarbacane (co-éd. Amnesty International pour le premier titre), 21 août 2019, 88 p. et 112 p. 19,50 €. EAN: 9782377312955 et 9782377312023

Présentation de l’éditeur. Emmett Till. Derniers jours d’une courte vie. « Un livre salutaire et nécessaire. Pour ne jamais oublier. En partenariat avec l’association Amnesty International.

De nos jours, un homme blanc, jeune journaliste, questionne un vieux musicien noir. En fait il s’intéresse assez peu au blues : il voudrait savoir quels ont été – 60 ans plus tôt – les liens du musicien (alors âgé de treize ans), avec Emmett Till. Et le bluesman, non sans émotion, accepte de parler, et de remonter le temps…

Quand Emmett Till, jeune adolescent noir de quatorze ans venu de Chicago passer ses vacances chez Moïse son grand-oncle, descend le 24 août 1955 du train en gare de Money dans le Mississippi, il ne sait pas encore qu’il va vivre les cinq derniers jours de sa courte vie.
Il aura eu la malchance de pénétrer dans une épicerie réservée aux Blancs et de se comporter de « manière provocante » vis-à-vis de Carolyn, épouse de l’épicier, Roy Bryant.

Mis au courant de « l’affront », Roy, accompagné de son demi-frère Milan, part dans une chasse à l’homme qui finira tragiquement. Après avoir kidnappé Emmett, ils le tortureront avant de le jeter dans l’eau de la rivière. Ils seront plus tard acquittés et se vanteront de leur « exploit » dans la presse ».

 

Présentation de l’éditeur. Mojo Hand. « La face sombre de l’Amérique. Louisiane, 1926, comté de St James. Quand Wilson Dardonne ramène à la maison un bébé blanc abandonné dans le bayou, il ne sait pas encore que celui-ci va devenir le frère de cœur de Cletus, son unique fils, aveugle et petit génie du blues en devenir.

Mais quelle idée de recueillir un enfant blanc dans un Sud follement ségrégationniste quand on est soi-même descendant d’esclave ?

C’est ce que ne cesse de lui répéter sa femme, Delilah : « Et tu crois qu’il va s’passer quoi si on trouve c’petit cul blanc chez des nègres, hein ? »… ».

 

 

Hyacinthus, Les Cosmogoniales. Un chant de Silène, Rue de l'Échiquier, 5 sept. 2019, 192 p., 24,90 euros. ISBN : 978-2-37425-153-0


 Présentation de l’éditeur. « Avec ce premier album d’une puissance graphique exceptionnelle, Hyacinthus signe une histoire hors du commun : l’aventure de la création de l’univers, nourrie d’un choix de textes antiques grecs et latins ».

 

Un premier album, indique l’annonce de l’éditeur ? Avec un tel niveau de maîtrise et créativité graphique, on en doute fortement ; est-ce d'ailleurs une « bande dessinée » ?… Et pourtant, c’est bien le cas, même si l’appellation « bande dessinée » n’est pas l’expression qu’on utiliserait spontanément pour qualité ce travail. Hyacinthus a une formation d’artiste graveur et de dessinateur, notamment aux Arts décoratifs, et cela se voit dans chacune des illustrations. On y retrouve tout ce qui fait le charme d’un Gustave Doré et de tous ceux qui ont participé aux ouvrages de Jules, pour ne prendre que ces deux exemples : un travail extrêmement soigné, minutieux, à l’encre noire1 . La couverture n’est pas forcément le meilleur exemple qui nous soit donné (la lecture achevée, on devient difficile…). Il faut ajouter à l’aspect graphique la qualité de la typographie, tout en ligatures pour les caractères latins (en garamond), qui ne fait pas l’impasse sur le grec ancien. Pour ce dernier, on a droit à une typographie adaptée de poinçons originaux conservés au musée Plantin-Moretus à Anvers2 . Cela montre assez le souci de la bonne ouvrage qui anime Hyacinthus3 .

Tout cela ne serait rien s’il ne servait un propos intéressant. Là encore, c’est le cas. Hyacinthus nous fait assister à la création de l’univers : rien que cela… Il s’appuie sur des extraits d’œuvres d’auteurs antiques (Lucrèce, Ovide, Sophole, Virgile…), traduits, qu’il met en regard de ce que nous savons aujourd’hui de la formation de notre monde : « comment la Terre, le Soleil et la Lune, l’éther commun, le lait du ciel étoilé, l’Olympe le plus reculé et les astres brûlants  ont commencé à se former », pour reprendre la formule de Parménide d’Élée4 placée en quatrième de couverture. Il serait bien difficile de restituer davantage le propos : Les Cosmogoniales se regarde, se lit, mais il est surtout conçu comme un véhicule destiné à embarquer le lecteur dans un rêve éveillé.

Le résultat est à la mesure des éloges qui viennent d’être fait. Hyacinthus nous offre ainsi non seulement un bel objet qu’on a plaisir à compulser, mais une œuvre très poétique ne serait-ce que par le choix des extraits qu’il a retenus. On a hâte de le retrouver pour un deuxième album, car on est ici aux prémisses d’un travail remarquable et original qui met cet auteur à la hauteur d’un Marc-Antoine Mathieu.


Notes

  • 1.Rue de l’Échiquier propose d’ailleurs une très belle sérigraphie sur un papier bleu de Chine.
  • 2.Il s’agit bien évidemment des descendants de l’imprimeur Christophe Plantin, français installé à Anvers dans les années 1540.
  • 3.Il ne manquerait plus d’apprendre que la composition du texte a été réalisée avec LaTeX…
  • 4.Parménide d’ÉléeDe la Nature, XI.

Jean-Yves Le Naour (sc.), Iñaki Holgado et Marko (ill.), Aretha Battistutta (coul.), <i>Le réseau Comète. La ligne d'évasion des pilotes alliés</i>, Bamboo, coll. « Grand Angle », 56 p., 31 mai 2023. ISBN 978 2 8189 9395 8

Présentation de l'éditeur . « Des centaines de résistants de « l’armée des ombres », discrets, silencieux, un « ordre de la nuit » fait...