Christian Proust, Guide pratique pour oser s’impliquer dans la vie politique locale. La démocratie vous appartient !, Rue de l'Échiquier, 7 mars 2019, 240 p., 19 euros. ISBN : 978 237 425 1547
« La
politique, ce n’est pas pour moi, c’est trop compliqué, et ça ne sert à
rien ! ». Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette phrase ? De
plus en plus rétifs aux appareils politiques, trop sclérosés et
conformistes, les Français n’en demeurent pas moins passionnés par la
chose publique, et restent très attachés à des idées comme la
transparence, la démocratie participative et le non-cumul. Mais trop
souvent, il leur manque les clés pour se lancer eux-mêmes et faire la
politique.
Ce
guide pratique relève un défi : lutter contre la lassitude des
citoyens et leur donner envie de se présenter à des élections locales
pour passer à l’action. Il aide à décrypter, par des explications
simples et concrètes, le jargon d’un conseil municipal ou de
l’administration, à décoder le fonctionnement de la vie politique locale
et le « qui fait quoi » et à connaître les démarches nécessaires (et
les obstacles).
Dans
la deuxième partie, l’auteur met en lumière cinq initiatives communales
innovantes et efficaces qui redonnent une crédibilité à l’action
politique locale.
Cette nouvelle édition a été mise à jour et enrichie par Christian Proust dans la perspective des élections municipales de 2020 ».
L’an dernier, un compte rendu avait été fait de la première édition de l’ouvrage de Christian Proust. On en avait souligné l’intérêt et la qualité des informations délivrées, qui doivent beaucoup au parcours professionnel de leur auteur. Christian Proust a en effet longtemps travaillé au sein de la fonction publique territoriale, notamment dans des mairies. Il s’est aussi présenté à des élections municipales. L’autre intérêt de son livre est d’être écrit de façon claire : Christian Proust donne ainsi les clés de compréhension nécessaires pour comprendre un budget municipal. Son souci de vulgariser ce qui peut paraître rébarbatif le met ainsi à la portée du plus grand nombre. Des sources complémentaires permettront d’aller plus loin (sous forme de cartes, de graphiques, etc.), et on peut ainsi éplucher les finances de sa propre commune. Un oubli, toutefois : le site de l’administration fiscale propose des données remontant à l’année 2000. Et d’une façon générale, on se reportera au site du ministère de l’économie pour avoir une vue d’ensemble des principales sources sur le sujet.
Si les qualités de la première édition se retrouvent dans la seconde, on reste un peu sur sa faim. En effet, l’actualisation reste partielle. Il y a bien quelques passages rectifiés, mais on peut regretter d’avoir des données. Au hasard, prenons les pages 80 et 81. Y est présenté un tableau synthétiques du nombre des communes rassemblées par classes de population ; mais la base est assez ancienne puisqu’elle remonte à 2013. Les témoignages sur des situations locales présentées en fin de volume (p. 162 à 217) restent fort intéressantes. Mais elles sont les mêmes que dans la première édition, et, d’autre part, il aurait été judicieux de retourner vers les interlocuteurs pour connaître leur évolution. Pour la commune de Saillans, dans la Drôme (p. 165 et suiv.), l’entretien avec l’un des conseillers municipaux, élu sur la liste participative qui l’avait emportée en mars 2014, remonte à septembre 2016. Nous n’avons donc un témoignage qui ne permet de mesurer que les deux premières années de fonctionnement de l’expérience saillansonne. Or, on peut savoir, si on se documente par ailleurs, qu’un phénomène de lassitude a suivi l’enthousiasme du départ : les commissions auxquelles pouvaient participer les citoyens non élus ont vu leurs effectifs baisser progressivement, ce qui a limité l’effet participatif. Quelles réponses a-t-on imaginées ? Ont-elles été concluantes ?
Bref, ce guide reste tout à fait pertinent aujourd’hui : on ne soulignera pas assez. Pour reprendre le sous-titre tout à fait pertinent, il est vrai que « la démocratie nous appartient ». En soulignant les limites (et les absurdités, si on prend l’exemple du bureau municipal, dont l’activité échappe complètement au regard des citoyens et du reste des conseillers) du système représentatif, il permettra de lever bien des inhibitions qui pourraient contraindre les uns et les autres à ne pas s’engager autrement que par un bulletin électoral, c’est-à-dire une fois tous les six ans, en étant dépourvu de tout moyen de pression sur les élus. Il existe d’ailleurs des possibilités de contrôler leur activité, et on regrette encore une fois que l’ouvrage ne les aborde que fort peu.
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