En 2012, Cyril Dion prend connaissance d’une étude, menée par vingt-deux scientifiques de différents pays, annonçant la disparition possible d’une partie de l’humanité d’ici à 2100. Cette nouvelle fait à peine l’objet d’un traitement de seconde zone dans les médias. Considérant qu’amplifier le concert des catastrophes ne fonctionne pas, il décide de partir, avec l’actrice-réalisatrice Mélanie Laurent et une petite équipe, découvrir à quoi notre monde pourrait ressembler si nous mettions bout à bout certaines des meilleures solutions que nous connaissons déjà dans l’agriculture, l’énergie, l’économie, l’éducation et la démocratie.
Villes produisant elles-mêmes leur nourriture et leur énergie, systèmes zéro déchet, entrepreneurs et municipalité créant leur propre monnaie pour empêcher la spéculation et l’accaparement des richesses, peuples réécrivant eux-mêmes leur Constitution, systèmes éducatifs pionniers, ils découvrent partout des femmes et des hommes qui changent le monde.
En reliant ces initiatives, ils mettent au jour une nouvelle philosophie, une communauté de pensée entre tous ces acteurs qui ne se connaissent pas. Un nouveau projet de société… ».
Par son format temporel (118′), le film ne pouvait évidemment que
ramasser les informations que contient le livre en plus grand nombre.
Les entretiens qu’a eus Cyril Dion avec ses interlocuteurs sont plus
développés, et on peut ainsi entrer davantage dans les détails. On a
également quelques références bibliographiques, dont on peut regretter
qu’elles ne soient pas plus nombreuses et rassemblées en fin de volume :
Demain aurait alors alors pu constituer une sorte de manuel à
l’usage de ceux qui voudraient découvrir les alternatives mises en œuvre un peu partout dans le monde et voudraient approfondir leur
réflexion sur le sujet. Mais on a déjà de quoi faire : il ne s’agissait
pas non plus d’établir une thèse définitive. Quoi qu’il en soit, avoir
le livre entre les mains permet de pouvoir prendre le temps de réfléchir
au propos de l’auteur3,
qui se place résolument à l’opposé des alarmistes. Sans perdre de vue
les risques importants que court la planète et l’humanité (entre autres
espèces vivantes), le pari est de montrer qu’il est possible d’agir, à
quelque échelle que ce soit, et quel que soit le niveau de revenu :
«partout dans le monde, des solutions existent». Entre les moyens
utilisés à San Francisco pour recycler les rejets (considérés en réalité
comme des ressources potentielles) et l’indigence de ceux qui sont
mobilisés à Kuthambakkam par son ancien maire, Elango Rangaswamy, il y a
tout un monde. Place est faite aux initiatives de quelques personnes,
comme Pamela Warhurst et Mary Clear qui sont à l’origine en 2008 du
mouvement « Incredible Edible »4,
qui s’appuie aujourd’hui plus de 700 groupes dans le monde. C’est la
même chose avec Robert Hopkins, formé à la permaculture, et qui a
contribué à lancé le mouvement des villes en transition, il y a une
dizaine d’années, qui sont aujourd’hui plus de 1 200 dans 47 pays
différents.
Les interlocuteurs et les initiatives retenues ne sont qu’une poignée
parmi tous ceux qui n’acceptent la fatalité, mais tous inspirent un
certain enthousiasme. Le style assez descriptif contribue à le faire
passer ; même si on peut être agacé par les états d’âme de l’auteur,
cela contribue à rendre le livre plaisant à lire. Mais c’est aussi un
moyen de suivre l’évolution de sa pensée, à l’image du néophyte qu’il
feint d’être, qui découvrirait les solutions d’un « monde en marche ».
Notes
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