Présentation de l'éditeur. « Après le succès du premier tome, Julien Hervieux (aka L'Odieux Connard) et monsieur le chien continuent de rendre hommage aux faits et héros oubliés des deux Guerres mondiales.
Saviez-vous qu'en 1940, un char français se retrouva seul
face à treize chars allemands dans le petit village de Stonne et
l'emporta ? Que le plus grand tireur d'élite de l'histoire était un
petit Finlandais qui n'utilisait même pas de lunette ? Que Mata Hari, si
elle savait danser, savait beaucoup moins bien espionner ? Et
saviez-vous aussi que c'est une charge de cavalerie qui précipita
l'armistice de 1918 ? Et...
Actes de bravoure et anecdotes drôles, mais toujours improbables, le Petit Théâtre des Opérations est de retour.
Le premier tome regroupait des histoires longues et des textes
documentés sur divers faits de guerre. Ce second volume reprend la même
formule tout en ajoutant des anecdotes sur l'origine des snipers, la
création du café Liégeois ou encore ces chiens qui servirent d'arme
antichar dans l'armée Soviétique.
Et si vous vous posiez la question, oui, tout est vrai ! ».
Le premier tome du Petit Théâtre des opérations avait paru il y a un an exactement (voir sa présentation sur le site de l'éditeur). On en avait beaucoup apprécié le choix des situations historiques, présentées sous leur aspect burlesque de façon à en souligner l'absurdité. Bien entendu, malgré ce que dit l'éditeur, tout n'est pas forcément à prendre au pied de la lettre. Si les personnages principaux et le contexte dans lequel ils se sont révélés ont réellement existé, les auteurs ont laissé libre cours (et de quelle façon…) à leur interprétation des faits, ce qui n'est pas plus mal. Le Petit Théâtre des opérations n'est donc pas un livre d'Histoire, mais un livre d'histoires : l'accent mis sur l'anecdotique laisse volontiers dans l'ombre des phénomènes plus amples. Avec cette fresque épique, le but des auteurs n'est pas l'érudition (quoi que…), mais de prendre des situations on ne peut plus sérieuses — les deux guerres mondiales — par le petit bout de la lorgnette et de nous faire rire.
À signaler une nouveauté par rapport au premier tome : les auteurs ont inséré une page d'anecdotes entre chaque histoire, intitulée « Vous allez tout savoir… grâce à l'Odieux Connard ». On connaîtra l'origine du café liégeois ; on saura qu'il faillit exister des chiens antichar, qui était Mariya Oktyabrskaya, etc.
Des histoires véridiques ? Prenons celle de Jules Beaulieux (p. 34 et suiv.). Né le 7 novembre 1913 à Anzin (Nord), il était manœuvre au service traction du dépôt SNCF de Valenciennes. Il est mobilisé le 25 août 1939 dans la première compagnie du premier bataillon du 54e régiment d'infanterie de forteresse (et non au 168e régiment d'infanterie, où il fit son service militaire : les auteurs se sont laissés abuser par la photographie qu'ils ont reproduite). Son régiment est installé à cinq kilomètres d'Anzin, dans le secteur fortifié de l’Escaut, et engagé
dans la bataille du Nord à partir du 17 mai 1940. Jules Beaulieux est affecté à la tourelle n° 507, modèle 1937, destinée à protéger une mitrailleuse Hotchkiss de 8 mm (modèle 1914) dont le canon est protégé par un manchon métallique épais qui lui donne l'aspect d'un canon, et ses servants. Pas de liaison par téléphone. L'élément de fortification se situait au Pont-du-Sarteau, au sud du canal séparant Condé-sur-l'Escaut et Fresnes-sur-Escaut. Le 20 mai (date en concurrence avec celle du 24, inscrite sur la stèle commémorative inaugurée en 1953), des éléments de deux régiments allemands se présentent au nord du canal : le Pz.Jg.Abt. 670 (Panzerjäger-Abteilungen : groupe de chasseurs de chars) et le PI Btl 269 (Pionier-Bataillon : bataillon de pionniers). Sous la pression des canons anti-char, Jules Beaulieux renvoie bientôt les deux autres servants (l'un d'entre eux, blessé, aurait été évacué à Lille, où il meurt), et continue à interdire le passage du canal dont le pont du Sarteau a été démoli par le génie, mais pas le pont du Jard. Quatre coups tirés sur la tourelle en vinrent à bout. Comme l'album l'indique, Jules Beaulieux fut d'abord inhumé à proximité de sa tourelle par les Allemands, avant d'être rendu à sa famille et transféré au cimetière communal d'Anzin, le 1er juin 1940. Il obtint la médaille militaire et la croix de guerre à titre posthume ; une rue d'Anzin porte son nom. Où l'on voit qu'entre les faits et la traduction qu'en ont fait les auteurs, il n'y a pas beaucoup de marge : ils sont globalement respectés. Toutefois, la résistance des autres combattants dans le secteur est presque passée sous silence, ce qui est dommage. Mais on a au moins de quoi susciter la curiosité et l'envie d'aller plus loin : l'appétence pour l'Histoire se construit aussi de cette manière, incarnée dans des personnages.
Maintenant, le problème… Je me suis fait voler l'album par mes deux plus jeunes fils, dès son arrivée. Mon conseil : ne jamais faire une erreur pareille. Le plus petit (onze ans) n'arrête pas de le lire et de relire, celui-là et le premier tome (tant qu'on y est…). Bref, difficile de remettre la main sur la BD. J'ai voulu savoir ce qui l'intéressait (oui : parce qu'il continue à passer ses soirées dessus…). « Alors, euh…, des histoires variées, le ton décalé, drôle. J'ai bien aimé l'histoire de Simo Häyhä, d'Albert Jacka et de Jules Beaulieux ; bon, toute la BD, quoi… Les bonus avec les pages de précisions historiques. Euh… Bref, c'est pas mal… J'attends avec impatience le tome 3 ».
On ne saurait mieux dire…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de me faire part de vos remarques…