Le nouveau monde n’a pas complètement effacé l’ancien. Au fond, ces histoires sont prétextes à mettre en scène la vie ordinaire des gens. De ceux qu’on croise dans la rue, au bistrot ou que l’on côtoie en vacances… ».
« Ancien monde », « nouveau monde » : voilà qui rappelle les formules telles que « monde d'avant », « monde d'après », qui, paraît-il, ne devait rien à voir l'un avec l'autre… Mais ce n'est absolument pas le propos de Jean C. Denis. Comme l'indique le propos liminaire rappelé ci-dessus, cet ancien monde est celui qui subsiste dans les dessins qu'il a réalisés entre 1988 et 2007 — selon l'avant-propos — dans Charlie, Pilote, Métal Hurlant, (À SUIVRE), etc.
On a ici une série discontinue de scènes — dont les références sont expliquées en fin de volume —, qui m'ont rappelé ce que j'avais découvert il y a quelques décennies dans les Tranches de vie, de Gérard Lauzier, dans les rayons de la bibliothèque d'une résidence universitaire de Reims. La perception et le style des deux artistes ne sont pourtant guère comparables. Avec Jean-Claude Denis, les dessins sont plus apaisés, moins féroces. Paradoxalement, l'absurdité des situations ressort d'autant mieux, par le contraste établi. Pour autant, Jean C. Denis s'est amusé avec certaines situations qu'il a rendues très brièvement en une page : celle du bronzage intégrale, par exemple (p. 17), sur les plages du Nord (« Mer du Nord », pour L'Express, 2003). Il explore aussi l'humour noir : « Oiseau de malheur » (p. 87). D'autres sont plus cyniques, sans en avoir l'air : « Méditerranée » (p. 85). Jean C. Denis s'aventure aussi dans la science fiction (« Miss Bug 99 ») en imaginant ce que serait 2033 pour un numéro spécial de L'Écho des savanes, en 1999.
En réalité, toutes ces façons de faire sont mêlées les unes aux autres pour composer un ensemble assez subtil et très intéressant par sa variété. Ce recueil est une bonne façon de rendre hommage au travail de Jean C. Denis, très discret dans le monde de la bande dessinée et néanmoins Grand Prix de la ville d'Angoulême en 2012.
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